• Fairy's Got Talent: Le Chapitre 1 et 2 en traduction française!

    Chapitre 1: Des Choses et des Ailes
    * * *

     “Qu’est-ce que cette carotte fait dans ma chaussure?

     Faybelle Thorn, connue pour être la fille de la Méchante Fée, retourna ses baskets montantes. Une carotte à moitié grignotée en tomba et atterrit sur le luxueux tapis. Le coin des lèvres de Faybelle montrait sa contrariété. "Ce n’est certainement pas moi qui l’ai mise là."

     "Oups. Désolée." Cette réponse familière venait de la camarade de chambre de Faybelle, Bunny Blanc, fille du célèbre Lapin Blanc en retard. Bunny avait l’agaçante habitude de grignoter des carottes pendant qu’elle faisait ses devoirs. Sans lever les yeux de son MirrorPad ou de son manuel, elle lançait le bout de carotte dans la poubelle à compost, mais elles finissaient souvent dans d’autres endroits. Hier, Faybelle en avait retrouvée une dans son tiroir à chaussettes.

     "Je ne sais pas comment tu peux supporter de manger ces choses tout le temps," déclara Faybelle en laçant ses chaussures.

     "Les carottes sont délicieuses," lui dit Bunny. Elle ramassa le bout de carotte et la jeta à la poubelle. Puis elle attrapa son sac et se précipita vers la porte.

     "Tu sais ce que je trouve délicieux?" demanda Faybelle d’une voix glaciale. Bunny s’arrêta dans son élan et fit volte-face. 

     "Les navets? Les choux? Les racines de haricot magique?"

     Faybelle leva un sourcil. "Je trouve que la magie noire est délicieuse."

     Les yeux de Bunny s’agrandirent. Son regard se dirigea vers le mur, sur une peinture représentant les armoiries de la famille Thorn. Au centre du blason, la devise Maîtres de magie noire entourait un œil à l’air maléfique qui semblait suivre Bunny, peu importe où elle se trouvait dans la chambre. La peinture était intimidante pour certains et une source d'inspiration pour d'autres, en fonction de quel côté du monde magique on se trouvait. “Tu ne peux pas manger de la magie noire,” déclara Bunny, bien qu’elle ne semblait pas tout à fait convaincue.

    "Une méchante fée peut faire ce qu’elle veut avec la magie noire," l’informa froidement Faybelle.

     Le nez Bunny frissonna. Faybelle fut ravie de voir que son petit commentaire sur la "magie noire" avait suscité l'incertitude chez sa camarade de chambre. Bien sûr, Faybelle n’utiliserait jamais la magie noire pour blesser Bunny, ou n’importe quel étudiant à Ever After High. Causer du tort à autrui pourrait causer son expulsion. Pendant son séjour à l'école, il était préférable de suivre les règles du directeur - ou, du moins, faire semblant. Mais de temps en temps, un rappel est nécessaire. Faybelle n’était pas une élève ordinaire. Et ce fait ne doit jamais être oublié - ni par sa colocataire, ni par personne.

     La mère de Faybelle était la Méchante Fée, celle qui n’avait pas été invitée à la fête après la naissance de la Belle au Bois Dormant, et qui par conséquent avait lancé une malédiction sur la Belle au Bois Dormant pour qu’elle dorme pendant cent ans. La Méchante Fée était royale dans le monde des fées, et c’état le destin de Faybelle de porter un jour la couronne de sa mère et de devenir la plus vilaine de toutes les fées. C’était, selon Faybelle, un glorieux destin, et cela la remplissait de fierté.

     Alors, en regardant sa colocataire du Pays des Merveilles, elle sourit plus méchamment. "A l'avenir, je te suggère de garder tes collations de légumes de ton côté de la chambre." Ses yeux flamboyèrent, et les deux lits s’élevèrent du sol, juste un petit rappel de ses pouvoirs magiques.

     "Bien sûr, okay." Bunny déglutit. "Tu as raison. Je suis désordonnée. Oh, c'est la bonne heure? Je vais être en retard pour un rendez-vous très important." Et elle partit, aussi vite qu'elle pouvait. Qui pourrait lui reprocher de vouloir s'échapper? Partager sa chambre avec la fille de la plus sombre des méchantes fées était un peu déconcertant parfois.

