• Voici 3 planches de storyboard dessinées par Jordi Valbuena, une artiste Storyboard ayant travaillé sur plusieurs séries jeunesse françaises comme par exemple Sally Bollywood, Le Petit Prince, Les Nouvelles Aventures de Peter Pan, Les Légendaires, Sonic Boom ou encore Pop Secret. La première planche présente une scène du début de l'épisode "Stage d'Été" où Tara discute avec Robin de son voyage à Bora-Bora auquel sa grand-mère Isabella refuse de la laisser aller...

    NB: Les planches originales présentaient le storyboard à l'horizontale. Je vous les ai édités en format vertical afin que vous puissiez mieux voir les images. Et comme mon éditeur de blog refusait d'enregistrer des images trop grandes, j'ai été obligé de couper les planches 2 et 3 en deux! ;)


    Les planches suivantes proviennent de l'épisode "Les Quatre Parchemins". La première scène se déroule devant les portes du Pavillon des Arts de Rosemond: on y voit Tara tenter d'arrêter la Vampyr Serena avec un Miniaturus qui se retourne malheureusement contre elle. Heureusement, la naine Fafnir arrive à la rescousse...

    La dernière planche montre une autre scène de combat qui se déroule après dans le même épisode: Fafnir combat les hordes de Vampyrs qui surgissent du portail créé par Serena tandis que cette dernière affronte Isabella Duncan...

    Source: jordivalbuena.blogspot.com


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  • On pourrait accuser la chaîne américaine de Disney Channel de publicité mensongère car l'avant-première du "court-métrage" nommé "The Planning of the Royal Wedding" (Les Préparatifs du Mariage Royal) est... vraiment très court! En fait, il s'agit d'une simple websérie constituée de 3 épisodes d'à peine 2 minutes chacun montrant Mal et Evie s'occuper des préparatifs du mariage entre Ben et Mal.

    Aucun autre webisode n'est prévu et je pense qu'il ne faut pas s'attendre à voir un jour le mariage tant attendu de Mal et Ben. Et comme j'imagine que la chaîne française de Disney Channel ne s'embêtera même pas à doubler ces vidéos en français, j'ai ajouté moi-même des sous-titres en français pour que vous puissiez regarder ces webisodes. Bon visionnage!

     

    Webisode 1 : Ma Demoiselle d'Honneur
    Mal demande à Evie d'être sa demoiselle d'honneur à son mariage!

    Webisode 2 :  Le Parfait Gâteau de Mariage
    Mal et Evie goûtent les gâteaux de mariage pour le grand jour!

    Webisode 3 : Une Robe Digne d'une Reine
    Evie fabrique la parfaite robe de mariage pour Mal!

    Vidéos de Disney Descendants sur YouTube
    Traduction de l'anglais par luc-elementix


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  • Suite à la diffusion des webisodes de la série "Disney Descendants - The Planning of the Royal Wedding", le compte officiel Instagram de Disney Descendants a partager des concept arts des tenues de Mal et Evie qui ont servit pour la série ainsi que pour les poupées faites par Hasbro.

     

    On commence par la tenue de demoiselle d'honneur d'Evie!

    Elle porte une robe longue bleue nuit qui rappelle un peu sa robe du second film (dont on retrouve l'artwork sur la boîte de la poupée!). Sur le concept art, le ruban de sa ceinture est en bleu mais il est finalement devenu rouge par la suite. Elle porte des bottines rouges décorées de strass ou de clous dorés qui sont devenues des spartiates à talon dorées dans la série, tandis que la poupée porte tout simplement la paire de chaussures que portait la poupée Evie Coronation du premier film en doré.

    Mon avis: Je l'adore! Si je devais m'offrir une des poupées de cette collection, ce serait sans aucun doute Evie! Mon seul regret, c'est qu'Hasbro ne lui ait pas fait la petite tiare qu'elle a sur le concept art et dans la websérie.. (Sachant qu'ils lui en avait déjà fait une pour les 2 premiers film et les poupées de la websérie Wicked World, ils auraient pu le faire!)

     

    On passe à la tenue de réception de Mal, et là je vais râler. 

    Sur le concept art, on peut découvrir qu'elle porte une robe blanche qui finit en lambeaux avec du tulle violet en dessous. Elle porte un collier violet avec ce qui semble être des plumes bleues. Elle porte une mitaine violette à la main droite ainsi que les bottines du troisième film (Recyclage!) qui seront remplacées par celles du premier film pour la version poupée.

    Ah, ça aurait été bien si Hasbro avait fait juste la robe blanche, quitte à faire le collier en imprimé. Mais non, on lui a rajouté sa veste violette du premier film par dessus. Ses chaussures du troisième film ont été remplacées par celles du premier. Et le comble en plus, c'est que sur la poupée la veste et la robe blanche sont cousu ensemble. On ne peut même pas les séparer!

    Mais mon vrai problème, c'est qu'en voyant la poupée je me suis dis "Mal va sûrement avoir un problème lors du mariage avec sa robe", ce qui expliquerait pourquoi la poupée portait sa veste par dessus une robe déchirée. Non! En fait, c'est bien sa tenue de réception dessinée par Evie! Evie qui, je vous le rappelle, est celle qui est censée avoir créé toutes les magnifiques robes de bal de Mal qu'on a vu dans les films. Lorsqu'on les compare à cette tenue de réception, c'est limite comme si Evie avait refilé un vieux jogging à son amie pour son "grand jour"!

     

    Pour finir sur une note joyeuse, on va parler de la robe de mariée de Mal qui est sublime! Franchement, le résultat est déjà plus que ce que je pouvais attendre d'Hasbro pour les dernières poupées de la franchise! Et de toute manière, si la robe de Mal est un minimum travaillé, le pauvre Ben en poupée n'échappe malheureusement pas à la tenue entièrement imprimée!

    Source: Disney Descendants sur Instagram
    Captures d'écran des webisodes par luc-elementix


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  • World of Reading (Level 2) Disney Descendants 3: Stronger Together  -
    (Monde de Lecture (Niveau 2) Disney Descendants 3: Plus Forts Ensemble)

    Explorez le Monde de la Lecture! World of Reading offre aux lecteurs débutants des livres qui les inspirent et les excitent, mettant en vedette des personnages qu'ils aiment. Chaque livre est conçu pour aider les lecteurs à naviguer dans le monde de la lecture au bon rythme.

    Mal et ses amis amènent un nouveau groupe d'enfants de méchants à Auradon, mais bientôt une force obscure menace de tout détruire! Mal et ses amis sont prêts à amener de nouveaux enfants de méchants à l'école d'Auradon. Cependant, une force obscure est libérée, et Mal et les autres enfants de méchants doivent vaincre le mal afin de sauver à la fois Auradon et l'Île.

    Le niveau 2 de World of Reading comprend une banque de mots de vocabulaire présentés dans l'histoire.
    Le livre de 32 pages présente des photographies du Disney Channel Original Movie à succès.

    Sortie aux USA le 29 Septembre 2020 par Disney Press au prix de 4$99
    Aucune sortie prévue pour la France


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  • L'École des Secrets: La Chasse au Trésor de Carlos

    Carlos est le fils de Cruella D'Enfer. Il est attentionné. Il est doux. Il est gentil. Mais quand Carlos rejoint Evie et Jane pour la Chasse au Trésor de l'école d'Auradon, il décide que c'est sa chance de prouver qu'il est plus que Mr. Gentil Garçon... qu'il fera tout ce qu'il faut pour mener son équipe à la victoire... même si cela signifie utiliser sa nouvelle découverte magique pour gagner le prix convoité.

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    CHAPITRE 1 : Relâché

     

     L'adolescent n'avait jamais quitté l'île auparavant. Personne ayant grandi sur l'Île de l'Oubli n'est jamais parti. C'était sa maison et sa prison. Mais plus maintenant. 

     Pour la première fois de sa vie, il traversait la mer. Il franchissait la barrière qui séparait l'Île des grands États-Unis d'Auradon. Il partait.

     Et il n'avait jamais été aussi excité.

     Plus de vol. Plus besoin de se forcer à avaler la bouillie des gobelins pour le petit-déjeuner. Plus sa mère pour lui dire quoi faire. L'adolescent n'avait jamais été un très bon méchant - une chose que sa mère ne manquait jamais de lui rappeler. C'est pourquoi il était si pressé de partir, de prendre un nouveau départ et de voir à quel point il pouvait briller dans un nouvel endroit.

     Un endroit comme l'école d'Auradon.

     L'adolescent rangea le dernier de ses vêtements et effets personnels dans son sac de voyage, remonta la fermeture éclair et lui donna une petite tape. Il était plus que prêt.

     "Tu n'oublies pas quelque chose?" l'informa la voix sinistre et stridente de sa mère. L'adolescent sursauta en l'entendant et se retourna. Il était toujours nerveux avec sa mère. Elle avait cet effet sur les gens, en particulier lui.

     L'adolescent ouvrit son sac, étudiant le contenu. "Non. Je ne pense pas."

     Sa mère avait son sourire effrayant et sinistre. C'était un sourire qui pouvait faire trembler même les chiens les plus redoutables dans leurs fourrures. "Tu oublies ceci."

     Elle fouilla dans la manche de son manteau de fourrure et en sortit un petit bracelet rouge. Du moins, cela ressemblait à un bracelet. Mais en y regardant de plus près, l'adolescent remarqua qu'il y avait une boucle avec une plaque en argent en forme d'os qui y pendait. On aurait dit...

     "C'est un collier de chien?" demanda l'adolescent, reculant instinctivement. Il avait peur des chiens depuis qu'il était petit.

     "Ce n'est pas juste un collier de chien, mon garçon," répondit sa mère d'une voix soyeuse. "C'est un collier de chien magique."

     L'adolescent fronça les sourcils, confus. La magie n'existait pas sur l'Île de l'Oubli. Et il n'avait jamais su que sa mère utilisait la magie, même à ses heures de gloire en tant que méchante. "Qu'est ce qu'il fait?"

     "Celui qui porte le collier donne les ordres," répondit-elle avec un ricanement malicieux. "Tel un maître avec un chien bien dressé, le porteur du collier peut amener les gens à lui obéir."

     "Lui obéir?" répéta l'adolescent avec un doute évident dans sa voix. "Vraiment?"

     "Est-ce que tu traites ta mère de menteuse?" dit-elle sèchement, jetant ses bras en l'air. L'adolescent se recroquevilla. Il était habitué aux accès de colère de sa mère, mais cela le terrifiait toujours.

     "N-non," bégaya-t-il.

     Sa mère souffla et fourra le collier dans sa main. "Mets-le dans ton sac. Il fonctionnera à Auradon."

     "Mais pourquoi j'en aurais besoin?" demanda l'adolescent, toujours incertain de la raison pour laquelle on lui offrait le prétendu cadeau magique.

     Sa mère éclata de rire. Ce rire maniaque était sa signature - celui qui a fait vibrer les dents du garçon. "Oh, stupide, stupide garçon," dit-elle. "Tu en aura besoin parce que tu es faible. Tu n'es pas un meneur. Tu es un disciple. Et si jamais tu veux faire plus que ce que tu dis, tu vas avoir besoin d'aide. De beaucoup d'aide."

     Puis elle fit à nouveau son rire maléfique et grinçant, et sortit en trombe de la pièce.

     L'adolescent fixa le collier rouge, toujours dans sa main. La petite plaque en forme d'os heurta légèrement ses doigts. Il serra le cuir souple de la sangle tandis que la colère pulsait à travers lui. Sa mère n'avait jamais beaucoup pensé à lui. Elle n'avait jamais eu confiance en lui - c'est pourquoi il avait toujours dû trouver confiance en lui.

     En jetant le collier dans son sac de voyage et en refermant le sac, il pensa, Je lui prouverai qu'elle a tort. Je lui montrerai que je suis un leader. J'ai juste vécu sur la mauvaise île.

     

     

     

    CHAPITRE 2 : Gentil Garçon

     Salut. Je suis Carlos, le fils de Cruella D'Enfer. Mais ne t'inquiète pas. Je ne ressemble en rien à ma mère. J'adore les chiens. Et pas pour en faire des manteaux de fourrure. Il m'a fallu un peu de temps pour surmonter ma peur d'eux, mais maintenant que c'est fait, l'un de mes meilleurs amis est un chien. Son nom est Camarade. Nous nous sommes rencontrés peu de temps après mon déménagement à l'école d'Auradon.

     

     C'est l'une des nombreuses choses dans ma vie qui s'est améliorée depuis que j'ai quitté l'Île. Disons que je n'étais pas tout à fait fait pour la vie sur l'Île de l'Oubli. Cela ne m'a jamais réussi comme pour Mal, Jay et même Evie. Je n'ai jamais été très doué pour être méchant. J'ai découverts que je suis en fait beaucoup mieux en étant gentil. Il s'avère qu'être gentil n'est pas si mal. Cela m'a permit de me faire beaucoup plus d'amis que j'en ai jamais eu sur l'Île. Des amis comme Jane, la fille de la Marraine Bonne Fée, qui se trouve être l'une des personnes que je préfère à l'école d'Auradon. Elle est si gentille et douce et, d'accord... très jolie. Mais je m'éloigne du sujet...

     Se faire des amis n'est pas mon problème. Mon problème c'est que tout le monde ici semble penser à moi juste en tant que Carlos, le gentil enfant de méchant (ou VK*, comme on nous appelle), le gars sur lequel on peut toujours compter si on a besoin d'aide. Mais je veux être plus que ça. Je veux être un leader. Le gars qui monte le plan, pas celui qui vient en aide lorsque le plan tourne mal.

     Tous mes méchants camarades sont devenus de grands leaders depuis notre arrivée. Jay est devenu capitaine de tournoi et parvient presque toujours à mener l'équipe à la victoire. Evie a principalement créé un empire de la mode avec sa société Evie's 4 Hearts, et elle prend d'énormes décisions commerciales chaque jour. Et Mal a toujours été en quelque sorte notre chef implicite. C'est elle qui a inventé le plan pour voler la baguette de la Bonne Fée. Même si ce plan n'a jamais été mis en œuvre, les gens admirent toujours Mal.

     Et maintenant c'est mon tour.

     Je suis déterminé à être moi aussi un leader. Mais pas n'importe quel leader. Un grand leader. Un leader mémorable. Le genre de leader qui entre dans l'histoire!

     Je dois juste trouver ma place pour briller...

     *Dans la version originale, VK est l'abréviation de "Vilains Kids" qui signifie "Enfants de Méchants" en anglais.

     

     

     

    CHAPITRE 3 : Chef de Meute

     J'espère que personne ne remarque à quel point je suis nerveux. Comme ma mère dirait, je suis aussi excité qu'une puce.

     

     "C'est le projet scolaire le plus cool qu'on ai jamais eu!" déclara Jane en s'asseyant dans l'un des grands fauteuils du salon de thé du Chapelier Fou et en sortant son cahier de son sac. "Je n'arrive pas à croire qu'ils nous laissent concevoir une vraie application!"

     "C'est une idée assez amusante", approuva Ally avec son accent anglais chic. Ally était la fille d'Alice du Pays des Merveilles et sa famille possédait le salon de thé. Elle avait invité Jane, Carlos, Freddie et Audrey à prendre le thé en ce vendredi après-midi pendant qu'ils discutaient du projet de groupe qui leur avait été assigné pour le cours des Règles de Sécurité d'Internet.

     Carlos était emballé aussi par le projet, mais il était également nerveux. Le professeur avait divisé la classe en groupes de cinq et leur avait dit que chaque groupe devait non seulement concevoir une application, mais aussi choisir un chef de projet - quelqu'un qui dirigerait le reste du groupe et garderait tout le monde organisé et opérationnel. De plus, cette personne serait celle qui présenterait l'application à toute la classe la semaine prochaine.

     Carlos avait toujours voulu concevoir sa propre application. Et il savait que le projet était exactement le genre de chose qu'il recherchait. Il pourrait totalement être le chef de projet. Il devait être le chef de projet. Après tout, il était celui qui en savait le plus sur la technologie. Il avait juste besoin de trouver un moyen de convaincre le reste du groupe de le choisir.

     Ally versa à Carlos une tasse de thé et lui fit un sourire. Il lui sourit en retour, mais il se sentit forcé. Devrait-il simplement le dire tout de suite? Comme "Je pense que je devrais être chef de projet." Ou devrait-il l'amener avec quelque chose de plus subtil? Comme "Alors, qu'est-ce que le professeur a dit sur le fait de choisir un chef de projet?"

     "Quel type d'application pensez-vous qu'on devrait créer?" demanda Jane, les yeux pétillants. Carlos adorait quand les yeux de Jane scintillaient comme ça.

     "Peut-être une sorte d'application de fête du thé!" suggéra Ally. "Ça vous aiderait à planifier votre propre fête du thé."

     "Ou," dit Jane, "pourquoi pas une application qui organise tout ton emploi du temps scolaire?"

     "Hmmm," fit Audrey, n'aimant manifestement aucune de ces idées. "Je pense que nous devrions créer une application de relooking de princesse. Vous téléchargez une photo de vous et l'application vous transforme en princesse!"

     "Non," déclara immédiatement Freddie.

     "Et pourquoi pas?" demanda Audrey en croisant ses bras sur sa poitrine.

     "Parce que tout le monde ne veut pas être une princesse," répliqua Freddie.

     "Eh bien, qu'est-ce que toi tu suggères?" demanda Audrey. "Une application qui transforme les gens en grenouilles?"

     Freddie hocha la tête, aimant clairement cette idée. "Pas mal."

     "Je plaisantais!" dit Audrey d'un ton grognon. "Nous ne fabriquerons pas une application qui transforme les gens en grenouilles!"

     "Et qu'est-ce qui ne va pas avec les grenouilles?" demanda Freddie sur la défensive.

     Vous voyez? pensa Carlos. C'est exactement pourquoi j'ai besoin d'être chef de projet. Elles se disputent déjà sur le type d'application à créer.

     "Nous devrions voter," déclara Jane diplomatiquement, et Carlos se frappa mentalement pour ne pas avoir pensé à ça en premier. C'était une excellente idée - le genre d'idée qu'un bon leader aurait eu.

     "Bonne idée, Jane," déclara Audrey. "Ceux qui sont pour mon application de princesse?"

     Audrey fut la seule à lever la main.

     "Ceux qui sont pour mon application de fête du thé?" demanda Ally et elle leva la main. Elle était également la seule.

     "Ceux qui sont pour mon application d'emploi du temps scolaire?" déclara Jane, mais il devenait évident que tout le monde votait pour sa propre idée.

     "Ça ne fonctionne pas," se plaignit Audrey.

     Carlos commença à faire rebondir sa jambe anxieusement. Il devait parler. Il devait signaler qu'ils devaient choisir un chef de projet avant de décider de ce que l'application devrait être.

     "Carlos, tu es en train de renverser ton thé," protesta Ally.

     Carlos cligna des yeux et regarda la tasse de thé sur la table basse en face de lui. Les rebondissement de son genou avaient agité la tasse, et maintenant le thé coulait partout dans la soucoupe. "Désolé," marmonna-t-il.

     "Qu'est-ce que tu en penses toi, Carlos?" demanda Jane en lui adressant un sourire chaleureux qui fit retourner l'estomac de Carlos.

     "Hum," dit Carlos, sachant que c'était l'occasion. C'était maintenant ou jamais. Il devait tenter sa chance. "Je pense qu'avant de décider quelle application créer, nous devons décider qui est le chef de projet."

     Ally sourit. "Oh, oui! Brillante idée, Carlos! Bien joué. Bien sûr!"

     Carlos se sentait incroyablement fier de lui. Il agissait déjà comme un chef de projet. Prendre le contrôle de la situation. Mettre l'équipe sur la bonne voie. Il savait qu'il pouvait mener les gens. Il le savait.

     "Et je pense..." commença Carlos, prêt à se présenter pour le rôle, quand soudain Audrey l'interrompit.

     "Jane! Tu devrais vraiment être le chef de projet," déclara Audrey.

     "Oh, oui," ajouta immédiatement Ally. "Je suis absolument d'accord."

     "Tant que ce n'est pas moi," dit Freddie.

     "Vraiment?" dit Jane, semblant incertaine. "Vous voulez que ce soit moi le chef de projet?"

     "Bien sûr," dit Audrey. "C'est toi qui as eu ce stage incroyable avec Carina Samovar l'été dernier."

     Carlos sentit une vague de déception. C'est vrai. L'été dernier, Jane avait fait un stage avec Carina Samovar, la fille de Madame Samovar et l'organisatrice de fêtes la plus célèbre d'Auradon. Cela faisait définitivement de Jane une bonne candidate pour le poste de chef de projet, mais Carlos voulait toujours l'être.

     "Oui," dit Jane, "mais cela ne m'a pas vraiment donné d'expérience avec les applications."

     "Peu importe," dit Audrey. "Quiconque fait un stage avec la toute-puissante Carina Samovar doit faire un excellent travail sous pression."

     "Ouais, elle n'embauche que les meilleurs," acquiesça Ally.

     Jane baissa les yeux sur ses genoux, l'air mal à l'aise, comme si elle voulait désespérément changer de sujet. "Je n'en suis pas sûre. Est-ce qu'il y aurait quelqu'un d'autre qui voudrait le faire?"

     "En fait," dit Carlos, "je pensais que peut-être que je pourrais le faire."

     Les quatre filles le fixèrent comme s'il parlait une autre langue. Puis Audrey secoua résolument la tête. "Carlos, tu ne peux pas être chef de projet. Tu dois être en charge de tout la partie technique. La programmation. Tu es le meilleur qui soit. Et nous avons besoin de ton aide."

     Voilà: c'était ce mot que Carlos commençait à détester.

     Aide.

     Il a toujours été celui qui aide. Toujours le personnel de soutien. Il voulait que quelqu'un le considère juste une fois comme un meneur, pas comme un assistant. Le commandant, pas le soldat.

     Carlos ouvrit la bouche pour parler, mais une fois de plus, Audrey l'interrompit. "Jane est le choix le plus évident pour le chef de projet. Elle est la plus organisée. Elle nous gardera sur la bonne voie."

     Et avant que quiconque - y compris Carlos ou Jane - puisse argumenter, Audrey déclara, "Ceux qui sont pour que Jane soit notre chef de projet?"

     Audrey, Freddie et Ally levèrent la main. Puis les quatre filles regardèrent Carlos, et les épaules de Carlos s'affaissèrent. Il leva lentement sa main en l'air.

     Audrey tapa dans ses mains. "Alors c'est décidé. Jane est le chef du groupe."

     

     

     

    CHAPITRE 4 : Le Plus Faible de la Portée

     Pour une fois, je voudrais être considéré par mes amis comme un leader, pas seulement le type que vous venez voir lorsque vous avez besoin d'aide pour réparer votre smartphone.

     

     Plus tard dans la journée, au dîner, Carlos pensa à ce qui s'était passé dans le salon de thé. Comment tout le monde avait immédiatement pensé à Jane au moment de choisir un chef de projet. Personne n'avait même prit sa suggestion au sérieux. Bien sûr, il était bon dans tout les trucs technologiques, et il adorait le faire, mais il pouvait aussi être bon dans le domaine du commandement!

     C'était pareil avant sur l'Île. Il avait toujours été l'acolyte, jamais le chef des méchants. Et quand il était venu à Auradon avec Evie, Mal et Jay, et qu'ils étaient chargés de voler la baguette, même là Carlos était juste celui qui aide. Il avait éteint les alarmes du Musée d’Histoire Culturelle pour qu’ils ne se fassent pas prendre. L'équipe avait besoin de lui que quand ils s'attiraient des problèmes. C'était ça le problème. Ils ne s'étaient jamais tournés vers lui pour les tirer des ennuis en premier lieu.

     Carlos se demandait ce qui faisait que les gens ne voyaient pas ses qualités de leader chez lui. On pouvait lui faire confiance pour diriger les choses. Il pourrait proposer un plan solide. Il pouvait mener une équipe à la victoire. Il avait juste besoin d'une chance.

     Carlos essaya de se joindre à la conversation au dîner. Il était assis à une table avec Mal, Evie, Jay, Lonnie, Ally, Audrey, Freddie et Jane. Ils jouaient au jeu du "Plus Susceptible De". C'était quelque chose qui avait récemment vu le jour au lycée d'Auradon et qui était devenu populaire parmi les étudiants. Normalement, Carlos aimait jouer. Mais ce jour-là, il n'arrivait pas à se concentrer. Il n'arrêtait pas de penser à ce qui s'était passé au salon de thé.

     "Le plus susceptible de posséder une boutique de cupcakes?" déclara Audrey, commençant un nouveau tour du jeu.

     "Ally," répondit immédiatement Jane. "Elle fait les meilleurs scones au monde." Tout le monde hocha la tête.

     "Le plus susceptible de faire passer un dragon de compagnie dans la chambre de son dortoir?" demanda Ally, et tout le groupe se retourna immédiatement et désigna du doigt Mal.

     "Hey! Ma mère n'est pas un animal domestique," dit Mal en plaisantant.

     Tout le monde se mit à rire.

     "Oh, j'en ai une," dit Lonnie. "Le plus susceptible de finir sur la couverture d'un magazine de mode?"

     "Evie," répondit Mal immédiatement.

     Evie pencha tendrement la tête vers Mal. "Awww, merci, ma meilleure amie."

     "Pas de quoi."

     "Hello?" dit Audrey, clairement offensée. "Et moi? Je pourrais être en couverture d'un magazine de mode! Un magazine de mode de princesse."

     "Absolument," dit Mal, affichant un faux sourire à Audrey un faux sourire. Puis elle posa rapidement une nouvelle question avant qu'Audrey ne puisse à nouveau parler. "Le plus susceptible de gagner un championnat d'échecs?"

     Jay s'esclaffa. "C'est facile. Moi."

     Mal lui lança un regard sceptique. "Pourquoi toi?"

     Jay essuya de la poussière imaginaire sur son T-shirt. "Je suis le meilleur en sport."

     "Les échecs ne sont pas un sport," souligna Evie.

     "Aucune importance," déclara Jay. "Si le mot 'champion' est dans le titre, c'est pour moi."

     "Je ne crois pas," dit Audrey. "Si quelqu'un peut gagner un championnat d’échecs, c’est Jane. Elle a le cerveau le plus analytique de nous tous."

     Jay ouvrit la bouche pour répliquer, mais Evie l'interrompit rapidement avec une autre question. "Le plus susceptible de laisser tomber son téléphone dans le Lac Enchanté?"

     "Chad!" prononça la table entière d'un coup.

     Chad Charmant leva les yeux depuis la table voisine avec curiosité. "Quoi?"

     "Rien!" cria Evie. Puis elle se pencha d'un ton conspirateur et ajouta, "Il le laisserait probablement tomber parce qu'il serait tellement occupé à regarder son propre reflet."

     Tout le monde à table éclata de rire - tout le monde sauf Carlos, en fait. Il était toujours perdu dans ses propres pensées.

     "Le plus susceptible de mener une armée au combat?" dit Mal.

     Carlos se redressa à celui-là, espérant que quelqu'un lacerait son nom. Mais ils se tournèrent tous immédiatement vers Lonnie. Évidemment, sa mère était Mulan, la grande guerrière. Elle était clairement le choix évident.

     "Le plus susceptible de devenir un acolyte?"

     "Carlos!" cria simultanément le groupe, et Carlos sentit ses épaules s'affaisser avec déception.

     "Vraiment? Parce que je me vois beaucoup plus comme le héros." Carlos essaya de cacher la douleur dans sa voix.

     Mais Jane dû l'entendre de toute façon, car elle essaya immédiatement de l'aider à se sentir mieux. "Être un acolyte n'est pas mal. Les acolytes sont souvent les personnages les plus importants dans une histoire. Les héros ne peuvent pas réussir sans eux."

     "Exactement," ajouta Audrey. "Il suffit de penser à ma mère. Elle n'aurait jamais rencontré mon père si ses amis de la forêt ne s'en étaient pas mêlés en volant la cape et les bottes de mon père."

     "Super," marmonna Carlos dans sa barbe. "Maintenant, ils me comparent à une bande de lapins et d'écureuils."

     "Quoi?" demanda Jane en penchant la tête vers Carlos.

     "Rien," marmonna-t-il.

     "Oh, j'en ai une!" dit Jay. "Le plus susceptible d..."

     Mais il n'eu jamais eu l'occasion de terminer sa question, car au même moment, la cloche la plus bruyante que Carlos ait jamais entendue commença à sonner sur tout le campus de l'école d'Auradon, et l'instant d'après, presque toutes les personnes dans la salle de banquet poussèrent simultanément des cris.

     

     

     

     CHAPITRE 5 : Réflexe de Pavlov

     Pourquoi cette cloche m'a-t-elle terrifié... et fait hurler tout le monde avec excitation?

     

     Lorsque Carlos entendit les cris, sa première réaction fut de se mettre à l'abri sous la table et de se cacher - ce qui, bien sûr, était ridicule. C'était Auradon, pas l'Île de l'Oubli. Rien de mal n'arrivait jamais ici. Mais apparemment, ses instincts de l'Île ne s'étaient pas encore dissipés.

     Carlos s'en voulut de sa réaction. Cela lui rappela ce premier jour embarrassant à l'école d'Auradon, quand il avait vu la statue devant l'école se métamorphoser d'homme en Bête et qu'il avait littéralement sauté dans les bras de Jay de peur.

     C'est peut-être la raison pour laquelle personne ici ne te voit comme un leader, pensa Carlos en sortant de sous la table et en brossant son pantalon en cuir noir et blanc. Parce que tu continues de faire des trucs comme ça.

     Mais pourquoi tout le monde criait-il encore comme si l'école était en train d'être envahie par des pirates?

     Au moment où il se leva, Carlos réalisa que ses camarades de classe ne criaient pas tous de peur ou de panique; ils hurlaient d'excitation.

     Enfin, tout le monde sauf les amis de Carlos, les enfants de méchants... Mal, Evie, Freddie et Jay. Ils se regardaient, l'air aussi confus que Carlos. Pendant ce temps, les enfants d'Auradon étaient tous hors de leur siège, sautant de haut en bas et se tapant dans les mains.

     "Qu'est-ce qu'on a raté?" demanda Evie.

     Mal haussa les épaules. "Je n'en ai aucune idée. Ils agissent comme s'ils venaient d'annoncer un bal royal ou quelque chose comme ça."

     Jay gémit. "Encore un? Est-ce que vous avez parfois l'impression que tout ce que ces gens font ici, c'est organiser des fêtes et des bals?"

     Carlos jeta un coup d'œil à Jane, qui était également quitté son siège, rebondissant sur ses pieds comme une pom-pom girl lors d'un match de tournoi. "Qu'est-ce qui se passe?" il lui demanda.

     Jane le regarda choquée, comme si elle n'arrivait pas à croire qu'il demandait ça. "C'est la Chasse au Trésor annuelle du lycée d'Auradon!" s'écria-t-elle extatique. "Personne ne sait jamais exactement quand ça se produira - ma mère aime que ce soit une surprise - mais ces cloches signifient que ça commence ce week-end!"

     Carlos se tourna vers Jay pour une explication. "La quoi?"

     Jay secoua la tête. "Je n'en ai aucune idée. Ils ont des traditions assez étranges ici."

     Carlos était sur le point de demander à Jane ce qu'était cette mystérieuse Chasse au Trésor annuelle de l'école d'Auradon quand soudainement la pièce devint très calme et tout le monde se tourna vers les portes de la salle de banquet avec impatience. Carlos se dressa sur sa chaise pour tenter de regarder par-dessus toutes les têtes, et c'est à ce moment-là qu'il vit que la Directrice Marraine la Bonne Fée venait d'entrer dans la pièce. Ses mains se tenaient majestueusement en l'air, comme si elle était sur le point de jeter un sort sur tout le monde. Et d'une certaine manière, elle l'avait déjà fait. Le bruit tapageur qui avait poussé Carlos à sauter de son siège et à se mettre à couvert s'était complètement calmé, et maintenant tout le monde la regardait attentivement, attendant qu'elle parle.

     "Cher élèves!" commença la Bonne Fée de sa voix mélodieuse habituelle. "Le moment est enfin venu. La Chasse au Trésor annuelle de l'école d'Auradon est arrivée!"

     La foule éclata de nouveau en cris de joie et en applaudissements. Jusqu'à ce que la Bonne Fée les fasse taire en levant à nouveau les mains. Carlos regarda ses camarades de classe complètement éberlué. Il ne les avait jamais vus aussi attentifs auparavant. Quelle que soit la nature de cette chasse au trésor, les gens la prenaient très au sérieux. On aurait dit que la Bonne Fée était sur le point d'annoncer le prochain roi et la prochaine reine d'Auradon.

     "Pour ceux d'entre vous qui sont nouveaux cette année," déclara la Bonne Fée avec un clin d'œil amical vers Carlos, Jay, Evie, Freddie et Mal, "laissez-moi vous expliquer. Comme toujours, l'école sera divisée en équipes de trois. Chaque équipe de la chasse au trésor se verra attribuer un capitaine - choisi par moi, bien sûr - et ce capitaine devra diriger son équipe à travers la ville d'Auradon dans une grande quête. Les affectations des équipes et les capitaines seront annoncés demain sur le tableau d'affichage de l'école. Les listes de la chasse au trésor seront distribuées par SMS peu de temps après. Chaque objet de la liste correspond à une valeur de points en fonction de son niveau de difficulté. L'équipe qui aura récolté le plus de points d'ici demain à 15 heures remportera le titre de champions de cette année!"

     Carlos ressentait déjà l'excitation le gagner. Et ce n’était pas seulement parce que l’enthousiasme dans la salle était contagieux. C'était parce que la Bonne Fée avait utilisé trois mots magiques qui avaient particulièrement piqué l'intérêt de Carlos: quête, champions et capitaine.

     "A demain matin!" déclara la Bonne Fée, puis elle sortit gracieusement de la salle. Au moment où elle disparu, les bavardages enthousiastes recommencèrent. Tout le monde parlait de la chasse.

     "N'est-ce pas excitant?" chuchota Jane à Carlos.

     Il acquiesça. "Absolument. Je n’ai jamais vu l’école aussi surexcité par quelque chose auparavant. Pas même pour un match de tournoi. Ou une fête!"

     Jane hocha sagement la tête. "La Chasse au Trésor annuelle de l'école d'Auradon est la plus grande compétition de l'année."

     Jay passa la tête entre Carlos et Jane. "Quelqu'un a-t-il dit 'compétition'?"

     Carlos roula des yeux et repoussa la tête de Jay. "Va-t'en."

     Jane continua son explication. "Tout le monde ici y participe, car les enjeux sont considérables."

     "Quels sont les enjeux?" demanda Carlos, et les yeux de Jane s'illuminèrent instantanément, comme si elle était sur le point de partager avec lui les secrets de l'univers.

     "Allons-y!" elle couina. "Je vais te montrer." Puis Jane attrapa la main de Carlos, faisant chauffer le visage de Carlos comme un four.

     Carlos laissa Jane le conduire dans une petite cour juste à côté des dortoirs. Il avait déjà vu cette cour avant. Il l'avait parcouru d'innombrables fois sur le chemin des cours, mais il ne comprenait pas pourquoi Jane l'avait amené là-bas.

     C'était juste une cour normale, avec quelques arbres, des bancs dans le parc et des tables pour les étudiants. Il ne comprenait pas en quoi cela avait quelque chose à voir avec une chasse au trésor.

     "Non seulement l'équipe gagnante de la Chasse au Trésor annuelle de l'école d'Auradon obtient un droit de vantardise épique," commença Jane. "Ils obtiennent aussi ça." Elle laissa tomber la main de Carlos et écarta largement ses bras.

     Carlos jeta un regard curieux autour de lui, un air confus sur le visage. "Une cour?" demanda-t-il.

     Jane sourit. Elle avait un sourire chaleureux et doux, tout comme sa mère. "Non, idiot. Regarde en bas."

     Carlos baissa les yeux et remarqua que la cour était pavée de centaines de pierres en forme de losange. Sur chaque pierre, trois noms étaient gravés. Carlos avait déjà remarqué les pierres et les noms, mais il n'y avait jamais tellement pensé. Il avait toujours supposé que c'étaient les noms de certaines personnes importantes pour l'école. Il n'avait même jamais pris la peine de lire les noms très attentivement.

     Il se pencha pour étudier la pierre sur laquelle il se tenait actuellement. Il était écrit:

     HOLLISTER (TC)
     SUZIE (TM)
     ALIA (TM)

     Carlos regarda Jane, les sourcils froncés. "Je ne comprends pas. Qu'est-ce que ça veut dire?"

     Elle s'approcha et s'accroupi à côté de lui. Elle passa son doigt sur les lettres gravées dans la pierre. "Ce sont les noms de l'une des équipes gagnantes. Hollister était le capitaine de l'équipe - ou TC (Team Captain) en abrégé - et Suzie et Alia étaient les membres de l'équipe, ou TM (Team Members)."

     Jane se releva et désigna toutes les pierres de la cour. Il y en avait beaucoup. "Ce sont tous les gagnants de la Chasse au Trésor annuelle du lycée d'Auradon. Les champions auront leurs noms ici pour toujours. Comme une partie permanente de l'école. Un héritage. C’est un tel honneur."

     Carlos jeta un coup d'œil dans la cour vide, remarquant les pierres qui n'avaient pas encore été gravées. Il se dirigea vers l'une d'elles et se pencha, puis passa sa main sur le ciment vierge lisse. Il pouvait presque voir son nom gravé à la surface. Il pouvait presque sentir le goût de la victoire.

     Si son nom était gravé dans l'une de ces pierres avec les lettres TC à côté, personne ne douterait plus jamais de ses compétences en tant que leader. Tout le monde, jusqu'à la fin des temps, saurait que Carlos D'Enfer avait mené une équipe à la victoire.

     

     

     

    CHAPITRE 6 : Chien Alpha

     Je sais ce que je dois faire. C'est l'occasion. Ma chance de prouver une fois pour toutes que je ne suis pas destiné à être un acolyte. Que je suis destiné à être un leader. Un héro. Un gagnant!

     

     Carlos arpentait sa chambre de dortoir de long en large. D'avant en arrière. D'arrière en avant. Son colocataire, Jay, était au gymnase, en train de soulever des poids. Carlos était seul... seul avec ses pensées.

     Et Camarade.

     "Woof!" aboya Camarade. Il s'ennuyait clairement avec tout ces cents pas.

     "Chuuut," ordonna Carlos.

     Camarade gémit et se pelotonna sur le lit. Carlos pouvait presque jurer avoir vu Camarade rouler des yeux.

     "C'est sérieux," expliqua Carlos à son chien brun débraillé. "Je dois trouver un moyen de m'assurer que la Bonne Fée me choisit comme capitaine d'équipe pour la chasse au trésor de demain. Cela pourrait être ma seule et unique chance de prouver à tout le monde que je suis un leader!"

     "Woof!" répondit Camarade.

     Carlos sourit au chien. "Merci, mon pote. Je sais que tu me considère comme un leader. Mais qu'en est-il de la Bonne Fée? Si elle ne pense pas à moi de cette façon, alors je peux dire adieu à mes chances de devenir capitaine d’équipe."

     Camarade soupira et posa sa tête sur ses pattes. Carlos le gratta entre les oreilles. Carlos était à court d'idées. Il avait déjà demandé à Jane si elle pouvait peut-être parler à sa mère et essayer de convaincre la Bonne Fée de choisir Carlos comme capitaine, mais Jane avait catégoriquement secoué la tête.

     "Désolé," avait répondu Jane. "Ma mère ne laisse personne lui dire quoi faire. Surtout quand il s'agit de quelque chose d'aussi sérieux et compétitif que la Chasse au Trésor annuelle de l'école d'Auradon."

     Donc, cette option était exclue. Mais Carlos devenait désespéré. Et il manquait de temps. Les équipes allaient être annoncées le lendemain matin, et il était déjà huit heures du soir. Carlos ne voulait pas laisser ça au hasard. Et si la Bonne Fée ne le voyait pas non plus comme un leader? Et si elle le voyait comme tout le monde à l'école semblait le voir: juste comme le gentil gars qui aidait tout le monde?

     Carlos se demanda s'il devait essayer de parler lui-même à la Bonne Fée, faire appel à elle, mettre en avant ses atouts. Peut-être que s'il allait à son bureau et essayait de la convaincre de ses compétences de leader, elle pourrait...

     "Woof!" Camarade l'interrompit, sautant du lit et courant vers la porte. "Woof! Woof! Woof!"

     Carlos se leva et ouvrit la porte. Quand Camarade aboyait à la porte, cela signifiait d'habitude que quelqu'un venait, mais personne n'était là.

     "Woof! Woof! Woof!" Camarade continua à aboyer.

     "C'est quoi ton problème?" demanda Carlos. "Il n'y a personne là-bas."

     "Woof! Woof! Woof!" vint la réponse de Camarade.

     "Camarade," se plaignit Carlos. "Arrête."

     "Woof! Woof! Woo..."

     "Assis!" ordonna Carlos, et Camarade cessa d'aboyer consciencieusement et s'assit sur le sol. Carlos sourit. "Bon chien." Puis Carlos gloussa et s'assit à côté de son chien. "Parfois, c'est comme si tu étais le seul ici à me prendre vraiment au sérieux."

     Camarade leva les yeux vers Carlos et sembla presque sourire.

     "Tourne-toi!" dit Carlos.

     Camarade se retourna, Carlos lui frotta le ventre et soupira. "Si seulement tout le monde ici m'écoutait comme toi."

     Dès que les mots furent sortis de sa bouche, Carlos fut frappé d'un étrange souvenir... un souvenir de l'Île de l'Oubli. C'était un peu brumeux et confus, comme la plupart de ses souvenirs de l'Île. Il avait essayé de refouler tout cela il y a longtemps.

     Mais d'un coup, il vit soudainement le visage de sa mère, entendit la voix de sa mère.

     Si jamais tu veux que quelqu'un fasse ce que tu dis, tu vas avoir besoin d'aide...

     Puis il entendit le ricanement de sa mère et Carlos tressaillit. Le souvenir de ce rire le terrifiait toujours.

     Mais cela donna une idée à Carlos.

     Il bondit du sol et courut vers son placard. Il en sortit le sac de sport géant qu'il avait utilisé pour emballer toutes ses affaires quand il était arrivé de l'Île pour la première fois.

     Il connaissait ce souvenir qu'il venait d'avoir. Il savait que c'était le jour où il est venu à Auradon. Il avait rangé toutes ses affaires, sa mère était entrée dans sa chambre et...

     Celui qui porte le collier donne les ordres...

     Carlos enfonça sa main dans le sac de voyage géant, tâtant jusqu'à ce que ses doigts frôlent quelque chose de doux, usé et en cuir. Il ne l'avait même jamais déballé. En fait, il avait tout oublié jusqu'à ce moment-là, principalement parce qu'il ne l'avait pas prise au sérieux. Il n’avait jamais pensé que cela fonctionnerait réellement. Sa mère devenait de plus en plus fantasque et elle exagérait souvent la vérité.

     Mais maintenant, alors que Carlos retirait sa main du sac de voyage pour révéler le petit collier de chien rouge avec la plaque en métal en forme d'os qui pendait, il s'interrogea.

     Est-ce que sa mère avait raison?

     Le petit collier de chien était-il vraiment magique?

     

     

     

    CHAPITRE 7 : Le Rôle du Collier Rouge

     De toute évidence, je dois tester ce joujou.

     

     Carlos enfila le collier comme un bracelet. Puis il rouvrit la porte de sa chambre et passa la tête dans le couloir. Il regarda à gauche et à droite, mais le couloir était toujours vide. Puis, juste avant de fermer la porte, Carlos entendit des pas. Il tourna la tête vers la gauche et il vit Chad Charmant déambuler dans le couloir vers sa propre chambre.

     "Chad!" l'appela Carlos. "Attends!"

     Chad s'arrêta à mi-chemin, comme s'il avait été physiquement figé. Carlos étudia Chad. Puis il regarda curieusement le collier autour de son poignet. Chad suivait-il vraiment son commandement? Ou était-ce juste une coïncidence?

     Bizarre, pensa Carlos, sentant un frisson d'anticipation le parcourir. Mais il se dit de ne pas trop s'exciter. Chad aurait facilement pu être gentil, ou peut-être que Chad se demandait ce que Carlos avait à dire.

     "Quoi de neuf, Carlos?" demanda Chad, les yeux écarquillés, comme s'il était suspendu au prochain mot de Carlos.

     "Hum," fit Carlos en essayant de penser à une bonne instruction. Il devait penser à quelque chose que Chad n'accepterait normalement pas de faire. Quelque chose qu'un prince ne ferait jamais. Les lèvres de Carlos se courbèrent en un sourire malicieux.

     "Chad, fais briller ma chaussure!"

     Chad le regarda étrangement pendant un moment, comme s'il mettait en doute la santé mentale de Carlos. Carlos sentit son cœur se serrer. Évidemment, ça n’avait pas fonctionné. Évidemment que sa mère n’avait pas de collier magique pour chien. Sa mère lui avait probablement fait une farce, espérant qu’il tomberait dans le piège pour qu’elle puisse rire de lui avec son rire diabolique et hystérique. Carlos se sentit idiot d'y avoir cru ne serait-ce qu'une seconde.

     Mais Chad inclina ensuite la tête sur le côté et demanda, "Laquelle?"

     Carlos cligna des yeux. "Hein?"

     "Quelle chaussure?" dit Chad, clarifiant sa question.

     Chad était-il sérieux ou il plaisantait? Il n'y avait qu'une seule façon de le savoir.

     "Euh… celle de gauche," répondit Carlos.

     Et puis, dans une incrédulité totale et un choc absolu, Carlos regarda Chad sortir un mouchoir de sa poche, se coucher sur le sol et commencer à faire briller la chaussure gauche de Carlos. Carlos sursauta. "Arrête! Arrête! Je plaisantais! Tu n'as pas à faire briller ma chaussure."

     Chad resta sur le sol, levant les yeux vers Carlos comme s'il attendait qu'il lui dise quoi faire ensuite. Carlos retira discrètement le collier de chien de son poignet, et au moment où il le fit, Chad se releva en brossant ses vêtements.

     "Euh, qu'est-ce que je faisais par terre?" demanda-t-il, l'air confus, comme s'il venait de sortir d'une transe.

     Carlos fit semblant d'être ignorant. "Je n'en ai aucune idée."

     "C'était bizarre," déclara Chad.

     "Ça l'était certainement," acquiesça Carlos, puis il retourna dans sa chambre et ferma la porte. Dès qu'il fut à nouveau seul, il regarda le collier de chien dans sa main.