     Ouaf, ouaf.

     Faybelle se baissa et souleva une petite boule de poils dans ses bras. La créature était un chiot remuant et agité de Pom-Poméranie à la truffe humide nommée Spindle. C'était les moments où Faybelle se permettait de laisser fondre sa façade glaciale, car elle aimait Spindle de tout son cœur. Cela aurait pu surprendre certains, mais d'être un méchant ne signifiait pas que Faybelle était incapable d'aimer. C'était plutôt l'inverse. Faybelle ressentait les choses plus profondément, et elle aimait sa famille avec la férocité d'une fée. Les cœurs des fées sont peut être plus petits que les cœurs humains, mais ils battent avec un rythme alimenté par la magie. Les fées sont capables d'amour sans mesure.

     Mais elles sont aussi capables d'avoir également les émotions les plus sombres sans mesure.

     Elle embrassa la tête de Spindle, l'étreignit, et se mit à rire quand il lui lécha les joues. "Ça suffit, mon petit," dit-elle tendrement. "Je dois finir de m'habiller. C'est une journée bien chargée, comme d'habitude." Elle le posa sur son lit. Il s'allongea sur le ventre, tout en regardant Faybelle terminer d'attacher ses baskets.

     Les chaussures aux pieds, Faybelle se dirigea vers sa coiffeuse, enjambant un navet avec précaution en chemin. Mis à part l'habitude fastidieuse de Bunny de manger des légumes crus, il n'y avait rien de mal avec Bunny. Mais Faybelle ne comprenait pas pourquoi le Directeur avait choisi un tel duo de colocataires de chambre aussi bizarre. Pourquoi ne pas choisir quelqu'un qui, au moins, faisait partie de l'histoire de Faybelle? Comme Briar Beauty, dont Faybelle devrait un jour lui jeter une malédiction qui la plongera dans un profond sommeil pendant cent ans. Ou, si ce n'était pas un personnage de son histoire, pourquoi ne pas choisir la fille d'un autre méchant, comme Lizzie Hearts ou Ginger Breadhouse? Ou, mieux encore, pourquoi pas une autre fée? Au moins une fée n'aurait pas une stupide collection de tasses de thé du Pays des Merveilles. Une fée ne rongerait pas des racines et des tubercules! Et une fée comprendrait l'importance des soins apportés aux ailes.

     Si je dirigeai cette école, les choses seraient totalement différentes, songea Faybelle. Elle aurait un étage entier du dortoir pour elle toute seule, comme le mérite à juste titre une future souveraine. Une fois qu'elle aura prit sa place en tant que Méchante Fée, elle reviendrait à Ever After High et changerait les choses. Ce sera un jour glorieux.

     Mais en attendant, elle devait s'occuper d'autres choses. Comme de ses fonctions en tant que capitaine de l'Equipe des Cheerleaders. Aujourd'hui était un jour très important pour son équipe. Ils devaient commencer à apprendre un nouvel enchaînement pour le tournoi régional le mois prochain, où tout les lycées dans le district des fables seraient en compétition pour le titre de Champions de Cheerleading. Avant que Faybelle ne s'élève au rang de capitaine, les cheerleaders d'Ever After High avaient une série de défaites qui s'étendait sur des générations. Faybelle était déterminée à remporter le trophée d'or et le placer dans la vitrine des trophées du Grimmnasium d'Ever After High.

     Faybelle prit position devant son miroir. Elle attacha ses cheveux blonds chatoyants en une haute queue de cheval et choisit un serre-tête avec un ornement d'épines pour tenir sa frange couleur sarcelle en place. Elle inspecta son reflet pour s'assurer qu'elle n'avait pas oublié quelque chose. Son uniforme de cheerleader comprenait une jupe scintillante, un T-shirt avec les lettres EAH et un leggings bleu-nuit. Les pom-poms avaient déjà été mit dans son sac d'équipement. Il n'y avait plus qu'une seule chose à faire.

     Elle déploya ses ailes.