     Ça avait l'air tellement ennuyeux et simple. Un collier de chien rouge avec une plaque en métal en forme d'os. Rien de spécial. Il n’avait pas brillé, ni scintillé, ni étincelé. En fait, il avait l'air vieux et usé. Carlos se demanda où sa mère l'avait acquis et comment il était devenu magique.

     Mais cela n'avait pas beaucoup d'importance, n'est-ce pas? Tout ce qui comptait, c'était que cela fonctionnait.

     Le visage de Carlos s'éclaira d'un large sourire tandis qu'il glissait le collier à son poignet, le cachant sous la manche de sa veste en cuir noire, blanche et rouge, et se dirigea vers la porte avec détermination.

     "Woof!" dit Camarade.

     "Non, tu restes ici," répondit Carlos, se sentant plus confiant qu'il ne l'avait senti depuis longtemps. "J'ai rendez-vous avec une bonne fée marraine. Et tout comme Cendrillon, j'espère qu'elle réalisera tous mes rêves."

     

     

     

    CHAPITRE 8 : Ça Me Démange d'Être Capitaine

     Je n'utiliserai le collier de chien que pour me faire nommer capitaine d'équipe. Je ne l'utiliserai pas pour gagner la chasse au trésor.

     

     Alors qu'il se dirigeait vers le bureau de la directrice, Carlos se fit la promesse de ne pas tricher lors de la compétition; s'il le faisait, la victoire ne compterait pas. Du moins, pas à ses yeux. Il se sentirait vide. Vide de toute signification. Et il ne voulait pas gagner de cette façon. Il savait que s'il avait une chance de diriger une équipe, il pourrait gagner le jeu par lui-même. Il avait juste besoin d'aide pour avoir cette chance. Ce n’était pas de la triche. C'était simplement un petit coup de pouce.

     Lorsqu'il atteignit le bureau de la Bonne Fée, il vit qu'elle partait. Elle tenait une grande mallette en cuir marron à la main. Carlos courut pour la rattraper. "Bonne Fée! Attendez-moi!"

     La Bonne Fée s'arrêta et se retourna docilement. Carlos toucha doucement le collier du chien sous la manche de sa veste et essaya de cacher le sourire triomphant sur son visage. Ça fonctionnait déjà!

     "Bonsoir, Carlos," dit la Bonne Fée, souriant de son doux sourire. "J'allais justement partir. Marche avec moi."

     La directrice commença à se promener le long des allées magnifiquement aménagées du campus du lycée d'Auradon, ses talons sensibles claquant sur le dallage. "Que puis-je faire pour toi?" demanda-t-elle.

     Carlos ouvrit la bouche pour parler mais se sentit soudainement nerveux. Était-il vraiment sur le point de commander la directrice de l'école? Allait-il vraiment donner un ordre direct à la Bonne Fée - la Marraine Bonne Fée? Il n’avait jamais donné d’ordre direct à une personne de son autorité. Il craignait de ne pas pouvoir le faire. Il craignait de ne pas pouvoir former physiquement les mots.

     Allez! se sermonna Carlos. C'est ce que fait un leader. Donner des ordres. Prendre en charge. Si tu ne peux pas donner un simple ordre maintenant, comment espères-tu mener une équipe entière à la victoire demain?

     Son discours d'encouragement semblait fonctionner. Il se mit un peu plus droit et déclara, "Bonne Fée, j'aimerais vous parler de la chasse au trésor."

     Même la directrice semblait être un peu frivole à la mention de la grande compétition. Elle se requinqua et laissa échapper un petit rire tintant. "Oh, oui! La chasse au trésor! Tu es excité? Je suis surexcitée." Elle souleva la mallette brune dans sa main et lui donna une petite tape délicate. "J'ai les équipes et la liste finale des objets ici. Cette année sera la chasse la plus épique de tous les temps, si je puis dire."

     Carlos savait que c'était maintenant ou jamais.

     "Oui, c'est vrai," dit-il, prenant une profonde inspiration pour calmer ses nerfs. "Donc, j'aimerais être capitaine de l'une des équipes."

     La Bonne Fée arrêta de marcher. Elle se tourna vers Carlos avec un air déçu et émit un tss avec sa langue. "Actuellement, Carlos, je sais que tu es encore nouveau à l’école et que tu n’as pas encore participé à cette chasse, mais saches que beaucoup de gens veulent être capitaine. Si j’exauçais le vœu de tout le monde d’être capitaine, nous aurions plus de capitaines que d’équipes! Par conséquent, je n’accepte aucune demande d’étudiants. Je prends ces décisions entièrement par moi-même."

     Pas cette fois, pensa nerveusement Carlos.

     Il déglutit avec difficulté. Il n'arrivait pas à croire ce qu’il était sur le point de faire, mais il avait besoin de sa chance. Il avait besoin de son occasion. Il ne pouvait pas laisser passer cette opportunité.

     Carlos gonfla sa poitrine, essayant de paraître plus grand qu'il ne l'était réellement, et déclara, "Bonne Fée, faîtes en sorte que je sois un capitaine d'équipe."

     Pendant un long moment, la directrice resta là, bouche bée devant Carlos comme si elle ne le reconnaissait même pas. Et il supposa que ça avait du sens. Il ne se sentait plus lui-même. Il se sentait comme une personne complètement différente. Une personne plus confiante. Une personne qui donne des ordres et obtient des résultats. Il se sentait comme un capitaine.

     En fait, il était si confiant que son ordre avait fonctionné qu'il n'attendit même pas que la Bonne Fée réponde. Il hocha simplement la tête, dit "Bonne nuit" d'une voix austère et retourna vers les dortoirs.

     Il afficha un sourire idiot sur son visage tout au long du chemin du retour.

     En retournant dans sa chambre et en glissant le collier de chien magique dans son sac de voyage, il murmura son nouveau titre à haute voix: "Carlos D'Enfer, capitaine d'équipe."

     Il aimait vraiment comment ça sonnait.

     

     

     

    CHAPITRE 9 : Laissons Les Chien Dormir

     À moins qu'ils n'aient de grands projets. Et je dois me rendre à la salle de banquet très tôt.

     

     Tout le monde s'était levé à la première heure le lendemain matin et se tenait autour du tableau d'affichage dans la salle de banquet. Carlos était trop nerveux pour prendre son petit-déjeuner. Toute la confiance qu'il avait eue en rentrant chez lui la nuit dernière avait soudainement disparue. Et si les colliers pour chiens ne fonctionnaient pas sur les fées marraines? Et si le collier de chien ne contenait que suffisamment de magie pour une personne et qu'il avait tout gaspillé pour Chad Charmant? Et si les équipes étaient postées et que son nom ne figurait pas sur la liste des capitaines?

     Lorsque la Bonne Fée, tenant sa mallette en cuir marron, apparut à l'intérieur de la salle de banquet, Carlos eut l'impression que son cœur s'engouffrait dans sa gorge. Une fois de plus, la salle de banquet devint silencieuse tandis que la Bonne Fée s'approchait du tableau d'affichage. Lorsqu'elle ouvrit la mallette et en sortit un grand rouleau de papier - la liste de composition des équipes - c'était comme si toute la salle de banquet avait cessé de respirer.

     "J'espère qu'on est dans la même équipe," lui dit Jane en saisissant son bras et en le serrant. La gorge de Carlos devint sèche. Il essaya d'avaler, mais sentir la main de Jane sur son bras rendait la tâche difficile.

     La Bonne Fée déroula cérémonieusement le rouleau géant et l'épingla au panneau. Puis, avec une révérence théâtrale, elle déclara, "Que la Chasse au Trésor annuelle de l'école d'Auradon commence! Que la meilleure équipe gagne!"

     Au moment où elle s'éloigna du tableau d'affichage, il y eu une ruée folle à travers la salle de banquet. Les élèves couraient, se poussaient et trébuchaient les uns sur les autres. Carlos trouvait que tout cela ne ressemblait pas à Auradon. C'était comme si cette compétition était le seul jour de l'année où les enfants d'Auradon agissaient comme... eh bien, des enfants de méchants. Les enfants d'Auradon étaient normalement très polis, bien élevés et courtois. Mais pas ce jour-là. Pas avec la gloire de la chasse au trésor en jeu. Jane avait raison. Les enjeux étaient élevés et cela se voyait.

     Le cœur de Carlos battait la chamade alors qu'il manœuvrait lentement à travers la foule vers le tableau d'affichage. Il entendit des gens crier d'excitation en trouvant leurs noms sur la liste que la Bonne Fée avait épinglée au panneau.

     "Oui!" cria Jay, brandissant le poing en l'air. "Capitaine d'équipe! Évidemment." Il se tourna vers Lonnie et Mal. "Vous êtes toutes les deux avec moi, et on va déchirer." Il leva sa main en l'air, et les deux filles tapèrent dedans immédiatement.

     Au moins, je ne reçois pas d’ordre de sa part, pensa Carlos, soulagé. Jay était l'un de ses meilleurs amis, mais parfois il pouvait être un peu imbu de lui-même.

     Carlos se rapprocha du tableau, plissant les yeux devant le flou des noms sur le long rouleau.

     "Oh, cassé!" cria Jordan, la fille du Génie, en s'éloignant du panneau. Elle se tourna vers le roi Ben et Chad Charmant. "On dirait bien que vous deux, les Altesses Royales, êtes sous mes ordres ce week-end. Allons-y. Suivez-moi. Nous devons commencer à parler stratégie." Ben et Chad échangèrent des regards inquiets mais suivirent consciencieusement Jordan jusqu'à une table voisine.

     Le suspense était en train de tuer Carlos. Il essaya de se frayer un chemin à travers la foule, mais il y avait encore trop de gens qui bloquaient la vue du rouleau.

     "Quoi?" il entendit Audrey hurler. Il se mit sur la pointe des pieds pour voir Audrey l'air renfrogné avec ses mains sur ses hanches. "Il n'est pas question que je reçoive des ordres d'elle."

     Puis Carlos entendit un rire diabolique et vit Freddie regarder la liste. "On dirait que tu n'as pas le choix," déclara joyeusement Freddie. "Lis ça et pleurez. Pendant les cinq prochaines heures, toi et Ally devrez faire ce que je dis."

     Les yeux d'Audrey s'écarquillèrent, comme si elle était sur le point de pleurer. "Bonne Fée!" gémit-elle. "Ce n'est pas juste. Vous devez me changer d'équipe."

     Mais la Bonne Fée secoua la tête, l'air très satisfaite de ses sélections. "Désolé, Audrey. Tu connais les règles. La composition de l'équipe est définitive. Aucun changement."

     Audrey s'éloigna du panneau, laissant un minuscule espace libre. Carlos se précipita pour le remplir. Il poussa un soupir. Il était enfin arrivé au tableau d'affichage! Il leva les yeux, admirant la longue liste d'équipes. Il y en avait tellement!

     Il parcourut le parchemin, cherchant son nom. Mais plus il avançait sur le papier, plus il était convaincu qu’il n’était même pas sur la liste.

     La Bonne Fée avait-elle oublié de l'inclure? Était-il disqualifié pour avoir tenté de la forcer à faire de lui un capitaine d'équipe?

     Carlos entendit un faible couinement, et il se tourna pour voir Jane, qui s'était également faufilée jusqu'au panneau. Ses yeux s'illuminèrent comme un feu d'artifice alors qu'elle fixait la toute dernière équipe sur le rouleau.

     Carlos sentit son cœur se serrer. Bien sûr qu'elle serait choisie. Elle avait été choisie comme chef de projet pour leur projet de classe, et maintenant elle avait été choisie comme capitaine d'équipe pour la chasse au trésor. Personne n'avait de problème à voir Jane comme une meneuse. Pas Carina Samovar, et évidemment pas la Bonne Fée non plus. Elle était organisée et efficace et gérait tout. C'était naturel chez elle.

     Carlos soupira et il était sur le point de féliciter Jane. Après tout, il ne voulait pas être un mauvais perdant, et Jane méritait le rôle tout autant que lui.

     Mais alors qu'il ouvrait la bouche pour parler, Jane s'écria, "Félicitations, Carlos! Je savais que tu pouvais le faire!"

     Carlos fronça les sourcils. Félicitations? Pourquoi est-ce qu'elle me félicite?

     Mais ensuite, Carlos remarqua que Jane désignait quelque chose sur le panneau d'affichage. Il s'accroupit et plissa les yeux sur le parchemin. Et puis il le vit. C'est alors que Carlos D'Enfer passa finalement d'acolyte à super-héros.

    Capitaine d'équipe: Carlos
    Membres de l'équipe: Jane et Evie

     

     

     

     CHAPITRE 10 : La Liste de la Chasse au Trésor Annuelle du Lycée d'Auradon

     Ça a marché! Le collier de chien a fonctionné!

     

     Carlos avait donné l'ordre et la Bonne Fée l'avait suivi. Et maintenant, il allait diriger une équipe! Il aimait assez son équipe. Jane et Evie faisaient partie de ses personnes préférées. Il n'y avait aucune chance qu'ils perdent ça. Avec les capacités de leadership de Carlos, les compétences organisationnelles de Jane et celles d’Evie...

     Une minute. Où est Evie? pensa Carlos tandis que Jane et lui prenaient place à l'une des tables à manger pour attendre la distribution de la liste de la chasse au trésor. Carlos ne se souvenait pas l’avoir vu pendant la course folle vers le tableau d'affichage. En fait, il n’était pas certain de l’avoir vue pendant le petit-déjeuner.

     "Est-ce que tu as vu Evie?" Carlos demanda à Jane.

     "Oh," dit Jane. "Oui, elle a dit qu'elle allait être en retard pour le petit déjeuner parce qu'elle devait finir quelque chose d'important dans sa chambre de dortoir."

     Quelque chose d'important? Qu'est ce qui pourrait être plus important que la Chasse au Trésor annuelle de l'école d'Auradon? Elle ne comprend pas quels sont les enjeux?

     Carlos se dit de ne pas s'inquiéter. Elle sera là. Elle termine probablement ses devoirs pour pouvoir ensuite consacrer tout son temps à la chasse. Carlos ne pouvait certainement pas lui en vouloir pour ça.

     Il haussa les épaules. "D'accord. Tant qu'elle est là avant qu'on reçoit la..."

     Carlos était sur le point de dire la liste des objets, mais juste à ce moment-là, chaque téléphone de la salle de banquet se mit à émettre un bip, le faisant sursauter. Il y avait tellement de téléphones qui émettaient un bip à la fois que cela ressemblait à une symphonie de crickets électroniques. Curieux, Carlos regarda le message qui venait d'arriver sur son téléphone... et apparemment aussi sur le téléphone de tous les autres. Il vit l'objet du message, et son adrénaline augmenta d'un cran.

    La Liste Officielle pour la Chasse au Trésor Annuelle du Lycée d'Auradon 

     "Ça y est!" s'écria Jane en regardant l'écran de son propre téléphone. "Ça commence!"

     Non, pensa Carlos en tendant le cou pour voir par-dessus tout les gens qui grouillaient dans la salle de banquet. Ça ne peut pas déjà commencer. Evie n'est même pas là!

     Carlos lu les premières lignes du message.

    Bienvenue, membres de l'équipe et capitaines d'équipe! La chasse est maintenant en cours! N'oubliez pas que le nombre de points attribué aux objets de cette liste varie en fonction du niveau de difficulté. Vous devez prendre une photo horodatée de chaque objet pour qu'il soit compté. L'équipe avec le plus de points à 15h aujourd'hui remportera le titre de Champions de la Chasse au Trésor du Lycée d'Auradon! Il n'y a qu'une seule règle: vous DEVEZ rester ensemble en tant qu'équipe.

     Carlos eut juste un aperçu du premier objet de la liste qui sortait du bas de l'écran de son téléphone, mais il ne le regarda pas. Et il dit à Jane de ne pas le faire non plus. Pas avant qu'ils ne soient tous là. Il voulait faire cela en équipe. Au lieu de cela, Carlos composa un nouveau message et l'envoya à Evie.

    Où es-tu? La chasse commence!

     Sa réponse vint presque immédiatement, comme si elle regardait déjà son téléphone lorsque le message de Carlos était arrivé.

    Désolée! Je descends tout de suite!

     Carlos voulait désespérément voir les objets, mais il se força à ne pas le faire, gardant son regard fixé sur la porte alors qu'ils attendaient Evie. Mais plus ils attendaient, plus il entendait déjà d'autres équipes parler de la liste, et cela commençait vraiment à le rendre impatient.

     "Oh, sérieusement, vous avez vu le numéro deux?" demanda Freddie à son équipe. "Trop facile."

     "Ouais, mais qu'en est-il du numéro six?" répondit Ally, semblant inquiète. "C'est pratiquement impassable!"

     "Je crois que tu veux dire impossible," dit Audrey, clairement toujours aigre à propos de son affectation d'équipe.

     "Non, je veux dire impassable," répondit Ally.

     "Ok, les garçons," était en train de dire Jordan à Ben et Chad. "On s'attaque au numéro onze en premier."

     "Quoi? Mais celui-là semble tellement difficile," estima Chad. "On ne devrait pas commencer par quelque chose de plus simple?"

     "On ne discute pas avec son capitaine," le réprimanda Jordan d'une voix taquine. "Allez, Vos Majestés, allons-y."

     Alors que les équipes commençaient à sortir de la salle et que la salle de banquet devenait de plus en plus vide, Carlos était sur le point de déborder d'impatience. Il n'y avait toujours aucun signe d'Evie, mais Carlos ne pouvait plus supporter le suspense plus longtemps. Il savait qu'il ne pouvait pas partir sans elle. La règle était qu'ils devaient rester ensemble. Mais au moins, il pourrait commencer à réfléchir sur la façon d'acquérir certains des objets.

     "D'accord, on ne peut plus attendre," dit-il à Jane. "Regardons la liste."

     Jane soupira, clairement soulagée que Carlos ait dit cela. Elle avait l'air assez impatiente elle-même.

     Carlos sentit l'excitation monter en lui. C'était ça! La grande liste! Il était sur le point de voir ce qu'il allait passer le reste de ce magnifique samedi à chercher.

     Avec une profonde inspiration, Carlos fit défiler l'écran et lut la liste.

     Une marionnette en bois - 5 points
     Une pantoufle de verre - 5 points
     Une photo de votre équipe posant dans la vitrine de la Boutique de Belle - 10 points
     Un billet de train du Auradon Express au départ de Charmanville — 20 points
     Une fourchette de pixie violet-or - 25 points
     Un selfie avec Grincheux - 25 points
     La recette du "truc gris" du Bistro de Lumière - 20 points
     Un fruit cueilli sur un noisetier - 25 points
     Une rose jaune parfaite - 15 points
     Un T-shirt de gym de l'école d'Auradon datant d'au moins 20 ans - 15 points
     Un bol du célèbre gumbo de Tiana - 25 points

     

     

     

    CHAPITRE 11 : Va Chercher

     Je ne suis pas convaincu par cette liste. Certains éléments sont faciles. Mais certains n’ont même pas de sens!

     

     Carlos regarda la liste avec émerveillement. Qu'est-ce c'était qu'une fourchette de pixie violet-or? Et où diable étaient-ils censés trouver un T-shirt de gym de l'école d'Auradon d'au moins vingt ans? Mais peu importe... ils le découvriraient. Carlos décida que la meilleure stratégie était de commencer en haut de la liste et de descendre. Il savait déjà où trouver une marionnette en bois et une pantoufle de verre.

     Sauf qu'ils ne pouvaient pas partir tant que tout leur groupe n'était pas là, et il n'y avait toujours aucun signe de...

     "Oh mon Dieu! Je suis désolée! Je suis vraiment désolée!" Evie fit irruption dans la salle de banquet, les joues roses et essoufflée, comme si elle venait juste de courir plusieurs fois autour du terrain de tournoi. "Je suis là." Elle regarda la pièce vide avec confusion. "Où sont-ils tous passés?"

     "Ils sont tous déjà partis à la chasse," dit Carlos en essayant de garder un ton sans acidité. Elle avait vraiment l'air désolée. Mais cela ne changeait pas le fait qu'ils étaient la seule équipe restée dans la salle de banquet, ce qui signifiait qu'ils étaient déjà en retard.

     "Oh!" dit Evie. "Pardon. Vous auriez pu commencer sans moi. Je vous aurais rattrapé."

     "En fait, on n'aurait pas pu," déclara Carlos. "La règle est que nous devons rester ensemble tout le temps."

     "Oh," répéta Evie en grimaçant. "Eh bien, je suis ici maintenant. Allons-y! Gagnons ce trophée!"

     Carlos soupira. "Ce n’est pas un trophée. C'est une pierre gravée dans la cour."

     Evie se mordit la lèvre. "Oh, c'est vrai. J'avais oublié."

     Carlos était frustré par Evie, mais il se dit de laisser tomber. Elle était là maintenant et c'était tout ce qui comptait. Et quel mal il y avait s'ils étaient un peu en retard? Ils pourraient se rattraper. Et il était sûr que la raison pour laquelle Evie était en retard était une bonne raison. Elle n’était pas le genre de personne à laisser tomber ses amis.

     "D'accord," dit Carlos, frappant dans ses mains et prenant sa meilleure voix de capitaine d'équipe. "Faisons cela. Nous avons onze objets à chercher sur cette liste et seulement cinq heures pour le faire. Et certains d'entre eux sont très difficiles."

     Jane s'exclama. "En fait, je pense que nous devrions peut-être élaborer une stratégie et déterminer sur quels éléments nous concentrer. Personne n'a jamais obtenu toutes les choses sur la liste."

     Carlos lança à Jane un sourire suffisant. "C’est uniquement parce que je n’ai jamais concouru auparavant. J'ai bien l'intention de tout obtenir sur cette liste." Carlos était convaincu de pouvoir y parvenir. Et entendre Jane dire que cela n'avait jamais été fait auparavant lui donna encore plus envie. Il ne voulait pas juste gagner la compétition; il voulait gagner avec une victoire écrasante. Il ne voulait pas simplement battre les autres équipes; il voulait les pulvériser. Si c'était sa seule chance de prouver qu'il était un leader, il devait impressionner les gens. Non, il devait les épater. Et Carlos savait que la collecte de tout les éléments de la liste était le moyen d'y parvenir.

     "Je dis qu'il faut mettre le paquet ou abandonner!" déclara Carlos en levant le poing en l'air. "Je dis qu'on doit tous les faire."

     Jane avait l'air d'être sur le point d'argumenter avec Carlos, mais elle secoua la tête, sourit et dit: "D'accord! C'est toi le capitaine!"

     "C'est exact!" déclara Carlos, rayonnant au titre. "Je suis le capitaine. Maintenant, allons les récupérer, équipe! Sommes-nous prêts?"

     Carlos s'attendait à un cri de ralliement de ses coéquipières, mais la seule qui répondit fut Jane. Carlos regarda Evie et vit qu'elle était dans son coin en train de tapoter sur son téléphone, les sourcils froncés.

     Carlos gémit. "Evie! J'essaye de nous mener dans un cri de guerre."

     "Pardon!" dit Evie sans lever les yeux de son tapotement. "Donne-moi juste..." Tap. Tap. Tap. "Deux..." Tap. Tap. Tap. "Secondes…" Tap. Tap. Tap.

     Elle appuya sur une dernière touche avec un geste théâtral. "Et voilà!" Evie glissa son téléphone dans sa poche. "C'est terminé. Je suis prête à partir! Un cri de guerre? Faisons-le! Hiyaaa!"

     Carlos s'affala. "C'est trop tard. Ça ne fait rien. Allons-y."

     

     

     

    CHAPITRE 12 : Toucher Au But

     Premier arrêt: l’atelier de Geppetto. C'est presque trop évident que nous y allions pour trouver une marionnette en bois. Pas étonnant que celui-ci ne vaille que cinq points.

     

     Non seulement il y avait beaucoup de marionnettes parmi lesquelles choisir, mais le jeune homme qui travaillait chez Geppetto fut assez gentil pour prendre une photo de toute l’équipe tenant l’une des marionnettes. Carlos enregistra la photo sur son téléphone et l'équipe sortit à toute allure.

     Ensuite, ils se rendirent au Musée d’Histoire Culturelle où ils purent facilement prendre une photo de la pantoufle de verre de Cendrillon qui était exposée dans l’une des pièces.

     Jusqu'ici, tout va bien, pensa Carlos en sortant du musée en courant. Ils avaient déjà dix points!

     "Où allons-nous ensuite?" demanda Jane.

     "Ooh!" dit Evie. "Je crois que je sais où on pourrait trouver un noisetier. C'est juste à côté de..."

     "On passe au numéro trois," annonça Carlos, interrompant Evie. "Rendons-nous au centre-ville d’Auradon pour prendre la photo dans la vitrine de la Boutique de Belle."

     Evie se ragaillardit. "La Boutique de Belle? Oh, super! J'ai vraiment besoin de prendre de la dentelle là-bas et peut-être quelques boutons supplémentaires pour..."

     "On ne fait pas de shopping, Evie," lâcha Carlos, puis il se rappela de se détendre. Il lança un sourire. "Je veux dire, on a pas le temps. Nous devons rester concentrés."

     "Bien, concentrés," déclara Evie, mais juste au moment où elle le dit, son téléphone sonna et elle baissa immédiatement les yeux sur l'écran, poussa un soupir frustré et commença à taper.

     Carlos fit de son mieux pour rester calme. Qu'est-ce qui était si important qu'Evie ne puisse pas consacrer quelques heures à une chasse au trésor? C'était en fait assez étrange. Evie n’était normalement pas aussi distraite.

     Quelque chose ne va pas? se demanda Carlos. Est-ce que je dois lui poser des questions à ce sujet?

     Mais il décida qu’ils n’avaient pas le temps. Il devrait demander à Evie plus tard.

     Dès leur arrivée à la Boutique de Belle, Carlos sût que la tâche n’allait pas être simple. Ils devaient prendre une photo d'eux posant ensemble à l'intérieur de la vitrine, mais la propriétaire du magasin - une femme âgée grincheuse - les vit entrer dans le magasin et pointa immédiatement la porte. "Ah, non. Plus d'élèves du lycée d'Auradon prenant des photos dans ma vitrine. J'ai déjà eu dix équipes ici."

     Carlos sentit la panique monter dans son cœur. "S'il vous plaît, madame. Nous avons vraiment besoin de cette photo."

     Mais elle secoua la tête. "Pas question. La dernière équipe a complètement mit la pagaille dans ma vitrine."

     Evie pencha la tête vers la vitrine, ses lèvres pincées, pensive. "Hmmm. Je pourrais vous aider à arranger la présentation. De toute façon, vous devriez vraiment mettre davantage en valeur les robes de cette saison. Les jaunes vifs sont totalement tendances. Et peut-être quelques..."

     "Evie," chuchota Carlos, de plus en plus impatient. "Nous n’avons pas le temps d’habiller les vitrines. On doit obtenir tous les éléments de la liste avant 15 heures."

     "Oui, mais..." Evie essaya de discuter, mais Carlos la coupa.

     "Allez, allons-y." Il conduisit Evie et Jane hors du magasin, et ils se tinrent sur le trottoir, regardant la vitrine. "Il nous faut un plan."

     "Peut-être qu'on devrait passer au point suivant de la liste," suggéra Jane.

     "Non." Carlos l'arrêta immédiatement. "On en saute aucun. Nous devons juste trouver un moyen de convaincre la commerçante de nous laisser prendre la photo. Evie, tu as des idées?"

     Mais Evie n'écoutait pas. Elle était à nouveau en train de tapoter quelque chose sur son téléphone, complètement distraite à nouveau.

     Distraite.

     Carlos fut soudainement frappé par une idée. "J'ai trouvé! Je vais appeler le magasin en prétendant être le département de l'eau. Je vais leur dire qu’il y a une fuite dans la ruelle derrière le magasin. Puis, quand elle sortira par la porte de derrière, on passera par devant. Nous prendrons la photo et sortirons de là avant qu'elle ne revienne."

     "Génial!" Jane le félicita. "Bien joué. Pas étonnant que ma mère t'ait choisi comme capitaine!"

     Carlos sentit un petit coup de culpabilité face au compliment, car il savait que la Bonne Fée ne l'avait pas vraiment choisi. Carlos lui avait ordonné de le choisir pendant qu'il portait le collier de chien magique. Mais il se dit que ce n’était pas grave. Ce qui importait maintenant, c'était la façon dont il se comportait. Et il devait admettre que jusqu'à présent, il faisait un travail assez impressionnant. Ils avaient déjà rayé deux objets de la liste.

     "D'accord," dit Carlos, "d'abord, nous devons installer mon téléphone de l'autre côté de la rue pour prendre la photo. Nous pouvons régler le minuteur pour nous donner suffisamment de temps pour entrer dans le magasin et poser dans la vitrine. Je vais appeler la propriétaire de la boutique sur le téléphone d’Evie. Evie?"

     Evie leva les yeux de l'écran de son téléphone, l'air surprise d'entendre son propre prénom. "Hein?"

     "Est-ce que je peux t'emprunter ton téléphone?"

     "Euh..." dit-elle avec hésitation. "Je préfère vraiment que tu ne le fasses pas. J'attends un e-mail important."

     "Tiens," dit Jane en lui offrant son téléphone. "Tu peux utiliser le mien."

     "Merci." Carlos posa son propre téléphone sur un petit mur de briques de l'autre côté de la rue de la Boutique de Belle, en l'inclinant pour qu'il ait une vue parfaite sur la vitrine. Puis, à l’aide du téléphone de Jane, il composa le numéro de la Boutique de Belle. Lorsque la commerçante répondit, Carlos baissa la voix d'une octave entière, se faisant passer pour un adulte. "Bonjour. C'est... euh... Gustave McManister du Département des Eaux de la Ville d'Auradon. Je suis désolé de vous informer que nous avons eu des rapports de fuite dans la ruelle derrière votre magasin."

     Jane étouffa un rire, ce qui fit presque éclater de rire Carlos. Il dû se détourner d'elle pour garder un visage impassible.

     "Une fuite?" dit la commerçante d'un air sceptique. "J'étais là-bas il y a juste quelques minutes. Il n'y a pas eu de fuite."

     Carlos hésita, essayant de réfléchir vite. "Euh, oui, eh bien, la fuite semble..." Il jeta un coup d'œil à la Boutique de Belle, scrutant le bâtiment à la recherche d’une sorte d’inspiration. C'est alors que Jane tira sur sa manche et montra un escalier menant au sous-sol du magasin.

     "Provenir du sous-sol," déclara Carlos au téléphone.

     Apparemment, c'étaient les mots magiques, parce que la commerçante poussa un cri de panique. "Le sous-sol? Mais tout notre inventaire est stocké au sous-sol."

     "Oui, eh bien, vous ferez mieux d’y aller tout de suite," dit Carlos, en levant le pouce à Jane et Evie.

     Jane traversa la rue en douce et regarda à travers la vitrine. Lorsque le commerçante disparut dans les escaliers, Jane fit signe à Carlos. Carlos régla la minuterie du téléphone sur trente secondes et le programma pour prendre cinq photos. Il pensait que cela devrait être suffisant pour les prendre dans la vitrine.

     Il fit signe à Evie qu'ils pouvaient y aller, puis il traversa la rue et rejoignit Jane à la porte d'entrée. Il était sur le point d'entrer dans le magasin quand il remarqua qu'Evie se tenait toujours à côté du mur de briques, tapotant à nouveau sur son téléphone.

     "Evie!" l'appela Carlos, couvrant le micro du téléphone de Jane pour que la commerçante ne l'entende pas. "Nous avons moins d'une demi-minute!"

     "J'arrive!" dit-elle. Sans lever les yeux de son écran, elle se précipita à travers la rue et suivit Carlos et Jane dans la boutique.

     "Il n'y a pas de fuite ici!" Carlos entendit dire la commerçante dans le téléphone alors qu'ils se dirigeaient tous les trois vers la vitrine.

     "Euh, si, il y en a!" déclara désespérément Carlos. "Vous devez regarder plus attentivement. Pendant au moins encore dix secondes!"

     Carlos et Jane prirent la pose dans la vitrine, faisant semblant d'être des mannequins.

     "Oh-oh," dit Jane en plissant le nez. "Il y a trop de parfum dans cette boutique. Ça me chatouille le nez. Je crois que je vais éternuer! Ça s'est produit lorsque j'étais en stage pour Carina Samovar. On avait distribué du parfum français pour des cadeaux lors de la fête d'anniversaire d'Esmeralda, et j'avais éternué toute la nuit."

     "N'éternue pas," lui ordonna Carlos. "Du moins pas avant qu'on ait la photo."

     "Ah, ah, ah," dit Jane, agitant sa main devant son nez. Carlos tenait sa position de mannequin, priant pour que Jane puisse retenir son éternuement. Une seconde plus tard, il réalisa qu'Evie n'était pas avec eux. Elle était toujours debout sur le côté de la vitrine, tapant sur son téléphone. "Evie! Le minuteur est sur le point de se déclencher!"

     "J'arrive tout de suite!" déclara vivement Evie.

     Carlos se dirigea vers Evie et commença à la tirer vers la vitrine.

     "Achoooum!" Jane éternua si fort que même la gérante du magasin l'entendit.

     "C'était quoi ça?" aboya la commerçante via le téléphone de Jane. "Je n’ai pas le temps de chercher une fuite imaginaire. J'ai des clients à l'étage."

     Carlos entendit des pas dans les escaliers. Il traîna rapidement Evie dans la vitrine et dit à tout le monde: "Posez comme un mannequin! Vite!" Evie leva les yeux assez longtemps pour faire un sourire avant de revenir à son téléphone.

     "Je pense qu'on a réussi," déclara Carlos. Les pas dans les escaliers se faisaient plus bruyants. "Allez. Allons-y."

     "Encore deux secondes," dit Evie en tapant furieusement.

     Carlos la poussa. "Evie, nous n’avons pas encore deux..."

     "Hey!" fit une voix grincheuse. "Qu'est-ce que vous faites ici, les enfants? Je croyais vous avoir dit de rester loin de ma vitrine!"

     "Courez!" ordonna Carlos. Heureusement, les deux membres de son équipe l'écoutèrent cette fois, et tous les trois s'élancèrent hors de la boutique avec la commerçante à leurs trousses. Lorsqu'ils atteignirent l'extérieur, elle referma la porte derrière eux avec fracas. "Je ne veux plus vous revoir tout les trois dans ma boutique, bande de scélérats!"

     Carlos poussa un soupir de soulagement. "Whoa. C'était juste. Heureusement que nous avons eu la photo." Mais ensuite, son visage s'assombrit et il fronça les sourcils lorsqu'il prit son téléphone et cliqua sur les cinq photos prises par la caméra. Il n’y en avait pas une seule qui les avait prit tous les trois. Trois photos montraient Carlos traînant une Evie réticente dans la vitrine, et sur les deux autres, tout ce qui était visible c'était le haut de la tête de Jane alors qu'elle éternuait.

     

      

     

    CHAPITRE 13 : Retourne-toi

    Mieux vaut continuer. C'est juste un petit contre-temps. Il n'y a pas de raison de s'inquiéter.

     

     Carlos décida qu’il était probablement préférable de retourner à la Boutique de Belle plus tard dans la journée, après que la commerçante ait eu l’occasion de se calmer. Peut-être après que Carlos ait eu l'occasion de se calmer lui-aussi. Carlos était assez frustré par Evie. C'était entièrement de sa faute s'ils n'avaient pas eu la photo. Si elle n’avait pas été sur son téléphone et avait posé dans la vitrine avec Carlos et Jane, ils auraient dix points de plus en ce moment.

     Mais Carlos se dit de lâcher prise et de se concentrer sur le prochain élément de la liste. Evie s'était vraiment excusée pour tout cela, et il pouvait voir qu'elle le pensait vraiment. Même s'il était toujours curieux de savoir ce qu'elle continuait de faire sur ce téléphone.

     Ils étaient maintenant en route pour la gare du Auradon Express afin d'essayer d'obtenir la photo d'un billet en provenance de Charmanville.

     Carlos vérifia l'heure sur son téléphone. Il était presque midi. Ils avaient perdu près de deux heures à collecter dix maigres points. Mais le billet de train de Charmanville était important. Il valait vingt points. Carlos était convaincu que cela les aiderait à se rattraper.

     Jane avait déjà vérifié le site Internet d’Auradon Express (grâce au conseil avisé de Carlos) et avait découvert qu’un train de Charmanville devait arriver à la gare dans dix minutes. Il ne leur restait plus qu'à attendre que les passagers débarquent du train et à demander à l'un d'eux s'ils pouvaient prendre une photo de leur billet.

     Carlos ne voyait aucune raison pour laquelle il y aurait un problème.

     Jusqu'à ce qu'ils atteignent la gare.

     Apparemment, Carlos n’était pas le seul à avoir l’idée intelligente de vérifier l’arrivée du prochain train de Charmanville, car le quai de la gare était plein à craquer d'enfants du lycée d’Auradon. Ils étaient rassemblés autour de la voie ferrée, attendant le train avec l'appareil-photo de leurs téléphones-appareils prêts.

     "Et maintenant?" demanda Jane, les yeux écarquillés à la vue de tous les étudiants.

     Carlos repoussa ses épaules en arrière. Il n'allait pas perdre espoir. "Nous devrons simplement nous débrouiller et nous assurer de pouvoir obtenir une photo du ticket de quelqu'un."

     Carlos regarda le quai de la gare bondé. Il repéra Jay, Mal et Lonnie blottis autour du téléphone de Jay, comptant probablement leur score actuel. Carlos était désespéré de savoir combien de points ils avaient. Il n'avait aucune idée de où en était son équipe à ce moment-là avec leurs dix points. Étaient-ils quelque part près en haut du classement? Ou tout en bas?

     "Attendez-moi ici," dit Carlos à Jane et Evie. "Je reviens tout de suite. Je veux juste... euh, vérifier quelque chose."

     "Mais nous ne sommes pas censés nous séparer," souligna Jane. "Et le train arrive d'une minute à l'autre."

     "Tout va bien," lui assura Carlos. "Je serai tout près." Puis Carlos se précipita de l’autre côté de la plate-forme, où se tenait l’équipe de Jay. En chemin, il attrapa un journal du Auradon Times sur le stand à côté de la vitrine et l'ouvrit en grand pour pouvoir cacher son visage derrière. Il ne voulait pas que Jay, Mal ou Lonnie le voient fouiner. Mais il devait savoir. Un bon capitaine d'équipe devait toujours savoir où en était la compétition. Comme quand Jay savait toujours qui étaient les meilleurs joueurs du tournoi dans toutes les autres équipes et quels étaient leurs mouvements caractéristiques.

     Gardant le journal devant son visage, Carlos se rapprocha du groupe. Ils étaient toujours collés les uns aux autres, regardant quelque chose sur le téléphone de Jay.

     Jay parlait à voix basse. "Ok, donc avec la photo de la Boutique de Belle, la pantoufle de verre, la marionnette en bois et la rose jaune, cela porte notre score à trente-cinq points."

     Carlos grimaça. L'équipe de Jay avait déjà trente-cinq points? Et l’équipe de Carlos n’en avait que dix? Si l’équipe de Jay représentait la façon dont le reste de l’école s'en sortait, Carlos avait vraiment besoin d’intensifier son jeu. Même si son équipe était en mesure d'obtenir le billet de train du Auradon Express, il ne faisait aucun doute que l'équipe de Jay y arriverait aussi, et ils auraient encore vingt-cinq points de retard.

     "Il faut vraiment trouver un moyen d'amener Grincheux à poser pour un selfie," déclara Lonnie. "Cela rapporte vingt-cinq points."

     "Hors de question," dit Mal. "Doug m'a dit que son oncle Grincheux déteste se faire prendre en photo. C'est comme une passion. C'est la raison pour laquelle la Bonne Fée lui a donné le maximum de points. C’est parce que c’est impossible. Personne n'arrivera jamais à le convaincre de le faire, alors nous pouvons tout aussi bien oublier celui-là."

     "Et la recette du truc gris?" demanda Jay. "À quel point ce sera difficile?"

     "Cela dépend de l'humeur dans laquelle Lumière se trouve aujourd'hui," déclara Lonnie. "Il n'aime pas donner ses recettes secrètes."

     Jay se tourna vers Mal. "Tu sors avec le fils de la Belle et la Bête. Tu crois qu'il t'accordera un traitement spécial?"

     Mal haussa les épaules. "Ça vaut le coup d'essayer."

     Carlos sentit la peur envahir son ventre. L'équipe de Jay semblait tellement plus au top que son équipe. Ils étaient tous impliqués, faisant un effort, suggérant des idées. Pendant ce temps-là, il n’avait même pas pu convaincre Evie de détourner le regard de son téléphone assez longtemps pour prendre une photo!

     Juste à ce moment-là, Carlos entendit le sifflement d’un train et l’équipe de Jay brisa son cercle pour faire face à la voie ferrée. Carlos revint vers ses coéquipières au moment où les lumières du train commençaient à apparaître au virage du quai.

     "D'accord, l'équipe," déclara Carlos à Jane et Evie. "Nous en avons vraiment besoin. Ne gâchons pas cette chance." Il regarda Evie de façon insistante en disant cela, mais bien sûr, elle ne le remarqua même pas, car son visage était à nouveau plongé sur son téléphone.

     Carlos secoua la tête et soupira alors qu'il se tenait à côté de Jane, regardant le train approcher de la gare avec un crissement métallique strident.

     "Dès que vous voyez un passager descendre du train, foncez vers lui et demandez à prendre une photo de son billet."

     Jane hocha la tête. "Compris."

     Mais avant même que le train n'atteigne la gare, Carlos fut distrait par un bruit étrange venant du quai d'à côté. C'était faible au début, mais de plus en plus fort à chaque seconde. Carlos n'en était pas certain, mais il trouvait que cela ressemblait beaucoup à un enfant qui pleurait.

     

     

     

    CHAPITRE 14 : Mystérieux Gémissement

     Quel est ce bruit?

     

     Carlos regarda anxieusement le train qui approchait et le quai voisin. Il essaya de regarder par-dessus la tête de tous les autres étudiants du lycée d'Auradon attendant de bombarder les passagers qui descendaient du train, mais il ne pouvait pas voir ce qui faisait ce bruit.

     "Attendez," dit Carlos, et il fit quelques pas vers la plate-forme voisine.

     "Carlos," dit Jane. "Le train est presque arrivé!"

     Mais Carlos ne s’arrêta pas. Il pouvait mieux entendre le son à présent. Cela ressemblait vraiment à quelqu'un qui pleurait. Il était masqué par le sifflement du train entrant en gare.

     Carlos fit trois pas de plus dans la foule, et c’est là qu’il vit le garçon. Il était recroquevillé sur le sol au milieu du quai vide, sanglotant. Il ne semblait avoir que six ou sept ans. Les cheveux du garçon étaient blancs, tout comme ceux de Carlos, ce qui le surprit. Il n'avait encore jamais vu d'autre enfant avec des cheveux blancs.

     Carlos cligna des yeux et pendant une seconde, il ne put plus voir le garçon. Il ne voyait que lui-même. Un petit garçon effrayé, blotti dans le placard à fourrures de sa mère, pleurant pour être libéré. Il sentit une vague de peur le traverser, comme s'il était encore là-bas dans ce placard.

     "Carlos!" dit Jane, le ramenant à la gare. "Que se passe-t-il?"

     "Nous devons l'aider," déclara Carlos, hébété.

     "Aider qui?" demanda Jane, confuse. Mais ensuite, elle regarda dans la direction où Carlos regardait et vit le garçon. "Oh mon Dieu! Qu'est-ce qui ne va pas avec lui?"

     Carlos secoua la tête. "Je ne sais pas. Mais on ne peut pas rester là les bras croisés." Et il s'avança ensuite, rappelant à Jane et Evie de venir avec lui. Carlos pouvait entendre le sifflement du train de Charmanville qui entrait en gare, mais il s'en moquait. C'était plus important.

     Lorsqu'il atteignit le garçon qui pleurait, il s'arrêta et s'agenouilla à côté de lui. "Hé, hé, petit gars," dit-il d'une voix apaisante. Une voix qu'il n'avait jamais entendue de sa mère. "Qu'est-ce qui se passe?"

     Le garçon leva les yeux. Son visage était couvert de larmes. Ses yeux étaient rouges et gonflés. Il cligna des yeux, l'air confus, comme s'il n'arrivait vraiment pas à croire ce qu'il voyait. "Carlos?" demanda le garçon.

     À présent, c'était Carlos qui avait l'air confus. "Je te connais?"

     En réponse à la question, le garçon bondit et jeta ses bras autour du cou de Carlos. Carlos ne savait pas quoi faire. Il n'avait certainement pas reconnu le garçon. Il lui tapota maladroitement le dos et leva les yeux vers Jane, qui était arrivée avec Evie.

     Jane leva les mains, comme pour demander, Qu'est-ce que j'ai manqué?

     Mais Carlos secoua simplement la tête.

     Le garçon renifla dans la veste en cuir de Carlos. "Carlos! Je n'arrive pas à croire que c’est vraiment toi. Maman a dit qu'on ne te verrait pas si on venait à Auradon. Que c'était une ville trop grande et que les chances de te croiser étaient trop petites. Mais je savais qu'on te verrait. Je le savais!"

     Carlos, toujours déconcerté par l’échange, recula pour pouvoir regarder le garçon dans les yeux. Il examina le visage de l’enfant à la recherche de quelque chose de familier, mais une fois de plus, il ne trouva rien. "Comment je te connais?" demanda Carlos.

     Le garçon secoua la tête, ses yeux encore pleins de larmes. "Tu ne me connais pas."

     "D'accoooord," dit Carlos. Cela devenait de plus en plus étrange. "Alors comment est-ce que tu me connais?"

     "Tu plaisantes?" s'exclama le garçon. "Tu es mon héros!"

     Carlos renifla. "Je pense que tu m'as confondu avec quelqu'un d'autre."

     Mais le garçon secoua fermement la tête. "Non. C'est toi. Tu es mon héros. J'ai entendu parler de toi quand tu es arrivé à Auradon depuis l'Île de l'Oubli. Tu étais à la télévision et dans le journal. Tu es tellement cool. Tu es mon enfant de méchant préféré." Puis le garçon sembla remarquer Evie se tenant là pour la première fois et ses yeux s'écarquillèrent. "Pardon!" dit-il à Evie, l'air pris au dépourvu.

     Evie eut un sourire tendre et bienveillant. "Pas besoin de t'excuser. Je suis d'accord. Carlos est plutôt cool."