     Les ailes de fées sont uniques dans le monde ailé. Elles ne sont ni faite de plumes comme les ailes d'un oiseau, ni tendues comme la peau d'une chauve-souris, elles sont plus semblables à des ailes de papillon. Chaque aile est faite de parties se chevauchant qui sont ultra-minces. Lorsque la lumière passe à travers, les ailes agissent comme des prismes, projetant des couleurs brillantes et parfois même des arcs-en-ciel. Lorsqu'elles ne servent pas, les ailes se replient et s’aplatissent contre le dos. Les vêtements de fée était taillés avec des trous pour les ailes. Les ailes de Faybelle étaient si iridescentes qu'elles complétaient toutes les tenues qu'elle choisissait.

     Faybelle jeta un coup d’œil par la fenêtre du dortoir. La matinée était agréablement ensoleillée, le ciel était aussi bleu que le glaçage d'un gâteau. Une journée parfaite pour s'entraîner. Elle fouilla parmi les bouteilles, les parfums et cosmétiques sur sa coiffeuse. Elle utilisait de nombreux produits pour garder ses ailes en bonne santé. Après la douche, elle les traitait avec une lotion pour les garder souples et brillantes. "Oh, la voilà," dit-elle en mettant la main sur une bouteille. Puis elle aspergea les pointes de ses ailes avec un écran solaire.

     "Sois toujours fière de tes ailes," lui avait souvent dit sa mère. "Elles te distinguent du reste du monde des contes de fées. Elles sont le symbole que toi, ma fille chérie, tu es faite de magie."

     Je le suis certainement, pensait Faybelle. Avec un sourire satisfait, elle coinça Spindle dans le creux de son bras et sortit pour commencer ce qu'elle espérait être une autre journée maléfique. Et elle allait fait en sorte que ses ailes soient fièrement remarquées par tous.

     

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    Chapitre 2: Un Essayage Féerique
    *  *  *

     Ce fut dès la petite enfance que Faybelle apprit que ses ailes étaient très importantes. Ayant été élevée dans une famille de fées, les ailes étaient un sujet de conversation constant, le centre du style, et l'objet de légendes. Il y avait des peintures d'ailes et des sculptures ailées. Même leur boîte aux lettres avait la forme d'ailes.

     La boîte aux lettres se trouvait à la fin de la longue allée et on pouvait y lire RÉSIDENCE THORN. Elle contenait les choses habituelles - des catalogues, des factures et du courrier indésirable. Mais elle contenait aussi des lettres écrites à la main, provenant pour la plupart de jeunes fées, garçons et filles, qui espéraient rencontrer un jour la propriétaire de la boîte aux lettres, la Méchante Fée, alias Madame Thorn.

     Cependant, alors que la boîte aux lettres était pleine à craquer, il y avait un certain type de courrier qui n'apparaissait jamais à la résidence Thorn... Des invitations. Que l'événement soit un mariage, un anniversaire ou une réunion n'avait pas d'importance. C'était la malédiction de la Méchante Fée de n'être jamais invitée. Elle s'efforçait d'espionner et d'écouter aux portes, car il était important qu'elle soit vue lors des événements les plus prestigieux. Mais si elle tombait sur une fête en cours qui avait échappé à sa vigilance, elle entrait dans une rage furieuse. Logiquement, le mieux était alors d'inviter la Méchante Fée, afin de ne pas avoir à subir sa colère. Mais qu'on ait l'intention de l'inviter ou non, tout le monde oubliait de l'inviter. C'était ça la malédiction.

     Les invitations étaient un sujet sensible chez la famille Thorn.

     Un poste de garde se tenait à côté de la boîte aux lettres, avec un gobelin sur place. Il était de son devoir d'inspecter les documents et les identifications avant de permettre l'entrée à travers le portail en argent. On pourrait supposer que l'allée de la Méchante Fée conduirait à une étrange résidence - une forteresse infestée de gargouilles ou un château effondré remplit de chauve-souris - en particulier parce qu'il était situé dans la Forêt Sombre. Mais la villa au bout de l'allée était d'un design élégant et construite en pierre blanche. Des marches en marbre conduisaient à une paire de portes françaises flanquées de chaque côté de hautes fenêtres qui brillaient au soleil. Une pelouse parfaitement entretenue, taillée en haies sculptées.