     "À quoi ressemble l'école d'Auradon?" demanda le garçon à Evie. "C'est incroyable? Mon père est allé à l'école d'Auradon il y a longtemps. J'ai hâte de pouvoir y aller!"

     Evie sourit. "C'est assez incroyable."

     "Que fais-tu dans cette gare tout seul?" demanda Carlos.

     Cela sembla rappeler au garçon pourquoi il pleurait en premier lieu. Ses yeux se remplirent à nouveau de larmes, il pencha la tête en arrière et se mit à pleurer. Il avait l'air d'essayer de dire quelque chose mais ses mots étaient étouffés par des sanglots.

     "Chuuut," fit Carlos, essayant de le calmer. "Chut. Ça va aller bien. Du calme. Prends une profonde inspiration."

     Le garçon fit ce que disait Carlos, réussissant finalement à former des mots cohérents. "J'ai perdu ma maman."

     "Awww." Jane s'agenouilla à côté du garçon. "Ça va aller. Ne t'inquiète pas. Nous allons t'aider à la retrouver. Pas vrai, les amis?" Jane regarda Carlos et Evie.

     "Bien sûr!" déclara Evie.

     Carlos jeta un coup d'œil au quai d'à côté et put voir que le train de Charmanville s'était arrêté et que les portes s'ouvraient. Il savait que s'ils aidaient ce garçon, ils risquaient de perdre leur chance d'obtenir un billet de train de l'Auradon Express. Ils pourraient perdre leur chance à vingt points. Une vingtaine de points très cruciaux.

     "Carlos?" dit Jane.

     Carlos secoua la tête. C'était ridicule. Il ne pouvait pas laisser ce petit garçon se débrouiller tout seul. Cela ne rendrait pas Carlos meilleur que sa mère. Il n'avaient qu'à obtenir ces points d’une autre manière. Il y aurait peut-être un autre train de Charmanville qui arriverait plus tard dans la journée.

     "Bien sûr que nous allons t'aider." Carlos se leva et tendit la main pour que le petit garçon la prenne. Le garçon regarda incrédule la main et le visage de Carlos, un sourire de la taille de la Baie de Triton apparaissant sur ses lèvres. Il prit la main de Carlos et Carlos l’aida à se relever. Le garçon portait un pantalon en cuir noir et blanc qui ressemblait beaucoup à celui de Carlos. En plus, il portait un vieux T-shirt bleu miteux qui était environ quatre tailles trop grand pour lui, avec les mots COL RAD imprimés sur le devant en lettres jaunes délavées. Carlos supposait que "col rad" devait être une sorte de truc populaire pour les enfants d'Auradon dont il n'avait jamais entendu parler.

     Pendant que Carlos guidait le garçon dans la gare, il jeta un coup d'œil à Jane, qui rayonnait de fierté. Il lui fit un clin d'œil et elle lui en fit un en retour.

     "Tout d'abord, je dois te poser la question la plus importante de toutes," dit Carlos au garçon.

     Le garçon le regarda avec une joyeuse anticipation, comme s'il attendait un édit du roi Ben lui-même. "Quoi?"

     Carlos lui serra la main. "Comment tu t'appelles?"

     

     

     

    CHAPITRE 15 : Chiot Perdu

    L’enfant s’appelait Henry et, heureusement, il ne nous a pas fallu longtemps pour retrouver sa mère.

     

     Carlos et son équipe apprirent qu'Henry et sa mère avaient été séparés en descendant du train de Grimmsville, où ils vivaient. Sa mère était malade d'inquiétude, le cherchant partout dans la gare. Quand elle vit son petit garçon guidé par Carlos, Evie et Jane, elle poussa un cri de soulagement et courut vers eux, prenant le garçon dans ses bras et embrassant son visage encore et encore.

     Carlos se sentit heureux de voir Henry retrouver sa mère, mais il ressentit aussi un pincement de jalousie. Sa propre mère n'avait jamais couru après lui comme ça. Elle ne l'avait jamais pris dans ses bras comme ça. Sa mère ne lui a jamais montré aucune affection. Elle lui prêtait à peine attention à moins qu'elle n'ait besoin de lui pour faire une course pour elle ou pour gratter les oignons sur ses pieds.

     "Merci!" déclara la mère d'Henry à l'équipe après avoir reposé son petit garçon. Elle se tourna vers Carlos et eu un temps d'arrêt. "Attendez une minute, vous êtes..."

     "Oui, Maman!" gazouilla le garçon. "C'est lui! C’est Carlos D'Enfer!"

     Le sourire de la mère tripla de volume. "Eh bien, tu sais quoi? C'est lui! Quelle merveilleuse journée." Elle se tourna vers Carlos. "C'est votre plus grand fan. Il aime vraiment les ordinateurs. Quand il a découvert que vous aussi, vous êtes devenu son héros."

     "On peut prendre une photo? On peut? On peut? On peut?" Le garçon commença à sauter sur place en tirant sur la main de sa mère. "S'te plaît! S'te plaît! S'te plaît!"

     Carlos ne put s'empêcher de glousser. "C'est bon pour moi, mon pote."

     La mère sortit son téléphone de son sac et voulut allumer l'écran. Son visage s'assombrit, déçu. "Oh non. Chéri, je suis vraiment désolée. Ma batterie est morte."

     Le garçon avait l'air de quelqu'un à qui on venait de lui dire que les fées n'existaient pas.

     "Ce n'est pas grave," déclara Carlos, intervenant pour sauver une fois de plus la situation. Il sortit son propre téléphone et le tendit à Jane. "On peut utiliser le mien et je vous enverrai la photo. Ça vous va?"

     La mère du garçon lança à Carlos un autre sourire reconnaissant, et Carlos et Henry posèrent au centre de la magnifique gare aux parois de verre. Carlos se mit à genoux afin d'être à la même taille que Henry. Il passa son bras autour des épaules de Henry et fit un sourire radieux vers la caméra. Jane prit la photo.

     Après avoir envoyé la photo à la mère de Henry et leur avoir dit au revoir, Carlos et son équipe retournèrent sur le quai où ils avaient attendu le train de Charmanville.

     Les épaules de Carlos s'affaissèrent quand il vit que le quai était complètement désert. Le train s'était vidé et tous les passagers étaient partis. Les étudiants qui circulaient, attendant de prendre des photos de billets, étaient également partis.

     Ils avaient tous vingt points de plus maintenant.

     Et l’équipe de Carlos repartait une fois de plus les mains vides.

     

     

     

    CHAPITRE 16 : Lécher Les Plaies

    Je suis super dégouté. On vient de perdre un tas de points dont on avait besoin. Ça ne se passe pas comme prévu.

     

     Dix minutes plus tard, Jane, Carlos et Evie étaient assis sur la terrasse d'un café du centre-ville d'Auradon, en train de déjeuner. Carlos mangeait un sandwich, Jane sirotait un smoothie et Evie, bien sûr, tapait quelque chose sur son téléphone. Carlos n’avait même pas voulu s’arrêter pour le déjeuner. Ils avaient déjà perdu assez de temps aujourd'hui, mais Jane avait insisté.

     "Tu dois manger," avait-elle dit. "Tu as besoin de force. Un capitaine n'est pas bon avec un estomac vide."

     À ce moment précis, l’estomac de Carlos avait grogné et il avait cédé. Jane avait raison en quelque sorte. De plus, ils avaient besoin de se regrouper et d'élaborer leur prochain plan. Ils n’avaient toujours que dix points et il était certain que l’équipe de Jay en avait au moins cinquante-cinq, si ce n'est plus, en ce moment.

     "Je n'arrive pas à croire à quel point on est à la traîne," murmura Carlos en prenant une gorgée de son lait au chocolat.

     "Ouais, mais ça en valait la peine," déclara Jane. "Regarde comme vous êtes mignons tous les deux." Elle avait fait défiler les photos sur le téléphone de Carlos et le retourna à présent afin qu’il puisse voir la photo de lui et d’Henry sur l’écran. "Regarde son sourire. Tu es comme une célébrité pour lui!"

     Carlos s'en moquait. Quelle célébrité il était. Il n’avait même pas réussi à obtenir plus de dix points dans une chasse au trésor. Il regarda la photo, se concentrant sur le T-shirt et le pantalon en cuir du garçon. Avec les cheveux blancs assortis et ces pantalons, Carlos et Henry pouvaient facilement passer pour des frères. Henry avait appelé Carlos son héros, mais Carlos ne se sentait certainement pas comme un héros à ce moment-là. Il se sentait comme un raté.

     "Cela me rappelle l'époque où je faisais le stage pour Carina Samovar et où nous avons organisé une grande fête d'anniversaire pour le fils de John Darling. Il avait sept ans. Tous les enfants étaient tellement adorables."

     "Carina Samovar est mon idole," déclara Evie, posant finalement son téléphone. "C’est une femme d’affaires tellement avisée. Tu as trop de chance d'avoir décroché un stage avec elle. Comment c'était? Est-ce que c'était le meilleur été de ta vie?"

     Le visage de Jane s'affaissa. "En fait non. Pas vraiment."

     Evie eut l'air confuse. "Quoi? Pourquoi pas? Elle est censée être brillante."

     "Elle l'est," dit Jane. "Mais je ne crois pas qu'elle ait pensé que j'étais vraiment brillante."

     Le regard de Carlos se tourna vers Jane. "Quoi? C'est impossible. Tu n'as pas passé un week-end entier à organiser l'inventaire de ses provisions de fête? Et tu n'es pas resté éveillé jusqu'à trois heures du matin à tresser des fleurs sur un mur de jardin?"

     Jane haussa les épaules. "Ouais, mais elle ne devait pas penser que j'avais fait du très bon travail. Elle ne m'a jamais fait un seul compliment de tout l'été."

     "Jane," commença doucement Evie, mais il était clair que Jane ne voulait plus en parler, car elle interrompit rapidement Evie.

     "Tout cela appartient au passé. Cela n’a pas d’importance. Concentrons-nous sur la chasse au trésor." Puis elle lança à Evie et Carlos un sourire dont Carlos put instantanément dire qu'il était faux.

     "D'accord," dit Carlos avec circonspection, se demandant s'il devait laisser tomber ça. Mais il était clair d'après l'expression de Jane qu'elle avait fini d'en parler. Il prit note mentalement d'en parler plus tard, une fois la chasse terminée. "Revoyons la liste et décidons de ce qu'il faut faire ensuite." Il reprit son téléphone à Jane et cliqua sur le message de la Bonne Fée qu'il avait reçu ce matin-là.

     Il balaya les deux premiers éléments de la liste:

     Une marionnette en bois - 5 points
     Une pantoufle de verre - 5 points

     Ils avaient déjà ces deux-là. Carlos continua plus bas.

     Une photo de votre équipe posant dans la vitrine de la Boutique de Belle - 10 points

     Il ignora rapidement celui-là, ne voulant pas se souvenir du refus d'Evie à l'écouter dans la boutique. Il était encore assez contrarié à ce sujet.

     Un billet de train de l'Auradon Express au départ de Charmanville — 20 points

     Celui-là était maintenant peine perdue. Après que Henry et sa mère aient quitté la gare, Carlos avait vérifié les écrans d'information qui s'affichaient sur la borne. Le prochain train en provenance de Charmanville n'arriverait qu'à sept heures du soir. D'ici là, il serait trop tard. Ce qui signifiait que tous les espoirs d'obtenir le numéro quatre de la liste avaient disparu. Carlos soupira et continua.

     Une fourchette de pixie violet-or - 25 points

     Carlos regarda son équipe avec espoir. "Est-ce que quelqu'un sait ce qu'est une fourchette de pixie violet-or? Cela vaut vingt-cinq points."

     Evie secoua la tête. "Aucune idée."

     Il se tourna ensuite vers Jane qui, pour une raison quelconque, évitait de regarder Carlos dans les yeux. Elle regardait fixement la paille de son smoothie. Peut-être qu'elle pensait encore à Carina Samovar. "Je pense qu'on devrait laisser tomber celui-là," dit-elle doucement. "Ça me paraît difficile."

     Carlos fronça les sourcils et revint à la liste.

     Un selfie avec Grincheux - 25 points

     Carlos repensa à la conversation des membres de l'équipe de Jay qu’il avait entendue sur le quai du train. Mal avait dit que convaincre Grincheux de prendre un selfie serait impossible. Mais Carlos devait se demander si c'était vrai. Vingt-cinq points aideraient beaucoup son équipe. Cela les mettrait à trente-cinq, seulement vingt points derrière l’équipe de Jay, en supposant qu’ils n’aient pas déjà obtenu d’autres gros éléments.

     Il leva les yeux vers Evie, qui avait à nouveau son visage plongé dans son téléphone. Ses sourcils étaient froncés et la salade devant elle était complètement intacte.

     "Evie," dit Carlos.

     "Hmm?" répondit Evie sans lever les yeux.

     "Tu crois pouvoir convaincre Grincheux de prendre un selfie avec nous? Tu sors avec son neveu."

     Evie secoua immédiatement la tête. "Pas question. Y a pas moyen. Cet homme est catégoriquement contre toutes sortes de photos. La seule chose qu'il déteste plus que les photos, c'est rire. On devrait oublier ça parce que personne dans la compétition n'obtiendra ces points. Il faudrait un tour de magie pour le convaincre de prendre ce selfie."

     Carlos se renfrogna et passa à l'élément suivant de la liste:

     La recette du "truc gris" du Bistro de Lumière - 20 points

     Mais il n'arrivait à se concentrer sur aucun des mots sur son écran, parce que quelque chose qu'Evie avait dit résonnait à ses oreilles.

     Il faudrait un tour de magie pour le convaincre de prendre ce selfie.

     Un tour de magie...

     Carlos regarda rapidement l’écran de son téléphone et relut le numéro six de la liste - la recette du truc gris du Bistro de Lumière. Il se souvenait que Lonnie avait dit que cela aussi était presque impossible. Lumière donnait très rarement ses recettes.

     Soudain, Carlos sentit une idée se former au fond de son esprit. Une idée qui impliquerait de faire quelque chose qu'il s'était juré de ne pas faire. Mais ils étaient désespérés. Ils manquaient de temps. Ils n'avaient plus que trois heures avant la fin de la chasse au trésor et ils étaient loin derrière les autres équipes.

     Ils avaient juste besoin d'un petit coup de pouce. D'un petit raccourci-clavier. D'un petit peu d'aide. Pour les remettre sur les rails.

     "Tu sais," dit Evie en posant son téléphone, "comme je le disais avant, je pense qu'il y a un noisetier sur le campus. On pourrait aller vérifier et voir comment obtenir le numéro huit."

     Mais Carlos rejeta son idée d'un geste de la main. "En fait, j'ai un plan!"

     "Génial!" déclara Jane en finissant de boire son smoothie. "Allons-y!" Carlos la dévisagea. Était-ce juste son imagination ou Jane semblait un peu trop impatiente de quitter le café?

     Carlos repoussa sa chaise de la table. "Nous devons juste faire un arrêt rapide à mon dortoir."

     

     

     

    CHAPITRE 17 : Comme Un Chien Avec Son Os

     Je ne peux pas abandonner l’idée d’utiliser le collier pour nous aider. On a juste besoin de marquer quelques points et de rattraper les autres équipes.

     

     "Je ne comprends pas ce qu'on fait ici," se plaignit Evie alors qu’ils se tenaient à la porte de la petite chaumière en bois de Grincheux. "Je te l'ai déjà dit, il n'acceptera pas. C'est une perte de temps."

     Carlos toucha discrètement le collier de chien rouge qu'il avait glissé à son poignet et caché sous la manche de sa veste. "Je me sens chanceux." Il frappa fort à la porte.

     Evie haussa un sourcil. "La chance n'a rien à voir avec ça. Selon Doug, ce gars est très désagréable."

     Juste à ce moment-là, la porte s'ouvrit et Carlos, Evie et Jane regardèrent tous le petit homme avec les bras croisés debout devant eux. "Qu'est-ce que vous avez à frapper à ma porte à une heure de l'après-midi?" aboya-t-il.

     "Je suis désolée, monsieur," dit rapidement Jane. Elle était toujours la première à essayer d'aplanir une situation difficile. "Nous espérions pouvoir prendre un selfie avec vous."

     Grincheux souffla. "Un quoi?"

     "Un selfie," répéta Jane, prononçant le mot lentement.

     "Qu'est-ce que c'est que ça?" grogna Grincheux.

     "Oh!" Evie se ragaillardit, voulant clairement être celle qui expliquerait ce phénomène culturel particulier. "C'est cette grande invention où vous tenez l'appareil photo comme ça" - elle plaça son téléphone devant son visage et rejeta ses cheveux en arrière - "et vous prenez une photo de vous-même. Vous voyez? Selfie." Elle lança un sourire chaleureux au nain jusqu'à ce que son téléphone émette un bip indiquant un nouveau message et qu'elle abaisse l'appareil pour le lire. "Désolé, je dois répondre très vite."

     "Je ne prends pas de photos avec des enfants," grogna Grincheux.

     "Oh, ce n'est pas grave," dit Jane. Elle souriait tellement qu'elle avait l'air de déformer son visage. "Parce que techniquement nous ne sommes pas des enfants. Nous sommes des adolescents. C'est donc différent."

     "Je ne prends pas de photos avec des adolescents," déclara Grincheux, les bras toujours croisés sur sa poitrine. Carlos nota qu'il avait vraiment l'air assez mécontent.

     "C'est pour une bonne cause," essaya Jane.

     Grincheux renifla. "Si vous voulez servir une bonne cause, sortez de chez moi." Il était sur le point de leur refermer la porte au nez quand Carlos tendit le bras pour l'arrêter.

     "Carlos," murmura Jane en guise d'avertissement, "Qu'est-ce que tu fais? Il a dit qu'il ne le ferait pas."

     Carlos lança un sourire à Jane. "Laisse-moi essayer." Il se pencha pour regarder Grincheux dans les yeux. Le nain le regarda avec défi.

     "Monsieur... euh, Grincheux" commença Carlos avant de s'éclaircir la gorge. "Vous voyez, nous participons à la Chasse au Trésor annuelle du Lycée d'Auradon et..."

     "Peu m'importe ce à quoi vous participez, je vous ai dit de sortir de chez moi."

     Evie, qui venait apparemment de finir de répondre à son message, tapota doucement l'épaule de Carlos. "Je pense qu'on devrait peut-être y aller. C'est exactement ce que j'ai dit qu'il se passerait."

     Mais Carlos l'ignora. Il secoua légèrement son poignet, sentant le cuir souple du collier de chien frotter sa peau. "Comme je le disais," poursuivi-t-il sur un ton autoritaire, "nous participons à la Chasse au Trésor annuelle du lycée d'Auradon et nous devons prendre un selfie avec vous. Cela vaut beaucoup de points, alors je vais poursuivre et j'exige, que vous soyez un homme - ou un nain, ou autre chose - que vous preniez la photo avec nous."

     Les mots de Carlos étaient si audacieux et autoritaires, que Evie et Jane grimacèrent et regardèrent Grincheux, s'attendant à ce qu'il explose avec son mauvais caractère habituel. Mais il ne le fit pas. Il resta là un moment, les bras toujours croisés sur sa poitrine, à regarder Carlos hébété, comme s'il s'était endormi les yeux ouverts. Finalement, il haussa les épaules et déclara: "D'accord, d'accord, mais faisons vite. Mon émission de télé préférée commence dans quelques minutes."

     La bouche d'Evie s'ouvrit. Jane était complètement sans voix. Carlos sourit et remercia le nain alors qu'il se glissait à côté de lui et passait son bras autour de l'épaule de Grincheux. Il passa la caméra de son téléphone en mode selfie et la leva au-dessus de sa tête. Mais quand il regarda l'écran, il vit que seuls lui et Grincheux étaient dans le cadre. "Les filles? Vous venez ou quoi?"

     Les filles étaient toujours debout là, regardant Carlos avec une admiration absolue. Elles se mirent au garde-à-vous et courrèrent vers Grincheux et Carlos, se plaçant dans la photo.

     "Souriez!" déclara Carlos. Evie et Jane sourirent toutes les deux à la caméra. Grincheux, dont Carlos était certain qu'il n'avait pas l'habitude de sourire, fit un effort pour relever les coins de sa bouche. Cela ressemblait plus à une grimace qu'à un sourire, mais ce n'était pas grave. Carlos prit la photo. Et tout d'un coup, les vingt-cinq points étaient à eux.

     "Comment est-ce que tu as fais ça?" demanda Jane quelques minutes plus tard après avoir fait un signe au revoir à Grincheux et l'avoir abondamment remercié.

     "Ouais," Evie fit écho à l'incrédulité de Jane. "Je n'ai jamais pensé qu'il serait jamais d'accord avec ça."

     Carlos haussa les épaules, sa confiance grandissant de minute en minute. "Qu'est-ce que je peux dire? Je suppose que je suis naturellement un leader né."

     

     

     

    CHAPITRE 18 : La Queue Qui Remue

    Tout au long du trajet jusqu'au Bistro de Lumière, Evie et Jane n'ont pas arrêté de parler de mon exploit incroyable. Je ne vais pas mentir; j'adore les compliments et l'attention, même si j'ai eu un peu d'aide pour l'obtenir.

     

     Lorsque le groupe arriva au restaurant et poussa la porte, ils faillirent percuter Jordan, Ben et Chad, qui sortaient, l'air contrariés. "Ça ne sert à rien d’entrer," râla Jordan. "Lumière ne dévoile pas sa recette secrète des trucs gris."

     Jane soupira et commença à faire demi-tour. "Tant pis. Notre chance aura été amusante le temps qu'elle a duré."

     Carlos l'attrapa doucement par le bras et la fit revenir sur ses pas. "Nous devons au moins essayer."

     "Vous ne m'avez pas entendu?" dit Jordan. "Il ne la donne pas."

     "C’est vrai," affirma Ben avec sympathie. "Nous avons tout essayé."

     "Je n'ai pas encore essayé," déclara Carlos avec suffisance.

     "Eh bien, bonne chance," déclara Chad avec sarcasme. "Lumière est le meilleur ami des parents de Ben, et s’il ne nous donne pas la recette, il ne la donnera certainement pas à deux enfants de méchants."

     Carlos haussa les épaules, sans se décourager. "Je ne sais pas, je suis connu pour être assez persuasif."

     "C'est vrai," admit Jane. "Vous auriez dû voir ce qu'il vient de faire à..."

     Mais Carlos couvrit rapidement sa bouche avec sa main. "Chut!"

     Jane lui lança un regard étrange. "Quoi? Qu'est-ce qui ne va pas? Pourquoi je ne peux pas le leur dire?"

     Carlos ne voulait pas que toute l’école sache qu’il avait convaincu Grincheux de prendre un selfie avec eux. Cela pourrait soulever des soupçons. Et il ne pouvait pas avoir un tas de regards méfiants dirigés vers lui en ce moment. La dernière chose dont il avait besoin était de se faire prendre en train d'utiliser la magie pour gagner la chasse au trésor et être disqualifié.

     Il sourit innocemment à Jane. "On ne peut pas révéler tous nos secrets."

     Jordan roula des yeux. "On s'en fiche de vos secrets. De toute façon, nous allons vous battre, les gars." Puis elle, Chad et Ben se précipitèrent vers la ville.

     Carlos attrapa la poignée de la porte du bistrot.

     "Tu ne crois pas que nous perdons notre temps?" demanda Evie, regardant encore un autre message sur son téléphone. "Si Ben n’a pas pu obtenir de Lumière sa recette, qu'est-ce qui te fait penser qu'on peut y arriver?"

     "Quel genre de leader je serais si je laissai maintenant les autres me dire ce que je peux et ne peux pas faire?" Carlos sourit et entra dans le restaurant, notant juste au passage le regard inquiet qu'Evie et Jane partageaient derrière lui.

     Le bistrot était actuellement fermé aux convives. Les serveurs étaient occupés à mettre les tables pour le dîner, à placer de magnifiques assiettes en porcelaine entre des couteaux et des fourchettes en argent étincelants, à faire briller des verres à pied en cristal clair et à allumer de longues bougies dans des chandeliers en laiton ornés.

     Dès que le groupe se regroupa à l'intérieur, Lumière sortit en courant de la cuisine, babillant dans son charmant accent français. "Oh, non. Non, non, Non. Pas un autre groupe de chasseurs de trophées. S’il vous plait, vous devez partir. Allez! Allez!"

     "Si vous voulez juste nous écouter..." commença à dire Carlos, mais Lumière ne tarda pas à l'interrompre.

     "Comme je l'ai dit au dernier groupe, personne n'aura ma recette secrète des trucs gris. Ni vous, ni Ben, ni personne."

     Evie croisa les bras. "Pourquoi la Bonne Fée la mettrait-elle sur la liste de la chasse au trésor si vous n'allez pas la donner?"

     L’expression de Lumière s’envenima. "Ça, je n'en ai aucune idée. Mais vous ne l'aurez pas. C'est une vieille recette de famille et je ne la laisserai pas circuler dans tout Auradon."

     "Nous avons juste besoin d'une photo de celle-ci," déclara Jane. "Nous promettons de la supprimer dès que les points seront comptés."

     Lumière gloussa. "C'est aussi ce que le dernier groupe a dit. Vous, les étudiants d'Auradon, vous êtes vraiment de petits négociateurs, mais ma réponse est toujours non."

     Carlos s'éclaircit la gorge et se fraya un chemin devant le groupe. "Laisse-moi gérer ça," murmura-t-il par-dessus son épaule à ses coéquipières. Il s'inclina devant Lumière. "Bonjour, monsieur," déclara Carlos avec une prononciation terrible. "Beau bistrot que vous avez là."

     "Merci," dit fermement Lumière avec son expression sévère.

     "Nous avons vraiment besoin de cette recette."

     "Et je vous ai dit..." commença Lumière, mais Carlos leva la main.

     "Laissez-moi reformuler," déclara Carlos, tortillant son poignet jusqu'à ce qu'il sentit la surface lisse et usée du collier sous sa manche. "Vous allez nous donner cette recette."

     Et juste au moment où Carlos dit ces mots, le regard de Lumière devint vitreux. Il fixa Carlos, la bouche légèrement entrouverte, la tête penchée. "Je vais vous donner cette recette," répéta-t-il. Il claqua des doigts. "Jacques!" il appela l'un des serveurs. "Apportez-moi la recette du truc gris!"

     "Mais, monsieur..." répliqua Jacques, l'air inquiet.

     "Maintenant!" lança Lumière. "Maintenant!"

     Jacques détala dans la cuisine, revenant un instant plus tard avec un lourd livre de cuir noir. Il l'avait ouvert à une page du milieu, dont Carlos pouvait voir qu'il s'agissait d'une recette. Jacques tendit le livre à Lumière, et Lumière l'offrit à Carlos, son expression encore vide.

     Alors que Carlos sortait son téléphone de sa poche et prenait la photo de la recette, il put à peine contenir son excitation. Vingt points de plus! Ils avançaient vraiment maintenant. Mais dans son empressement, le téléphone de Carlos glissa de ses doigts et, pendant un moment, sembla s'envoler dans les airs au ralenti, tournoyant encore et encore. Carlos plongea pour le rattraper. Il ne pouvait pas prendre le risque que le téléphone tombe par terre et se brise. Ils avaient trop de photos pour la chasse là dessus et il n'en avait pas encore téléchargé une seule sur le serveur du lycée d'Auradon.

     Heureusement, Carlos réussit à rattraper le téléphone avant qu'il ne touche le sol, mais pas à s'arrêter avant de percuter un serveur portant un plateau plein de verres remplit d'eau. Le plateau tomba et tout les verres d'eau glacée se déversèrent directement sur Jane, la trempant complètement. Jane poussa un cri à cause du choc et du froid.

     "Oh, mon dieu," déclara Lumière, se précipitant pour aider Jane.

     "Ne t'inquiète pas," dit Carlos en la rejoignant le premier. "Je gère." Il passa un bras autour des épaules de Jane. Elle était trempée et frissonnante. Il se sentait horrible. Après tout, c’était lui qui avait heurté le serveur. Sans réfléchir, Carlos retira sa veste en cuir et la passa autour des épaules de Jane.

     "Merci," dit Jane en claquant des dents.

     "Allez," dit Carlos, conduisant Jane vers la porte. "Viens te mettre au soleil là où il fait plus chaud."

     Mais Jane ne bougea pas. Elle semblait figée sur place. Et avant que Carlos ne puisse lui demander ce qui n'allait pas, il remarqua que quelque chose avait attiré l'attention de Jane. Elle fixait le bras gauche de Carlos.

     "Qu'est-ce que c'est?" demanda Jane, et Carlos put entendre une trace d'accusation dans sa voix.

     "Qu'est-ce que c'est quoi?" demanda Carlos, confus.

     "Ça." Jane tendit son doigt vers le poignet de Carlos, et Carlos sentit soudain un frisson parcourir son corps, même si, contrairement à Jane, il était à 100% sec.

     Jane montrait le collier de chien.

     

     

     

    CHAPITRE 19 : La Queue Entre Les Jambes

    Oh-oh. Je crois que je vais avoir des ennuis. Et je le mérite probablement.

     

     "Alors, qu'en dis-tu?" demanda Carlos en sortant du Bistrot de Lumière. "Est-ce qu'on devrait essayer de trouver un bol de gombo mondialement célèbre de Tiana? Est-ce qu'ils servent même ça en dehors du bayou? Ou peut-être qu'on devrait essayer de trouver le noisetier dont Evie parlait. Est-ce que quelqu'un sait où trouver un vieux T-shirt de gym du lycée d'Auradon?" Il divaguait maintenant, et il le savait. Mais il n'arrivait tout simplement pas à supporter le regard de Jane. Elle regardait toujours son poignet gauche. Il essaya de couvrir le collier avec sa main droite, mais c'était trop tard pour ça. Jane l'avait vu et elle pouvait clairement dire que quelque chose n'allait pas.

     "Carlos," dit Jane d'une voix curieuse, comme si elle essayait d'assembler les pièces. "Qu'est-ce que c'est?"

     Evie leva les yeux du message qu'elle tapait sur son téléphone. Elle regarda le collier de chien, qui dépassait de la main de Carlos, et haussa les épaules, apparemment pas aussi préoccupée par l'objet que Jane. "On dirait un collier de chien. Je l'aime bien. Très approprié avec tout ce look dalmatien-chic qu'il s'est créé. En fait, je l'aime vraiment. Je vais prendre note de mettre plus d’accessoires pour collier de chien dans la gamme de ma prochaine saison." Puis elle recommença à tapoter sur son téléphone.

     Carlos regarda Jane avec espoir, se demandant si le petit discours d'Evie l'avait peut-être convaincue de laisser tomber ses soupçons, mais Jane était trop intelligente pour cela. Et avec la magie dans son sang, elle pouvait clairement sentir qu'il se passait quelque chose de louche ici.

     "Où est-ce que tu l'as eu?" demanda Jane à Carlos.

     L’instinct immédiat de Carlos fut de mentir. Pour lui dire qu’il l’avait trouvé quelque part. Ou qu'il l'avait acheté dans un magasin du centre-ville d'Auradon. C'était sa porte de sortie, sa chance de s'en sortir sans peine et de continuer la chasse comme si de rien n'était. Mais ensuite Jane fit un pas vers lui et le regarda droit dans les yeux. Carlos regarda ses grands yeux bleus et sut tout de suite qu'il ne pouvait pas lui mentir. Pas à Jane. Il se souciait trop d'elle. De plus, il n’était plus sur l’Île. Ses jours de mensonges et de tricheries étaient censés être du passé.

     Et pourtant, il était... un tricheur. La preuve était attachée autour de son poignet. La culpabilité le frappa soudainement comme un coup de poing dans la poitrine.

     Carlos ferma les yeux. Il ne pouvait pas la regarder pendant qu’il le disait. Il ne pourrait pas supporter de voir sa réaction lorsqu'il lui avouerait qu'il avait triché. Qu'il était retombé dans ses anciennes habitudes. Que la tentation de gagner - de prouver quelque chose - avait été trop forte pour lui. Il voulait juste être vu comme un leader.

     Et puis, une pensée troublante frappa Carlos.

     Peut-être que je ne suis tout simplement pas un leader. Peut-être que ma mère avait raison. Peut-être que je serai toujours un petit acolyte triste et faible. Peut-être que je n’ai tout simplement pas ce qu’il faut pour être un bon capitaine d’équipe. Après tout, j'ai dû tricher juste pour nous obtenir quelques points minables. Peut-être que je devrais simplement accepter mon destin en tant qu'acolyte pour toujours. Le gentil gars qui aide les gens. C’est tout ce pour quoi je suis vraiment doué.

     Carlos soupira, et les yeux toujours fermés, il dit, "Je l'ai reçu de ma mère. C’est un collier de chien magique. Elle me l'a donné avant que je quitte l'Île. Celui qui le porte peut convaincre n'importe qui de faire n'importe quoi. Comme un chien obéissant à son maître."

     Quand Carlos trouva enfin le courage d'ouvrir les yeux, il regarda d'abord Jane, puis Evie. Jane ne portait pas l'expression déçue qu'il s'attendait à voir. Son visage était plus pensif et profond. Celui d'Evie était surpris.

     "C'est comme ça que tu as réussi à convaincre Grincheux de prendre le selfie?" demanda Evie.

     Carlos hocha la tête.

     "Et que tu as réussi à convaincre Lumière de donner sa recette," conclut Jane.

     Carlos hocha de nouveau la tête, sentant la honte couvrir tout son corps comme un épais manteau de fourrure.

     "Mais... mais..." bégaya Jane, comme si elle essayait de trouver les bons mots. "Mais pourquoi? Est-ce vraiment comme ça que tu veux gagner?"

     Carlos soupira et regarda le sol. Il frappa un caillou égaré avec le bout de sa botte. "Non... oui... Je ne sais pas! Je voulais juste..." Il s'arrêta et essaya de rassembler la force d'admettre à ses coéquipières ce qui l'avait tracassé toute la journée, peut-être même toute sa vie. "Je voulais juste être un grand leader! Je voulais être plus que Carlos, le gentil garçon, le meilleur ami de tout le monde. Le type à qui on s'adresse lorsqu'on a besoin d'aide avec son ordinateur. Le gars vers qui on se tourne quand on a besoin de conseils pour savoir comment inviter quelqu'un au prochain bal. Je ne suis jamais le gars à qui on demande d'être aux commandes." Il sentit ses épaules s'affaisser. Retirer tout cela de sa poitrine était un soulagement, mais le poids de ce qu'il avait fait était là, attendant de l'écraser à nouveau.

     Jane fronça les sourcils et échangea un regard avec Evie, comme si elles essayaient toutes les deux de trouver les bons mots à dire, mais toutes les deux étaient incapables de les trouver.

     "Je ne suis pas comme toi, Jane," continua Carlos. "Tout le monde te considère comme une meneuse. Même avec cette application qu'on doit concevoir pour le cours des Règles de Sécurité d'Internet. Tout le monde s'est immédiatement tourné vers toi au moment de choisir un chef de projet. Personne ne se tourne jamais vers moi pour ce genre de choses."

     Jane laissa échapper un petit rire triste. "C’est vraiment gentil, Carlos, mais personne ne se tourne vers moi parce qu’ils pensent que je suis une meneuse. Ils se tournent vers moi parce que je suis organisée. Et à cause du stage que j'ai effectué avec Carina Samovar l'été dernier. Ils supposent que je dois savoir comment planifier les choses." Jane se tut. "Bien que je ne pense pas que Carina Samovar serait d'accord avec eux."

     "Ce n'est pas vrai," déclara Carlos. "Je suis sûr que tu as fait un travail formidable avec ce stage."

     Jane secoua la tête. "Tu ne sais pas."

     "Si," insista Carlos. "Parce que je te connais et je crois en toi."

     "Et nous, on croit en toi," répondit rapidement Jane.

     Elle se tourna vers Evie, qui hocha la tête. "Absolument!"

     Carlos ricana. "Eh bien, tu ne devrais pas. Avant de mettre ce collier, on avait marqué dix misérables points! Dix! J’ai échoué à être un capitaine d’équipe toute la journée. On a raté la photo à la Boutique de Belle. On a raté le billet de train en provenance de Charmanville..."

     "Oui, mais c'est uniquement parce que tu as aidé Henry à retrouver sa mère," fit remarquer Jane.

     Carlos leva les mains en l'air. "Exactement! On a manqué un élément énorme sur la liste parce que le bon vieux Carlos fiable devait aller aider quelqu'un. Quelle surprise."

     "Es-tu en train de dire que tu regrettes de l'avoir aidé?" demanda Jane, déconcertée.

     "Non!" répondit Carlos, énervé. "Bien sûr que non. C'est juste... c'est le problème. Je ne suis pas un leader. Et je ferai aussi bien d'accepter ça."

     "Ce n’est pas vrai", déclara Evie en s’avançant et en posant une main tendre sur l’épaule de Carlos. "Tout ce qui est arrivé à la Boutique de Belle était de ma faute. Pas la tienne."

     Carlos renifla. "Exactement. Je n'arrive même pas à faire en sorte que toi - l’une de mes meilleurs amies - m'écoute. C’est dire à quel point je suis horrible comme capitaine d’équipe. Tu ne suis même pas mon exemple." Il fit un signe de tête vers la poche où Evie avait rangé son téléphone. "Tu as clairement mieux à faire que d'écouter ce que j'ai à dire."

     Pendant dix secondes, Evie ne répondit pas. Elle regarda Carlos, bouche bée et sans voix. Puis, finalement, après ce qui ressemblait à une éternité, elle laissa échapper, "Oh mon Dieu, Carlos! Non!"

     Les larmes lui montèrent aux yeux, prenant Carlos par surprise. Il ne s'était pas attendu à ce qu'il la fasse pleurer. Maintenant, il se sentait encore plus mal qu'avant.

     Evie se dirigea vers un banc voisin et se laissa tomber dessus. Elle frotta ses mains sous ses yeux. "Carlos, ça n'a rien à voir avec toi."

     Sentant qu'il se passait quelque chose de plus important, Carlos s'assit à côté de son amie. "Evie, de quoi tu parles? Qu'est-ce qui se passe?"

     Evie laissa échapper un souffle frémissant. "C'est... c'est..." Puis les mots commencèrent à couler d'elle si vite que Carlos eut du mal à suivre. C'était comme si elle aussi se déchargeait pour la première fois. Rejetait tout ce qui la pesait. "C’est mon entreprise de mode - Evie’s Four Hearts. Je me suis plantée. Un vrai fiasco. J'étais tellement occupée et stressée avec toutes les commandes de robes qui arrivaient et tout mon travail scolaire, j'ai fait une énorme erreur."

     "Quelle erreur?" demanda Carlos. Il n’avait rien entendu à ce sujet.

     Evie renifla. "J'ai accidentellement passé une commande de deux cents pantoufles au lieu de deux cents fermetures éclair. J'avais besoin de fermetures éclair pour les robes que les gens achètent, mais à la place, je suis maintenant coincée avec un tas de pantoufles de maison avec des lapins dessus. J'ai envoyé des e-mails au fournisseur toute la journée pour essayer de résoudre ce problème. Sans parler de tous les clients que je dois contacter. Sais-tu combien il est difficile de dire à une princesse que la fabrication de sa robe est retardée?"

     Carlos gloussa poliment. "Je ne sais pas."

     Evie soupira. "Eh bien, elles n'aiment pas ça. Et je n’ai pratiquement fait que ça toute la journée. Je suis vraiment désolée, Carlos. Je me sens horrible que tu ais pensé, même pendant une seconde, que c'était à cause de toi. Je pense que tu as la capacité d'être un capitaine d'équipe fantastique. Les gens t'aiment et te respectent." Evie attrapa sa main et la serra. "Crois-moi, je ne voudrais faire partie d'une autre équipe que de la tienne."

     Un instant plus tard, Jane s'assit tranquillement sur le banc à côté de Carlos et attrapa son autre main. "Moi non plus."

     Carlos sentit une vague d'amour pour ses amies passer à travers lui, suivi peu après par une autre vague de culpabilité. Même s'il croyait Evie et Jane, les faits étaient les mêmes: il avait toujours triché. Il avait toujours utilisé la magie pour aider son équipe à gagner des points dans la chasse au trésor. Et maintenant, il ne savait pas quoi faire. Il ne savait pas comment chasser ce sentiment de culpabilité.

     Carlos se leva et se tourna vers Evie puis vers Jane, leur lançant des sourires reconnaissants. "Merci, les filles. Je n'aurais pas pu demander de meilleures coéquipières."

     "Où vas-tu?" demanda Jane. Sa voix était patiente et gentille. Jane était toujours tellement gentille. C'était ce que Carlos aimait le plus chez elle.

     "Je ne sais pas," admit Carlos. "Je vais… Je crois que j'ai besoin de réfléchir."

     Et avant que Jane ou Evie ne puisse le convaincre de rester, Carlos prit une profonde inspiration, se retourna et s'éloigna.

     C'était vrai ce qu'il avait dit. Il ne savait pas où il allait. Il errait simplement sans but dans le centre-ville d'Auradon, pensant à tout ce qui s'était passé ce jour-là.

     Pendant qu'il marchait, passant devant de petits magasins et restaurants, Carlos frotta sa main contre le cuir souple du collier de chien en regrettant ce qu’il avait fait.

     Il savait qu'il ne pourrait jamais vraiment gagner la compétition à présent. Ce ne serait pas bien. Il imagina qu'il pouvait tout simplement supprimer la photo de Grincheux et la photo de la recette secrète de Lumière, mais cela ne semblait pas suffisant.

     Au moment où il atteignit l'entrée du campus de l'école d'Auradon, Carlos sut ce qu'il avait à faire. Il avait le sentiment que sa décision décevrait ses coéquipières, mais c'était sa seule option. Evie avait raison. Les bons leaders sont dignes de confiance. Et Carlos avait rompu cette confiance. Maintenant, il devait tout réparer.

     Et il n'y avait qu'une seule façon de faire cela.

     Carlos devait se retirer de la Chasse au Trésor annuelle du Lycée d'Auradon.

     

     

     

    CHAPITRE 20 : À La Niche

    Je n'arrive pas à croire que je fais ça. Je sais que c’est la bonne chose à faire... mais alors pourquoi est-ce je me sens si mal? Pourquoi ai-je l'impression de laisser tomber toute mon équipe?

     

     Carlos était assis dans le bureau de la Bonne Fée, son genou rebondissant comme s'il avait été frappé par un sort d'agitation.

     Mais ce n’était pas une malédiction, c’était de la culpabilité. Il avait laissé tomber toute son équipe au moment où il avait décidé de mettre ce collier pour chien. Et il le savait.

     "Carlos," dit jovialement la Bonne Fée. "Comment ça va? Tu apprécies ta toute première Chasse au Trésor du Lycée d'Auradon?"

     Carlos avala sa salive. "J'abandonne la chasse."

     La Bonne Fée tressaillit, comme si quelqu'un venait de la piquer. "Quoi? Pourquoi?"

     Carlos parla très vite, essayant de tout sortir avant de perdre son sang-froid. "Parce que je ne suis pas un bon capitaine d’équipe. J'ai laissé tomber mon équipe. Elles méritent quelqu'un de mieux. J'espère que vous les laisserez continuer sans moi, car ce n'est pas de leur faute. C'est de ma faute. Je suis celui qui devrait être puni, pas elles. C’est pourquoi je me retire de l’équation. Evie et Jane devraient pouvoir terminer la chasse par elles-mêmes parce que..."

     "Whoa, whoa," dit la Bonne Fée, levant une main délicate. "Ralentis, Carlos. Prends une profonde inspiration."

     Carlos essaya, mais c'était comme si quelqu'un appuyait sur sa poitrine.

     "D'accord, reviens en arrière," demanda calmement la Bonne Fée. "Dis-moi ce qui s'est passé."

     Le regard de Carlos tomba sur le collier de chien rouge attaché à son poignet. Ma mère, voilà ce qui s'est passé, pensa-t-il tristement. Si elle ne m'avait pas donné ce collier pour chien, rien de tout cela ne serait arrivé.

     Mais même si Carlos le pensait, il savait au fond que ce n’était pas vrai. Ce n’était pas sa mère. C'était lui. C'était lui qui avait mis le collier de chien. C’était lui qui n’avait pas cru pouvoir y arriver par lui-même. C'était lui qui avait triché.

     Il dégrafa lentement le collier et le laissa tomber sur le bureau de la Bonne Fée. La petite plaque en forme d'os émit un tintement en claquant contre le bois. Le regard de la Bonne Fée glissa vers le collier du chien mais elle ne dit rien. Elle attendait clairement que Carlos s'explique.

     Il le fit donc. "Ma mère m'a donné ça avant de quitter l'Île. Il a des pouvoirs magiques. Quand je le porte, je peux donner un ordre à n'importe qui et ils doivent faire ce que je dis. Ils n'ont pas le choix. Je l'ai utilisé pour ordonner à Grincheux de prendre un selfie avec nous. Je l'ai utilisé pour ordonner à Lumière de nous donner la recette du truc gris. Et je l'ai utilisé pour vous ordonner de faire de moi capitaine d'équipe. Je suis un imposteur. Je suis un charlatan. Je ne mérite pas d’occuper ce rôle. Je ne suis pas un vrai leader."

     Puis Carlos sortit son téléphone de sa poche, fit défiler les photos de la recette de Lumière et le selfie devant la maison de Grincheux, les sélectionna toutes les deux et appuya sur Supprimer.

     La Bonne Fée le regarda avec une curiosité silencieuse. Elle n'avait pas encore prononcé un seul mot depuis qu'il avait retiré le collier. Carlos hocha la tête et commença à se lever. "Je crois que je vais y aller maintenant."

     "Attends," dit la Bonne Fée en levant une main puis en la baissant doucement pour indiquer à Carlos de retourner à sa place. Il s'exécuta. "Je salue ton honnêteté," dit-elle après une longue pause. "Et ta volonté de renoncer à tes chances de victoire pour faire ce qui est honorable." Elle fit un signe de tête vers son téléphone.

     Carlos attendit qu'elle continue. Mais plus ils restaient assis là en silence, plus il était convaincu qu'elle n'allait pas continuer. Qu'elle avait dit ce qu'elle avait à dire et que c'était tout. Il se prépara à se relever.

     "Cependant," annonça la Bonne Fée, "avec tout mon respect, je ne suis pas d'accord avec toi."

     Carlos fronça les sourcils, confus. "Quoi?"

     "Quand tu as dis que tu n'es pas un vrai leader. Je ne suis pas d'accord."