     La Méchante Fée elle-même ne ressemblait pas à celle que l'on pouvait s'attendre. Elle ne s'était pas enveloppée dans le noir de la nuit ou dans le rouge sang, elle ne portait ni masque ni cape. Elle ne gardait pas d'araignées, de serpents ou de rats au doigt et à l’œil, et elle ne faufilait pas non plus entre les ombres. Son portrait du sol au plafond ornait le mur opposé à l'entrée principale. Dans cette peinture, ses cheveux blancs étaient coiffés sur le côté, exposant un long cou pâle. Sa robe était en soie blanche avec des boutons de perles, et ses talons aiguille étaient forgés dans du cristal elfique. Elle était l'exemple le plus pur de l'élégance haute couture. Et sur ses mains jointes était juché une simple bague portant les armoiries de la famille Thorn. À première vue, on pourrait penser que son manque d'embellissement était un signe qu'elle était simple. Mais le peintre avait capté la vérité dans ses yeux sombres... c'était un être intelligent et complexe qui connaissait le pouvoir du destin.

     Derrière le portrait, en haut de l'escalier en colimaçon, troisième porte sur la droite, se trouvait la chambre d'enfance de Faybelle. C'était un endroit heureux, encombré d'animaux en peluche, de blocs de construction, de crayons et de papier - toutes sortes de choses pour occuper Faybelle, car c'était une enfant active, vive d'esprit qui ne se souciait pas du temps perdu. Sa compréhension personnelle des ailes se produisit trois jours après son sixième anniversaire, alors qu'elle s'habillait dans sa chambre. Mais elle avait des problèmes. "Ça ne me va pas!" se plaignit-elle, sa voix étouffée par le chemisier rose qu'elle essayait d'enfiler par-dessus sa tête.

     Sa femme de chambre, une fée de la taille d'une souris nommée Lucille, vola autour de la taille de Faybelle, puis tira sur l'ourlet de la chemise. La chemise ne bougerait pas. "Vos ailes sont bloquées," déclara Lucille.

      "Mes ailes?" Faybelle enleva la chemise, puis se tourna de côté et se regarda dans un miroir. Effectivement, pendant qu'elle dormait, ses ailes de bébé avaient triplé en taille. Elle faillit éclater de bonheur. "Elles sont si jolies! Mes ailes ont grandit! Elles ont grandit!" Peu habituée à leur nouvelle taille, elle les déploya sans prévenir, projetant accidentellement la minuscule Lucille à travers la pièce. Puis Faybelle battit des ailes et s'éleva jusqu'au plafond. "Wow! Regarde ce que je sais faire!"

     Après avoir ricoché contre le mur, Lucille atterrit face la première sur une licorne en peluche. Elle se releva brusquement et fit un signe à Faybelle. "Descendez ici tout de suite, jeune fille."

     Faybelle obéit. Mais elle s'envola instantanement. De haut en bas, de haut en bas, riant tout le temps. Ses ailes de bébé ne l'avaient jamais soulevée plus de quelques centimètres au dessus du sol. "J'ai hâte de les montrer à Mère."

     "Eh bien, vous ne les montrerez à personne avant d'être habillé." Utilisant une minuscule paire de ciseaux, Lucille agrandit les trous des ailes dans le chemisier de Faybelle. Ça ne lui allait toujours pas parfaitement, mais au moins ses ailes étaient à l'aise.

     "Dépêchez-vous!" fit Faybelle, remuant tandis que la femme de chambre choisissait une paire de chaussures. "Mère ne sera-t-elle pas surprise?"

     "Madame sait déjà que vos ailes ont grandit," lui dit Lucille.

     "Comment sait-elle?" Faybelle n'était sortie de son lit que depuis peu de temps. Elle n'avait pas encore vu sa mère.

     "Parce que toute la maisonnée peut vous entendre crier," lui répondit Lucille. "Vous ne devriez pas hurler."