     Carlos ricana. N'avait-elle pas écouté un seul mot de ce qu'il avait dit? Il avait triché. Il l’avait forcée à le choisir comme capitaine d’équipe. Il avait utilisé la magie pour obtenir ce qu’il voulait. Il était loin d'être un leader.

     "Quand je t'ai choisi pour être capitaine d'équipe..." commença la Bonne Fée, mais Carlos l'interrompit rapidement.

     "C'est ça le truc. Je ne pense pas que vous compreniez ce que je dis. Je vous ai forcé à me choisir. Le collier vous a obligé à me choisir."

     La Bonne Fée leva à nouveau la main en l'air pour le faire taire. Carlos soupira mais ferma la bouche.

     "Ce collier" - la Bonne Fée tourna son regard vers l'objet en cuir rouge sur son bureau - "a peut-être forcé Lumière et Grincheux à faire ce que tu voulais, mais il ne m'a certainement pas forcé à t'obéir."

     Carlos la dévisagea, sans la suivre.

     La Bonne Fée laissa échapper un petit rire. "Carlos, j'ai choisi les capitaines d'équipe il y a une semaine."

     Il cligna des yeux, incrédule. "Quoi?"

     Elle acquiesça. "Donc, comme je disais, quand je t'ai choisi comme capitaine d'équipe, je l'ai fais parce que je savais que tu avais un potentiel de leader. J'ai vu la façon dont les autres enfants comptent sur toi. Ils viennent à toi pour obtenir de l'aide plus qu'ils ne viennent en demander aux professeurs. Ils t'adorent, Carlos."

     "Eh bien, ils ne font certainement pas ce que je dis," marmonna Carlos. Il ne pouvait toujours pas se résoudre à croire que la Bonne Fée l'avait choisi de son propre chef.

     La Bonne Fée gloussa à nouveau. "Tu penses que c'est ça diriger? Amener les gens à faire ce que tu dis? Donner des ordres? Convaincre les gens de te suivre aveuglément?"

     Carlos fronça les sourcils. "En quelque sorte."

     "C’est ce qu'on appelle une dictature," précisa la Bonne Fée.

     "C'est ce que fait ma mère," ajouta Carlos avec un rire sombre.

     La Bonne Fée lui lança un regard sympathique. "Diriger consiste à faire confiance à ton équipe. Les protéger. Mais surtout, diriger consiste à gagner le respect de ton équipe, ce que tu as déjà. Pratiquement au moment où tu es arrivé ici, les étudiants ont commencé à t'admirer et à t'apprécier. Je l'ai reconnu bien avant que tu n'ai décidé d'utiliser ce collier."

     Carlos regarda le collier abandonné sur le bureau de la Bonne Fée, réfléchissant. Pendant tout ce temps, il pensait que personne ne le voyait comme un leader. Il pensait qu'ils ne le voyaient que comme un ami qui aide. Mais ce n’était pas vrai. Il y avait au moins une personne qui le voyait comme un leader: la directrice de toute l'école.

     La Bonne Fée sourit, comme si elle pouvait lire les pensées de Carlos. "Être capitaine d'une équipe ne consiste pas à la diriger. Il s’agit de la rassembler, de l'aider à trouver ses forces, puis d’utiliser ces forces. Et c'est exactement ce que je te suggère de faire." La Bonne Fée jeta un coup d'œil à sa montre. "Mais vous ferez mieux de vous dépêcher, la chasse se termine dans moins de deux heures."

     Carlos soupira et se leva, puis son cerveau enregistra alors ce que la Bonne Fée venait de dire et tourna le tête vers elle. "Attendez, quoi?"

     "J'ai dis que vous aviez moins de deux heures, alors vous feriez mieux de vous dépêcher."

     "Vous voulez dire..." commença-t-il, hésitant. "Vous voulez dire que je ne suis pas disqualifié de la compétition."

     La Bonne Fée tendit la main et tira le collier du chien vers elle. "Tu as rendu cet objet magique. Tu es venu vers moi avec la vérité. Tu as même supprimé les photos des objets que tu as collectés de manière malhonnête. Je dirais que tu viens de prouver que tu es le meilleur joueur de la chasse au trésor."

     Le meilleur joueur! Carlos répéta ces mots en jubilant dans son esprit. La Bonne Fée l'avait appelé le meilleur joueur! De plus, elle lui donnait une autre chance à lui et à son équipe! Il fit le tour du bureau, enroula ses bras autour d'elle et la serra dans ses bras.

     La Bonne Fée sembla surprise par cette affection soudaine, mais elle finit par rire et le serra dans ses bras.

     "Jane a de la chance d'avoir une mère comme vous," dit Carlos, l'émotion étouffant un peu les mots.

     La Bonne Fée sourit. "Et elle a aussi de la chance d'avoir un ami comme toi." Puis elle le chassa de la main. "Maintenant, vas-y. Retourne là-bas. Montrez-nous ce que vous pouvez faire!"

     Sans perdre une seconde de plus, Carlos se précipita hors de la pièce.

     

     

     

    CHAPITRE 21 :  Retour à Ma Meute

    Je rassemble mon équipe dans la salle de banquet, car il est logique de retourner là où nous avons commencé - là où toute cette chasse au trésor a déviée de sa trajectoire. Retour au commencement pour tout refaire. Sauf que maintenant je vais gérer les choses différemment.

     

     "D'accord," dit-il en s'asseyant à côté de Jane à la table. "Imaginons une stratégie. Je veux la contribution de tout le monde. Nous allons surmonter ce problème ensemble."

     Evie sourit à Carlos comme une grande sœur fière. Ses mains vides étaient posées sur la table devant elle. Après que Carlos eut partagé la bonne nouvelle avec son équipe - que la Bonne Fée lui permettait de continuer la chasse - Evie avait accepté de mettre son téléphone en silencieux et de le garder dans sa poche jusqu'à la fin de la compétition.

     Carlos fit défiler la liste de la chasse au trésor sur son téléphone et la plaça au centre de la table pour qu'ils puissent tous voir l'écran. "Quels éléments vous semblent les plus réalisables selon vous?"

     Evie et Jane se penchèrent et regardèrent la liste. "Oublions le numéro trois," déclara Evie. "Cette commerçante de la Boutique de Belle va nous chasser avec un balai si on montre à nouveau nos visages là-bas."

     "Et on n'aura jamais un bol de gombo de Tiana en si peu de temps", déclara Jane. "J'ai dû en commander un spécialement pendant mon stage."

     "Je me demande si on peut trouver quelqu'un qui a eu la recette et le faire nous-mêmes," suggéra Evie.

     Jane secoua la tête. "Pas assez de temps. Le gombo doit cuire pendant au moins deux heures."

     "D'accord, pas de gombo," déclara Carlos. "Et les fruits cueillis sur le noisetier? Evie, tu n'avais pas dit que tu savais où était cet arbre?"

     "Oui!" Evie dit avec enthousiasme. "Nous avons étudié l'arbre en cours de botanique et je pense qu'il y en a un près des dortoirs."

     "À quoi ressemble cet arbre?" demanda Carlos.

     Evie pinça les lèvres, comme si elle essayait de se l'imaginer. "Il est grand et mince, et les branches ressortent un peu comme... comme..." Elle leva les yeux vers Carlos. "Comme tes cheveux le matin."

     Jane gloussa.

     "Ha-ha, très drôle," dit sarcastiquement Carlos.

     "Et le fruit du noisetier est un peu brun-rougeâtre violacé, comme une prune, mais en plus gros."

     Les yeux de Carlos s'écarquillèrent. "Attends une seconde. Tu as dis "comme une prune"?"

     "Ouais, pourquoi?" demanda Evie.

     "Il y a un arbre comme celui-là devant ma chambre à moi et à Jay! Je me suis toujours demandé ce que c'était. Je pensais que c'était un prunier, mais le fruit avait toujours l'air si énorme. Je pensais juste que les prunes étaient peut-être plus grosses à Auradon."

     Evie fit claquer ses doigts. "C'est ça! Je savais que j'en avais vu un quelque part."

     Carlos vérifia à nouveau la liste , sentant ses espoirs remonter. Le fruit du noisetier valait vingt-cinq points. S'ils pouvaient attraper celui-là, ils seraient en bonne voie. Carlos se demanda si Jay s'était souvenu de l'arbre lui aussi. Il espérait que non.

     "Eh bien, qu'est-ce qu'on attend?" déclara Carlos en sautant sur ses pieds. "Allons cueillir des fruits!"

     

     

     

    CHAPITRE 22 : Perdants

    Nous sommes de retour; on a un nouveau plan; et je compte sur nous!

     

     Deux minutes plus tard, Carlos, Jane et Evie firent irruption dans le dortoir de Carlos, complètement essoufflés. Carlos ne se souvenait même pas d’avoir gravi les escaliers aussi vite dans sa vie. Ils dérapèrent tous pour s'arrêter quand ils virent Jay et Mal debout près de la fenêtre ouverte. Les espoirs de Carlos s'effondrèrent. Ainsi Jay s'était souvenu du noisetier. Cela signifiait qu'il n'était probablement qu'à quelques secondes de marquer vingt-cinq autres points.

     Jay et Mal avaient tous les deux la tête collée à la fenêtre, et ils criaient à quelqu'un. "Un peu plus à gauche! Oui! Tu y es presque! Tu peux y arriver!"

     "Je n'y arrive pas!" répondit quelqu'un à l'extérieur. Carlos reconnu immédiatement la voix de Lonnie. "C’est beaucoup trop raide! Je vais glisser. Je reviens." Un instant plus tard, Mal et Jay s'éloignèrent de la fenêtre et Lonnie bondit à l’intérieur, faisant un saut périlleux impressionnant sur le lit de Jay et se réceptionnant sur ses pieds comme une vraie gymnaste.

     Elle fit un signe à Carlos, Evie et Jane. "Salut, les amis!"

     À ce moment là, Mal et Jay semblèrent remarquer pour la première fois qu'ils étaient là. Jay avait l'air ennuyé, probablement parce que l'équipe de Carlos avait découvert l'arbre. "Ne vous embêtez pas," marmonna-t-il. "Le toit est trop raide pour atteindre les fruits et l'arbre est trop haut pour grimper. On a déjà perdu suffisamment de temps là-dessus." Puis il bouscula Carlos vers la porte. "Allez, l'équipe. On y va. On perd du temps."

     Alors que Carlos regardait Jay partir, une pensée lui traversa l'esprit. Il semble agité. Carlos se demanda si peut-être Jay ressentait lui aussi le feu de la compétition. Est-ce qu'il n'a pas réussi à collecter autant d'objets qu'il le voudrait? Cela donna à Carlos un soupçon d'espoir. Le fruit du noisetier était l'un des objets de la liste qui valait le plus de points. Si l'équipe de Jay n'avait pas réussi à l'obtenir mais que l'équipe de Carlos y arrivait...

     "Aïe," couina Jane, interrompant les pensées de Carlos. Il se tourna pour voir Jane passer la tête par la fenêtre vers le noisetier. "Ça a l'air impossible!"

     Carlos et Evie se précipitèrent tous les deux vers la fenêtre et passèrent la tête à côté de celle de Jane. Carlos suivit son regard et son estomac se serra de déception. Elle avait raison. Ca semblait impossible.

     Le sommet de l'arbre était à au moins trois mètres de la fenêtre. Personne ne pouvait tendre la main et cueillir le fruit d'une branche. Cela signifiait que quelqu'un devait grimper sur la fenêtre et atteindre le toit pour se rapprocher suffisamment de l'arbre. Mais le toit près de la fenêtre était incroyablement raide. Pas étonnant que Lonnie soit redescendu. Elle avait probablement eu peur de tomber. Et Lonnie était l'une des élèves les plus athlétiques d'Auradon. Si elle ne pouvait pas atteindre cet arbre, alors il n'y avait vraiment aucune chance pour que personne d'autre y arrive.

     Carlos soupira en rentrant la tête dans la chambre. "Eh bien, on peut oublier ça." Il fouilla dans sa poche pour en sortit son téléphone, puis afficha la liste. "Qu'est-ce qu'il nous reste à faire?" Il recommença à parcourir la liste des objets.

     Ils avaient déjà obtenu les numéros un et deux. Le numéro quatre - le billet de train Auradon Express - était perdu. Il n’y avait pas d’autre train en provenance de Charmanville avant plus tard dans la soirée. Evie avait raison de dire que le numéro trois - poser dans la vitrine de la Boutique de Belle - n’était probablement pas leur meilleure option. Il ne pouvait pas retourner chez Grincheux pour réessayer le numéro six. "Peut-être qu'on devrait..." commença Carlos, mais il fut interrompu par Evie.

     "Attends une minute," dit-elle. Carlos se retourna et vit qu'Evie avait toujours la tête par la fenêtre. Elle semblait étudier le toit avec une grande intensité, inclinant sa main tendue à différents angles comme si elle essayait de calculer l'inclinaison exacte du sommet du bâtiment.

     Puis, sans prévenir, elle rentra la tête à l'intérieur et sprinta vers la porte, lançant par-dessus son épaule, "J'ai une idée. Mais j'ai besoin de dix minutes."

     Jane eut l'air paniquée. "Nous n’avons pas dix minutes. La chasse se termine dans trente minutes!"

     Carlos sentit la même réaction monter en lui. Jane avait raison. Ils étaient à court de temps. Mais il pouvait entendre la voix de la Bonne Fée dans sa tête.

     Diriger consiste à faire confiance à ton équipe.

     "Non," déclara Carlos en levant la main. "Donnons-lui dix minutes."

     Evie rayonna. "Merci, Carlos! Je reviens tout de suite!"

     Jane et Carlos échangèrent des regards confus. "Qu'est-ce qu'elle fait?" demanda Jane.

     Carlos haussa les épaules. "Je n'en ai aucune idée. Mais quoi qu'il en soit, je pense qu'elle peut y arriver."

     Evie revint moins d'une minute après, portant un sac rempli de chaussures et un long ruban à mesurer rouge. Carlos et Jane regardèrent avec étonnement Evie poser le sac de chaussures et se pencher à nouveau par la fenêtre. Elle mania le ruban à mesurer, mesurant différents angles et distances du toit. Elle nota tout dans un petit carnet qu’elle avait sorti de son sac à chaussures. Carlos essaya de trouver un sens à ce qu’elle écrivait, mais c’était un tas de gribouillis mathématiques qu’il ne comprenait pas. Evie avait toujours été bien meilleure en maths que Carlos.

     "Euh, Evie," dit-il. "Qu'est-ce que tu fabriques?"

     Mais Evie ne répondit pas; elle continua juste de travailler rapidement et tranquillement, mesurant et écrivant, écrivant et mesurant. De temps en temps, elle s'arrêtait assez longtemps pour tapoter son front avec son crayon avant de griffonner autre chose. Puis, après en avoir fini avec le toit, elle commença à sortir les chaussures de son sac géant et à les mesurer elles aussi. Carlos remarqua que toutes les paires avaient des talons ridiculement hauts. Certains semblaient mesurer au moins douze centimètres de haut.

     "Comment les filles font pour marcher avec ça?" murmura-t-il à Jane.

     "En faisant très attention," murmura Jane en retour. C'était comme si aucun d'eux ne voulait parler trop fort, de peur d'interrompre Evie pendant qu'elle... enfin, faisait ce qu'elle faisait. Carlos continua à vérifier l'heure sur son téléphone, son inquiétude augmentant d'un cran à chaque minute qui passait. Il fut tenté de dire à Evie de laisser tomber. Ils devraient avancer et trouver autre chose sur la liste à traiter.

     Mais il savait qu'il devait lui faire confiance. Même si Carlos n'avait aucune idée de ce que faisait Evie, elle semblait sans aucun doute le savoir. Alors il se rassit et la laissa travailler. Finalement, après que ce qui semblait des heures se soient écoulées, Evie leva les yeux de son carnet. Elle était entourée de plusieurs paires de chaussures. "Aha! J'ai trouvé!"

     Carlos attendit qu'elle en dise plus, mais comme elle ne le fit pas, il demanda, "Tu as trouvé quoi?"

     Evie prit une paire de chaussures dans la pile à côté d'elle. Elles avaient des talons compensés qui étaient si hauts qu'ils rappelaient à Carlos les murs du château. Evie les tenait fièrement au-dessus de sa tête. "J'ai trouvé comment obtenir ce satané fruit."

     

     

     

    CHAPITRE 23 : Assis, Pas Bouger, Talons Hauts

    Cette fille pousse la mode féroce à un tout autre niveau.

     

     "Tout cela me rend très nerveuse," couina Jane tandis qu'elle et Carlos observaient Evie par la fenêtre ouverte. Elle portait les chaussures hautement compensées à ses pieds et marchait très lentement sur le toit.

     "Ne vous en faites pas!" répondit Evie. "Je gère."

     Et c'était vrai. Elle s'en sortait visiblement bien. Elle avait en quelque sorte calculé l'inclinaison du toit ainsi que la hauteur et l'angle des chaussures compensées afin qu'ils se contrebalancent. Et elle avait fait un travail si précis qu’elle se tenait littéralement debout. Elle n’était pas du tout inclinée. Les chaussures et le toit correspondaient parfaitement aux calculs.

     "Comment se fait-il que tu ne sois pas terrifiée en ce moment?" lança Jane à Evie, en attrapant la main de Carlos et la serrant.

     "Je viens de l’Île," déclara Evie, comme si cela expliquait tout. Mais ce n’était pas le cas pour Carlos. Il venait également de l'Île, et personne ne pourrait le convaincre de marcher sur le toit avec de telles chaussures. Mais c’est pour ça que Evie était une rock star. Rien ne semblait lui faire peur. Elle était toujours partante pour n'importe quel plan que n'importe qui avait en tête... y compris le sien.

     Carlos retint son souffle pendant qu'Evie s'approchait du bord du toit et agrippait le sommet du noisetier. Avec une main soutenant son poids sur le tronc de l'arbre, elle se pencha en avant et tendit l'autre main vers le groupe de noisettes suspendu le plus proche. Mais elle ne sembla pas réussir à l'atteindre, alors elle fit un autre pas vers le bord du toit.

     Et c'est à ce moment-là qu'une de ses chevilles se tordit dans un angle étrange et qu'Evie commença à tomber en avant.

     Evie cria.

     Jane cria.

     Même Carlos cria.

     Evie attrapa le tronc d'arbre avec sa main libre, stoppant sa chute. Elle était maintenant positionnée dans un angle terrifiant, ses pieds se tenant de manière instable sur le toit, son corps complètement à l'horizontal, suspendu au dessus du sol, et ses mains serrant le tronc de l'arbre. Si elle relâchait son emprise ou que ses pieds glissaient, elle tomberait très certainement.

     Déglutissant, Carlos regarda le sol en contrebas. C'était si haut. Il serra lui-aussi la main de Jane.

     "Pas d'inquiétude!" lança à nouveau Evie. "Je gère toujours!"

     Mais à présent, Carlos n’était plus tellement sûr que ce soit le cas. "Reviens à l'intérieur!" il lui lança.

     Mais Evie ne semblait pas vouloir écouter. Carlos la regarda rapprocher ses pieds du bord du toit et se pencher encore plus en avant vers l'arbre. Puis elle tendit une main vers une noisette.

     "Qu'est-ce qu'elle fait?" chuchota Jane avec inquiétude à Carlos.

     "Je pense qu’elle essaie toujours d'attraper le fruit!"

     "Oh, mon Dieu, non!" s'exclama Jane.

     "Evie!" cria Carlos. "Laisse tomber! Ça ne vaut pas le coup!"

     Mais Evie ignora à nouveau son capitaine d'équipe. Et à ce moment-là, Carlos réalisa que ce n’était pas parce qu’il était un mauvais leader. Evie était juste très mauvaise pour suivre les ordres. La fille opérait entièrement de son propre chef.

     Paralysé, Carlos regarda depuis la fenêtre Evie saisir enfin la noisette et tirer dessus. Le fruit se délogea, mais le fait de tirer dessus sembla déséquilibrer Evie. Elle se balança un peu et Jane retint son souffle.

     Mais Evie put rapidement se redresser. Elle amena lentement sa main dans sa poche et plaça la noisette à l'intérieur.

     "Comment est-ce qu'elle va faire pour revenir maintenant?" demanda Jane à Carlos, mais Carlos secoua simplement la tête. Il n'en avait aucune idée. Il espérait juste qu'Evie connaissait la réponse à cette question.

     Et, apparemment, elle savait. Elle replaça ses deux mains sur l'écorce de l'arbre, et avec un grognement et un effort, elle donna une impulsion forte contre le tronc d'arbre.

     Le temps s'arrêta durant l'instant qui suivit. Carlos combattu l'envie de fermer les yeux. Pendant un moment, Evie sembla être suspendue dans les airs, comme si elle volait haut au-dessus du sol.

     "Je ne peux pas regarder!" dit Jane, se tournant pour enfouir sa tête dans l'épaule de Carlos. Carlos lui frotta doucement le dos, essayant d'apaiser ses craintes. Mais il ne pouvait rien faire pour calmer ses propres craintes. Si Evie tombait, il ne se pardonnerait jamais.

     Carlos entendit un fracas, cligna des yeux et se concentra sur le toit. Evie avait réussi à se repousser complètement jusqu'à s'asseoir sur le toit incliné.

     Elle essaya de se lever, mais sa cheville devait lui faire mal à cause de cette étrange entorse. Elle perdit rapidement l'équilibre et se rassit.

     Elle ne va pas pouvoir revenir ici, pensa Carlos avec effroi. Elle va rester coincée sur ce toit. Ils devraient prévenir la Bonne Fée. La Bonne Fée devra envoyer un hélicoptère ou quelque chose pour l'aider à la tirer à l'intérieur.

     La tirer à l'intérieur.

     Les mots rebondirent dans le cerveau de Carlos avant d'avoir finalement un sens.

     "C'est ça!" cria t-il, surprenant Jane. "Evie, restes là-haut!"

     Il s'écarta d'elle et courut vers son lit. Il tira toutes les couvertures et les draps et commença à attacher les extrémités ensemble.

     "Qu'est-ce que tu fais?" demanda Jane.

     "Je m'assure que ma meilleure amie ne tombe pas de ce toit," déclara Carlos.

     Le regard de Jane tomba sur la corde de fortune que Carlos était en train de construire et ses yeux s'éclairèrent. "Oh! Bien sûr! Je vais t'aider." Elle courut vers le lit de Jay et enleva ses draps, attachant les extrémités ensemble, créant sa propre corde. Puis elle trouva le bout de la corde de Carlos et relia les deux ensemble avec un nœud serré.

     Carlos traîna la corde géante vers la fenêtre et la jeta dehors. L'extrémité atterri assez près d'Evie pour qu'elle puisse l'atteindre. "Attrape!" ordonna Carlos, et heureusement, Evie obéit cette fois.

     Elle agrippa le bout de la corde et Carlos et Jane tirèrent et tirèrent, ressemblant à des marins tirant une ancre de l'eau. Finalement, Evie atteignit la fenêtre et s'effondra à l'intérieur de la chambre.

     Elle resta allongée sur le sol pendant un long moment, essayant de reprendre son souffle et son calme. Puis elle s'assit et sortit la noisette de sa poche. "Je pense que cet objet devrait valoir deux mille points."

     Et Carlos, Evie et Jane éclatèrent tous de rire.

     

     

     

    CHAPITRE 24 : Déterrer la Vérité

    On approche de la fin. On a vraiment besoin d'un miracle.