     "Mais mes ailes ont grandit!"

     Tandis que Faybelle dansait à travers la pièce, Lucille volait derrière elle, faisant de son mieux pour brosser les cheveux blancs et blonds de Faybelle. "Chérie, oh chérie, vous êtes pénible." Elle vola autour de la tête de Faybelle, essayant de remettre ses boucles en place. Mais chaque fois qu'elle brossait une mèche de cheveux, Faybelle tournait sur elle-même et gâchait tout son travail. Avec un soupir exaspéré, Lucille poussa Faybelle vers la porte. "Allez dehors." Puis elle escorta Faybelle en bas, à travers la grande entrée, jusqu'à l'allée circulaire où le chauffeur de la famille Thorn attendait à côté d'une limousine noire extensible. Le capot était orné d'une paire d'ailes. 

     "Bonjour, mademoiselle Thorn," dit-il en relevant le bout de sa casquette. Ses ailes étaient aussi noires que son costume, mais les pointes semblaient avoir été trempées dans de l'argent liquide. Il ouvrit la porte arrière de la limousine. "Etes-vous prête pour une aventure?"

     "Allons-nous quelque part? Pourquoi on ne volerait pas?" demanda Faybelle. "Je peux voler haut maintenant. Mes ailes ont poussées. Vous voulez voir?" Elle décolla du sol, plus haut qu'elle ne l'avait prévu. La sensation la fit sursauter, et elle poussa un cri alarmé. Le chauffeur tendit la main et attrapa doucement sa cheville.

     "Je suis impressionné," lui dit-il en la ramenant au sol. "Mais nous ne volerons pas aujourd'hui, car le temps est discutable. Nous ne voudrions pas que vous et vos nouvelles ailes soyez prises dans une pluie torrentielle."

     "Où allons-nous?" demanda Faybelle.

     "C'est une surprise," lui dit Lucille. Elle poussa gentillement Faybelle sur la banquette arrière de la limousine. Mais elle ne la rejoignit pas.

     "Tu ne viens pas avec moi?" demanda Faybelle.

     Lucille planait devant la porte de la voiture, ses ailes minuscules battant l'air. "Madame vous accompagnera aujourd'hui," répondit-elle.

     Faybelle retint son souffle. Peu importe ce qu'ils faisaient, ça devait être super important si sa mère l'accompagnait. Aucune valise n'ayant été préparée donc ils ne devaient pas aller loin. Mais la Méchante Fée faisait rarement des courses, et on n'avait pas demandé à Faybelle de s'habiller pour l'une de ces fêtes où elles se présentaient toujours sans y être invitées. Elle frémit en regardant par la fenêtre pour voir sa mère apparaître.

     Quelques minutes plus tard, la Méchante Fée s'envola hors de la villa. Elle portait un élégant costume argenté. Ses cheveux blancs étaient nichés sous un chapeau pillbox. "Bonjour, ma chérie," dit-elle en se glissant dans la limousine et en s'installant à côté de sa fille.

     "Mère!" Faybelle enroula ses bras autour de la Méchante Fée et prit une profonde inspiration. Le parfum délicat des roses flottait depuis la nuque de sa mère. C'était un parfum bien choisi, car si les roses sentent bon, elles ont aussi des épines.

     Le conducteur ferma la porte. Lucille leur fit au revoir tandis que la limousine descendait la longue allée. Faybelle arrêta de serrer sa mère dans ses bras, puis pressa son visage contre la fenêtre de la limousine. "Où allons-nous?" demanda-t-elle. Elle salua le garde gobelin pendant qu'il ouvrait le portail.

     "Tes ailes ont commencés à pousser," déclara la Méchante Fée avec une lueur fière dans les yeux. "Et elles continueront de grandir jusqu'à ce que tu atteignes l'âge adulte. Par conséquent, le moment est venu pour toi de rencontrer mon tailleur. A partir de maintenant, il customisera tous tes vêtements afin qu'ils s'adaptent parfaitement à tes ailes."

     De nouveaux vêtements? Faybelle grimaça. Ça n'avait pas l'air d'une aventure. "On ne pourrait pas aller au Jardin des Bêtes? Ou aller chercher des cônes de glace arc-en-ciel?"

     Madame Thorn prit la main de sa fille et la fixa de ses yeux aussi sombres que complexes. "C'est très important," dit-elle. "Crois-moi."

     Le voyage jusqu'à Fairy Town prit une heure, pendant laquelle Faybelle s'agita et se tortilla comme une chenille piégée dans un bocal. Mais finalement, les bâtiments colorés apparurent au loin. Le conducteur tourna dans la rue principale, passant devant les boutiques et des cafés. Les trottoirs fourmillaient d'individus à la fois ailés et non-aillés. Certains transportaient des colis, d'autres promenaient des chiens. D'autres contemplaient les vitrines. En raison de la population importante de fées, il y avait du trafic supplémentaire dans l'air et aussi des sièges supplémentaires sur les toits pour ceux qui voulaient siroter du nectar avec une vue à couper le souffle.

     La limousine s'approcha du trottoir et s'arrêta. Quand le chauffeur ouvrit la porte arrière, Faybelle s'élança sur le trottoir. Personne ne prêta beaucoup attention à elle. Un couple de fées vola autour d'elle. Un homme avec un phénix sur l'épaule ne sourcilla même pas. Une dame faillit renverser Faybelle avec son landau. Je suis invisible? pensa Faybelle. Ils ne voient pas que mes ailes ont poussé? Elle toussa pour attirer leur attention. Une fois. Deux fois. Regardez moi.

     Soudain, tout le monde arrêta de marcher. Arrêta de parler. Et tous les yeux et les regards se tournèrent dans sa direction. Mais ils ne regardaient pas les ailes de Faybelle.

     La Méchante Fée était sortie de la limousine.

     Sa taille était impressionnante, encore plus avec ses talons aiguille en cristal. Elle lissa les plis de sa jupe et s'assura que son chapeau était parfaitement en place. Puis, le menton haut, elle déploya ses ailes. Un "Oooh" collectif emplit la rue. C'étaient des ailes magnifiques, puissantes et délicates à la fois. Aussi translucides que du verre, mais avec une bordure noire comme si elles avaient été dessinées en l'air avec un marqueur. Pendant un moment, les nuages se dispersèrent. La Méchante Fée tourna légèrement, permettant à ses ailes de capturer la lumière du soleil. Un arc-en-ciel tomba sur la limousine.

     "Aaahh" fit la foule.

     Ceux qui se tenaient le plus près inclinèrent la tête. "Madame," murmurèrent-ils.

     Puis la Méchante Fée se pencha et chuchota à l'oreille de sa fille. "Suis-moi. Garde la tête haute et ne regarde pas les autres. Laisse-les te regarder toi. Laisse-les t'admirer." Les badauds reculèrent lorsque les ailes de la Méchante Fée Noire commencèrent à battre. Elle s'éleva de quelques centimètres au dessus du sol, puis s'envola vers un magasin. Faybelle la suivit. Elle fit de son mieux pour ne regarder personne, mais il y avait tellement de choses à voir. Il y avait un leprechaun avec un Mohawk. Une dame avec des oreilles de chèvre. Et ce phénix était adorable!

     La Méchante Fée s'arrêta devant un magasin. Une enseigne était accrochée au-dessus de la porte.

    MODE ET PARURE DE FÉE 

     Le chauffeur se précipita et ouvrit la porte du magasin, mais à ce moment précis, une autre fée sortit du magasin. Elle était plutôt ronde, vêtue d'une simple robe de coton et de chaussures décontractées. Ses cheveux bleus étaient relevés en un chignon. Ses ailes étaient bleues aux extrémités, mais elles étaient repliées. Elle avait choisi de sortir du magasin en marchant.

     "Oh, pardonnez-moi," dit-elle avec un petit sursaut, sa main vola à sa poitrine en réalisant qu'elle avait faillit bousculer la Méchante Fée. Puis elle fit la révérence. "C'est un honneur de vous revoir, Madame."