     

     Il restait maintenant exactement treize minutes avant la fin de la Chasse au Trésor Annuelle du Lycée d'Auradon. Evie et Jane regardèrent par-dessus l'épaule de Carlos, regardant la liste sur son téléphone.

     "C’est peine perdue," déclara Carlos avec un soupir. "Avec la marionnette en bois, la pantoufle de verre et la noisette, on n'a que trente-cinq points. Je sais pertinemment que l’équipe de Jay en a au moins cinquante-cinq, probablement plus. Donc, à moins que l'une de nous ne sache ce qu'est une fourchette de pixie violet-or et comment en obtenir une dans les treize prochaines minutes, nous allons perdre."

     Il éteignit l'écran de son téléphone et le remit dans sa poche. Puis il se tourna vers son équipe. "Je suis désolé de vous avoir laissé tomber," dit-il en baissant la tête. "Mais je ne crois pas qu'il y aura une pierre avec nos noms dessus cette année."

     Evie se précipita pour réconforter Carlos. "Hé, ça va aller. Nous avons fait de notre mieux. C'est tout ce qui compte."

     Carlos enfonça le bout de sa chaussure dans le tapis. Il savait qu'Evie avait raison. Peu importe qu'ils gagnent ou perdent; ce qui comptait, c'était qu'ils avaient travaillé dur et étaient restés ensemble en tant qu'équipe. Mais pourtant, Carlos voulait vraiment gagner.

     "Je me demande ce qu'est une fourchette de pixie violet-or de toute façon," marmonna Carlos. "Je n'en trouve nulle part en ligne. La Bonne Fée l'a probablement mise sur la liste comme leurre. Ça n’existe probablement même pas."

     "Ça existe." La voix de Jane était douce et hésitante, et Carlos et Evie se tournèrent tous les deux vers leur amie qui, jusque-là, avait été étrangement silencieuse.

     "Quoi?" demanda Carlos.

     Jane regarda ses pieds. "Les fées les utilisent lors des mariages. C'est un ustensile très spécial utilisé pour des occasions très spéciales."

     "Comment sais-tu ça?" demanda Evie en s'avançant vers Jane.

     Jane refusait toujours de les regarder dans les yeux. "Parce que Carina Samovar en a un pot entier dans son placard à provisions. J'ai dû faire l'inventaire pendant tout l'été. Je les ai comptés une par une." Elle laissa échapper un rire triste. "Ce qui était difficile car elles sont très petites."

     Carlos était choqué. "Tu veux dire que tu savais où en trouver une pendant tout ce temps et que tu n'as rien dit?"

     Les yeux de Jane se remplirent de larmes. "Seulement parce que je savais que c'était une cause perdue. Carina Samovar ne m'aime pas. De plus, elle est probablement trop occupée et trop importante pour prendre mes appels de toute façon."

     "Jane," commença tendrement Evie. "Ça ne peut pas être vrai. Je ne peux pas imaginer que quelqu'un ne t'aime pas."

     "Eh bien, elle ne m'aime pas," dit Jane un peu amèrement. "J'ai travaillé si dur pour elle et elle ne m'a jamais fait un seul compliment. Elle ne m'a même jamais dit merci!"

     Pendant tout ce temps, Carlos était resté silencieux. Jane dû penser qu'il était en colère contre elle pour avoir gardé le secret, parce qu'elle dit, "Je suis désolée, Carlos. Je suis vraiment désolée."

     Mais Carlos n’était pas énervé. Du moins pas contre Jane. Il était furieux contre Carina Samovar. Comment osait-elle mettre Jane dans cet état! Jane était la personne la plus gentille et la plus travailleuse que Carlos connaissait. Et si Carina Samovar était trop aveugle pour voir ça, alors Carlos le lui ferait voir ça.

     "Où se trouve son bureau?" dit Carlos. Sa voix était calme. Contrôlée. Malgré la frustration qui bouillonnait en lui.

     "Carlos," protesta Jane, "ça n'en vaut pas la peine. Il ne nous reste plus beaucoup de temps. Tu n'arriveras pas à..."

     "Où est-il?" insista Carlos.

     Jane céda avec un soupir. "Dans le centre-ville. Mais ça ne vaut même pas la..."

     Carlos ne laissa pas Jane terminer sa phrase. Il avait déjà passé la porte. Il courait déjà dans le couloir. Il pouvait entendre Jane crier derrière lui, lui disant d'arrêter. Mais il ne s’arrêtera pas. Jane était son amie. Sa coéquipière. Carlos était son capitaine. Et la Bonne Fée avait raison. Un leader protège son équipe.

     

     

     

    CHAPITRE 25 : Méchant Jusqu'à l'Os 

    Je sens que je suis énervé, mais je vais la jouer cool. Je vais être calme. Je vais dire à Carina Samovar ce que je pense exactement. Mais je ne vais pas perdre mon sang-froid.

     

     Lorsque Carlos arriva au bureau des Fêtes Samovar au centre-ville d'Auradon, il avait déjà décidé de ce qu'il allait dire. Il refusait de gérer les choses comme sa mère le faisait. Il refusait de crier, pester, et de lancer les bras en l'air. Il serait calme, mais ferme.

     Jane et Evie arrivèrent quelques instants après lui, essoufflées d'avoir essayé de le suivre. "Carlos, s'il te plaît ne fais pas ça," dit Jane. "Ça ne vaut même pas la peine d'essayer de lui parler."

     "Elle te doit une faveur," dit simplement Carlos. Puis il marcha droit dans le bâtiment, passa devant le bureau de la réceptionniste qui essaya de l'arrêter, et entra directement dans le bureau de Carina Samovar.

     Carina était une femme mince à l'air sévère avec des cheveux blonds-blancs et des yeux bleus glacés. Elle ne sourit pas lorsque Carlos entra. Elle le regarda juste par-dessus ses lunettes à monture rouge et dit d'une voix tranchante, "Oui? Puis-je vous aider?"

     Carlos se redressa et repoussa ses épaules en arrière. Il ne s’est jamais senti plus comme un leader qu’en ce moment. "Je suis ami avec Jane. Votre stagiaire de l'été dernier."

     Carina ouvrit la bouche pour parler, mais Carlos la coupa en levant la main et déclara, "C'est moi qui vais parler, merci."

     Carina se tut, paraissant légèrement déconcertée.

     "Peu importe ce que vous pensez de Jane, elle a travaillé dur pour vous. Vous n'embaucherez probablement plus jamais une stagiaire aussi dévouée, organisée et efficace que Jane. Je ne sais pas pourquoi vous ne lui avez jamais fait un seul compliment. Peut-être que vous ne parvenez tout simplement pas à reconnaître le talent lorsque vous le voyez, mais moi si. Je le reconnais. Jane est l’une des personnes les plus talentueuses que j’ai jamais rencontrées. Et si vous ne voyez pas cela, c’est tant pis pour vous. Pas pour elle."

     Carina regarda Carlos d'un air vide, comme s'il parlait une langue étrangère. Carlos regarda derrière lui, cherchant Jane, mais il ne la vit nulle part. Il se demanda si elle avait perdu courage et restait dans le hall.

     "Je ne vois pas de quoi vous parlez," répondit purement et simplement Carina un instant plus tard.

     La bouche de Carlos s’ouvrit. Il se rappela de rester posé. De rester calme. "Je parle de votre stagiaire de l’été dernier. Je ne peux pas croire que vous ne vous souvenez même pas..."

     "Bien sûr que je me souviens de Jane," déclara Carina en secouant la tête. "Ce que je veux dire, c'est que je ne vois pas de quoi vous parlez lorsque vous m'accusez de ne pas reconnaître le talent. Jane était de loin la meilleure stagiaire que j'aie jamais eue." Puis la voix de Carina s’adoucit et elle retira ses lunettes. "Je suis désolé pour les compliments. Parfois, je suis tellement occupée que j’oublie de dire aux gens quel excellent travail ils font. C’est quelque chose sur lequel je travaille. Si vous voyez Jane, pourriez-vous lui dire à quel point je l'apprécie? Et si elle souhaite à nouveau faire un stage pour moi, je l’embaucherai sans hésiter."

     Carlos était tellement choqué par la réponse inattendue de Carina qu’il resta là, sans voix, à la regarder pendant un long moment.

     Puis une petite voix lointaine dit, "J'adorerais faire à nouveau un stage pour vous."

     Carlos et Carina sursautèrent tous les deux, et Carlos se retourna pour voir Jane franchir la porte. Elle devait se cacher juste à proximité, écoutant.

     Carina sourit, révélant des dents blanches parfaites. "Jane! Je suis ravie de te revoir. Tu m'as manqué. Ma réserve est tombée dans le désordre complet depuis ton départ."

     Jane eut un petit sourire. "Je serais heureuse de venir l'organiser pour vous à tout moment."

     Carlos jeta un coup d'œil à l'horloge de son téléphone. Trois minutes avant la fin de la chasse.

     "Hum, Jane," dit-il en indiquant l'heure.

     Jane hocha la tête, s'éclaircissant la gorge. Quand elle parla à nouveau, elle avait l'air confiante et sûre d'elle-même. Rien à voir avec la fille qu’elle était quelques minutes auparavant. "Carina," dit-elle, "serait-il possible de vous demander une petite faveur?"

     Les yeux bleus de Carina étincelaient et les espoirs de Carlos montaient en flèche vers le toit. "N'importe quoi pour toi, Jane."

     

     

     

    CHAPITRE 26 : À Toute Allure

    Ouf! Nous avons réussi dans les temps. Juste au moment où le buzzer a sonné!

     

     L'ensemble du corps étudiant du lycée d'Auradon était réuni dans la salle de banquet. Tout le monde parlait avec animation de la chasse. Des points qu'ils avaient marqués, quel élément avait été le plus difficile à obtenir et lequel avait été le plus facile.

     Carlos et son équipe venaient juste de réussir à prendre la photo de la fourchette de pixie violet-or dans la réserve de Carina avant de regagner l’école.

     Ils s'effondrèrent sur les chaises de l'une des tables à manger et Carlos poussa un soupir de soulagement. Ils avaient réussi. Ils avaient terminé la chasse avec une soixantaine de points, ce que Carlos pensait être un exploit, étant donné que pendant la majorité de la journée, ils n'en avaient eu que dix.

     "Très bien, tout le monde!" annonça la Bonne Fée, tenant ses mains en l'air pour attirer l'attention des élèves. "Asseyez-vous. Asseyez-vous. J'espère que vous avez tous eu une chasse au trésor remplie d'action aujourd'hui. Comptons les points et voyons qui a gagné. Si vous voulez bien envoyer vos photos au serveur de l’école maintenant."

     Carlos fit défiler les photos sur son téléphone, sélectionnant rapidement celles qui prouvaient leurs points - la marionnette en bois, la pantoufle de verre, la noisette et la fourchette de pixie violet-or - et cliquant sur le bouton afin de les télécharger sur le serveur du lycée d'Auradon. Alors que les photos partaient, Carlos sourit. Il était content de la façon dont la journée s'était déroulée. Il se sentait accompli. Carlos n'avait aucune idée si soixante points suffiraient pour gagner, mais il était fier de ces soixante points de toute façon.

     "D'accord!" déclara la Bonne Fée environ cinq minutes plus tard, après les photos de toutes les équipes furent téléchargées. Elle jeta un coup d'œil à l'écran de sa tablette. "Il semble que nous ayons eu une chasse serrée cette année, mais j'ai les trois meilleures équipes ici, prêtes à être annoncées." La Bonne Fée s'éclaircit la gorge de façon dramatique et examina sa tablette. "À la troisième place... nous avons Jordan, Ben et Chad, avec soixante-cinq points!"

     Le cœur de Carlos sombra immédiatement.

     Soixante-cinq points.

     Ils n’avaient même pas réussi à faire partie des trois premiers. L’équipe de Carlos n’avait que soixante points. Jane et Evie essayèrent immédiatement de l'aider à se sentir mieux. "Je suis désolée, Carlos," dit Jane en lui frottant l'épaule. "Ce n’était tout simplement pas notre année."

     "Ouais," ajouta Evie, passant son bras autour de Carlos pour le serrer contre elle. "Il y aura toujours l'année prochaine."

     Carlos ria de leurs efforts. "Les filles. Je vais bien. Sérieusement. Je me suis bien amusé aujourd'hui."

     Et c'était la vérité. Il s'était amusé. Et il allait bien. Bien sûr, il aurait aimé gagner. Il aurait aimé faire partie des trois premiers. Mais à la fin, cela n’a pas d’importance. Il avait trouvé le leader en lui-même et cela suffisait.

     Jordan, Ben et Chad se précipitèrent à l'avant de la salle de banquet pour recevoir leur prix - un ruban bleu et or commémorant leur réussite. Tandis que la foule applaudissait et que Jordan s'inclinait et profitait de l'attention, Carlos sortit à nouveau son téléphone et fit défiler les photos de la journée, se souvenant de tous les moments que son équipe avait partagés.

     Il y avait les cinq photos d’eux qui tentaient sans succès de se faire prendre en photo dans la vitrine de la Boutique de Belle. Trois de Carlos traînant Evie dans la vitrine pendant qu'Evie tapotait dans son téléphone, et deux de Jane en train d'éternuer. Il rit à ce souvenir. Même s'il était déçu qu'ils n'aient jamais réussi à en prendre une avec tous les trois dans la vitrine, au moins il pouvait rire de la stupidité des images.

     Ensuite, il y avait la photo de Carlos et Henry, le garçon qu’ils avaient trouvé en train de pleurer dans la gare et qu'ils avaient aidé à retrouver sa mère. Sur cette photo, Henry souriait à la caméra dans son pantalon style Carlos et son adorable T-shirt COL RAD surdimensionné. Il avait vraiment l'air d'avoir rencontré une célébrité.

     "Et à la deuxième place," annonça la Bonne Fée, poussant Carlos à lever les yeux, "Jay, Mal et Lonnie, avec soixante-dix points!"

     Soixante-dix points!

     Ils avaient perdu contre l’équipe de Jay de dix points seulement! Carlos sentit une pression dans sa poitrine pendant que son regard passait de Jay et son équipe vers la photo d'Henry sur son téléphone. Ce billet de l'Auradon Express valait vingt points, ce qui signifiait que s'ils ne s'étaient pas arrêtés pour aider Henry à retrouver sa mère, ils auraient terminé le match avec quatre-vingts points et ils auraient pu gagner.

     "Et à la première place, avec soixante-quinze points..." déclara la Bonne Fée d'un air théâtral.

     Carlos soupira. Ils auraient sans aucun doute gagné. Ils auraient eu quatre-vingts points. L'équipe de la première place en avait obtenu soixante-quinze! Il continua à regarder la photo. Le grand sourire sur le visage d’Henry. Il supposait que ça valait le coup. Carlos n'aura peut-être pas été un héros dans la Chasse au Trésor Annuelle du Lycée d'Auradon, mais il était un héros aux yeux de ce garçon. Henry avait l'air si heureux de se tenir debout à côté de Carlos.

     "Carlos, Jane et Evie!" déclara une voix, et soudain, la salle éclata sous un tonnerre d'applaudissements. Pendant un moment, Carlos ne sut pas ce qui se passait. Pourquoi cette voix avait-elle dit leurs noms? Pourquoi tout le monde se tournait-il vers lui et l'applaudissait? Pourquoi Jane sautait-elle de joie?

     "Nous avons gagné!" s'exclama Jane. "On a réussit!"

     Carlos secoua la tête. Il doit y avoir une sorte d'erreur. Ils n’avaient pas gagné. Ils n’avaient pas récolté soixante-quinze points; ils n’en avaient eu que soixante. Y avait-il eu une erreur de calcul? La Bonne Fée avait-elle accidentellement compté ces objets que Carlos avait récupérés en utilisant le collier pour chien? Mais cela semblait impossible. Il avait supprimé ces photos de son téléphone. Il n'y avait aucune preuve d'eux.

     "Carlos?" dit Jane. Carlos cligna des yeux et essaya de se concentrer sur son visage. Mais c'était trop dur avec tous les cris et les applaudissements.

     "Je dois lui dire," dit-il, hébété, se frayant un chemin vers le devant de la salle, "Il y a eu une erreur. Je dois lui dire."

     Mais avant qu'il puisse atteindre la directrice, la Bonne Fée continua. "Et les éléments qui ont permit à l’équipe de Carlos de remporter la victoire étaient..."

     Carlos s'arrêta et écouta avec curiosité.

     "La fourchette de pixie violet-or à vingt-cinq points, la noisette à vingt-cinq points, la marionnette en bois à cinq points, la pantoufle en verre à cinq points et le T-shirt de gym de l'école d'Auradon d'au moins vingt ans à quinze points, soit un total de soixante-quinze points!"

     Carlos resta bouche bée devant la Bonne Fée. Quelque chose n'allait pas. Elle avait fait une erreur. Ils n’avaient pas eu le vieux T-shirt de gym. Ils n’avaient même jamais essayé de l’obtenir celui-là. Il sortit son téléphone et regarda à nouveau les photos. Et c’est là qu’il remarqua quelque chose d’inhabituel. Avec les autres photos, Carlos avait accidentellement téléchargé la photo de lui et Henry sur le serveur de l'école d'Auradon. Son doigt devait avoir accidentellement cliqué dessus dans sa hâte de sélectionner toutes les photos.

     Mais cela n’avait toujours aucun sens. Ce n’était pas une photo d’un vieux T-shirt de gym du lycée d'Auradon. C'était une photo de Carlos et d'un gamin lambda à la gare.

     Les pensées de Carlos s'arrêtèrent net pendant qu'il fixait la photo sur son téléphone. Avec son pouce et son index, il zooma l’écran à fond sur le T-shirt de Henry.

     COL RAD

     Carlos avait supposé que c'était une sorte de groupe. Mais maintenant qu'il effectuait un zoom, il pouvait voir qu'il y avait plus de lettres. Ou plutôt, il y avait des espaces vides là où se trouvaient les lettres. Comme si elles avaient été usées au fil des années. Comme si le T-shirt était...

     Vieux.

     S'il plissait les yeux, il pouvait presque voir les contours fanés des lettres qui s'étaient estompées.

     ÉCOLE D'AURADON

     Carlos se rappela soudain de quelque chose que le garçon lui avait dit après l'avoir trouvé sur le quai. "Mon papa est allé à l'école d'Auradon il y a longtemps. J'ai hâte de pouvoir y aller."

     Le T-shirt! Il appartenait au père de Henry. Voilà pourquoi il était trop grand pour lui!

     Ils avaient trouvé un vieux T-shirt de gym de l'école d'Auradon! Ils ne savaient tout simplement pas qu’ils en avaient trouvé un! Ce qui signifiait, Carlos se rendit compte avec joie, qu’aider ce garçon ne leur avait pas coûté la chasse, cela leur avait permit de la gagner!

     

     

     

    CHAPITRE 27 : Chef de la Meute

    Il s'avère que je n'avais pas besoin de ce vieux collier pour chien après tout. Nous avons gagné et j'ai prouvé que j'avais ce qu'il fallait pour être un leader. Mais je n'aurais pas pu le faire sans mon équipe.

     

     Le soleil brillait. Le ciel était bleu. Le son des trompettes et des tambours pouvait être entendu à des kilomètres de distance. La Bonne Fée dit le mot magique et deux cents ballons colorés furent lâchés dans les airs, volant de plus en plus haut jusqu'à ce qu'ils ne soient plus que des petites particules de confettis dans le ciel.

     Carlos les suivit des yeux avant de retourner dans la cour, où toute l'école s'était réunie pour la fête.

     C'était finalement le grand jour de la cérémonie d'inauguration de la pierre.

     Les noms de Carlos, Jane et Evie avaient été gravés dans l'une des dalles en pierre géantes de la cour en forme de losange, et maintenant il allait être dévoilé au public. Carlos attendait ce moment depuis plus d'une semaine. Depuis que la Bonne Fée avait appelé leurs noms à la fin de la Chasse au Trésor Annuelle du Lycée d'Auradon. Il n'arrivait toujours pas à croire qu'ils avaient remporté cette victoire. C'était comme un rêve pour lui. Un merveilleux rêve de conte de fées.

     Carlos supposait que c'était ça la vie à Auradon. Il n'y avait pas de mères hurlantes ou de ruelles effrayantes que vous deviez traverser pour rentrer à la maison. C'était vraiment l'endroit où les rêves pouvaient se réaliser. Celui de Carlos s'était sans aucun doute réalisé. Il avait finalement prouvé à tout le monde qu’il avait ce qu’il fallait pour mener une équipe à la victoire. Mais surtout, il l’avait prouvé à lui-même. Il avait toujours su qu'il était fait pour de grandes choses, mais il y avait toujours eu cette voix au fond de son esprit - la voix de sa mère - qui lui disait qu'il ne pourrait pas y arriver. Que ce n’était pas possible. Qu'il serait toujours un acolyte, jamais un héros. Et sans même savoir qu'il l'avait fait, il avait écouté cette voix. Il lui avait fait confiance. C’est ce qui l’avait amené à utiliser le collier de chien en premier lieu, au lieu de se fier à lui-même et à ses coéquipières. Carlos serait toujours le type gentil vers qui ses amis se tournaient pour obtenir de l'aide. Et c'était bien. Plus que bien. C'était génial. Mais cela ne voulait pas dire que Carlos ne pouvait pas être aussi le type que ses amis se tourneraient comme leader. En fait, Carlos avait appris que les deux choses étaient peut-être liées.

     "Et maintenant," commença la Bonne Fée sur un ton royal et cérémonial, "nous sommes heureux de vous dévoiler la pierre commémorant les champions de la Chasse au Trésor du Lycée d'Auradon de cette année!" Elle donna le signal et la toile qui recouvrait la pierre fut gracieusement retirée du sol.

     Carlos retint son souffle. Bien sûr, il savait exactement ce que la gravure dirait, mais il était toujours si impatient de la voir. Et, évidemment, de voir les réactions sur les visages de Jane et Evie quand elles verraient ce qu’il avait fait. Elles n'avaient aucune idée de ce qui allait arriver.

     Le voile fut levé. La pierre fut rendue visible à tous. Et tout le monde dans la cour laissa échapper un sursaut de surprise simultané. Ils n’avaient jamais rien vu de tel. Et c’était parce que c’était la première fois que ça arrivait. Alors que toutes les autres pierres de la cour mentionnaient un capitaine d'équipe (marqué des initiales TC) et deux membres de l'équipe (marqués des initiales TM), Carlos avait dit à la Bonne Fée qu'il voulait quelque chose de différent.

     Il regarda la pierre et sourit, fier de lui. Différent était définitivement le mot. Sur la pierre, on pouvait lire:

    CARLOS
    JANE
    EVIE

     "Qu'est-ce que tu as fait?" demanda Jane. Elle avait l'air à la fois ravie et confuse.

     Carlos haussa les épaules, jouant l'innocent. "Je leur ai demandé de graver nos noms dans la pierre."

     Evie secoua la tête. "Je ne comprends pas. Où sont les titres? Capitaine d'équipe et membres de l'équipe?"

     Carlos se plaça entre ses coéquipières et passa un bras autour des épaules de chacune. "Les titres n’ont pas d’importance. Nous avons travaillé dur. Chacun de nous. Et nous avons gagné. Ensemble." Il regarda Evie, puis Jane. Et il sourit. Le sourire d'un champion. "Le reste, ce ne sont que des détails."

     

    FIN

    Source: www.bookscoll.com/en/
    Traduction de l'anglais par luc-elementix


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