     La Méchante Fée ne dit rien. Mais son regard aurait pu faire fondre la pierre. La fée aux cheveux bleus s'écarta, faisant de la place pendant que la Méchante Fée entrait en volant dans le magasin. Faybelle remarqua alors une petite fille qui tenait la main de la fée. La fille avait elle aussi les cheveux bleus. Leurs yeux se rencontrèrent. La petite fille sourit. Faybelle lui rendit son sourire. Elles avaient la même taille. Peut-être même le même âge.

     "Mes ailes ont grandi," lui dit Faybelle.

     La fille aux cheveux bleus hocha la tête. "Les miennes aussi."

     "Faybelle!" La Méchante Fée l'appela sévèrement. Faybelle se précipita à l'intérieur.

     Le magasin Mode & Parure de Fée était chaleureux et calme. Il n'y avait pas d'autres clients, juste un homme avec une barbe argentée pointue qui écrivait dans un registre. Mais quand il se retourna et vit la Méchante Fée dans son magasin, il laissa tomber son stylo plume. Puis il s'inclina. "Madame, que nous vaut ce plaisir... inattendu?" Ses mains commencèrent à trembler.

      "Il est temps pour ma fille d'avoir son premier essayage," lui répondit la Méchante Fée. Elle vola vers un fauteuil en cuir, puis s'assit. Elle croisa les mains sur ses genoux. "Alors?" demanda-t-elle avec un soupçon d'irritation.

     "Oui, oui, bien sûr." Le tailleur attrapa un mètre-ruban. "La fille de Madame Thorn est toujours la bienvenue dans mon humble boutique. C'est un honneur de vous servir." Il n'avait pas l'air honoré. Ses jambes tremblaient et son visage était devenu un peu pâle. Tandis que ses doigts s'agitaient, il laissa tomber le mètre-ruban. "Je m'excuse pour ma maladresse," marmonna-t-il.

     Faybelle n'aimait pas devoir rester parfaitement immobile et être mesurée. Elle se fichait pas mal des tissus ou du type de fil, ou si on lui choisissait des boutons ou des fermetures éclairs. Elle se délecta cependant de toute l'attention qu'elle recevait pendant que les habitants se tenaient devant la fenêtre, chuchotant et observant les procédures. Pendant un moment, Faybelle se sentit célèbre. Mais elle se demanda ensuite qu'est-ce que la fille aux cheveux bleus allait faire ensuite? Est-ce qu'elle visiterait le Jardin de la Bête? Ou aurait-elle un cône de glace arc-en-ciel?

     "Ses nouveaux vêtements seront prêts demain. Dois-je les faire livrer?" demanda le tailleur.

     "Evidemment," répondit la Méchante Fée. Puis elle agita la main. Un nuage de poussière de fée apparut, et trois pièces d'or atterrirent sur le comptoir du tailleur. "Bonne journée."

     Le tailleur se précipita vers la porte, l'ouvrit, puis s'inclina lorsqu'elle passa devant lui.

     "Merci de votre visite, Madame," dit-il. La foule se sépara tandis que la Méchante Fée et sa fille retournaient à leur limousine. Certains s'inclinaient ou faisaient des révérences, tandis que d'autres tombaient à genoux.

     "Qui était cette fée aux cheveux bleus?" demanda Faybelle une fois qu'elles remontèrent l'avenue principale en limousine.

     "Elle s'appelle Mrs. Goodfairy, et elle n'a aucune importance," répondit la Méchante Fée.

     Cela n'avait aucun sens pour Faybelle. "Mais c'est une fée. Tu m'as dit que les fées sont les êtres les plus importants."

     La Méchante Fée repoussa doucement une mèche de cheveux du front de Faybelle. "Oui, il est vrai que les fées sont très spéciales parce que les fées sont faites de magie. La fée aux cheveux bleus est une marraine fée. Elle a des capacités limitées. Mais nous, ma fille chérie, nous sommes de méchantes fées, et nous exerçons un pouvoir sans limite. C'est pourquoi nous sommes les plus admirées et les plus craintes."

     Craintes? Faybelle réalisa ce qu'elle avait vu dans les yeux du tailleur et dans les yeux de tout ceux qui regardaient sa mère. C'était la peur.

     "Pourquoi sommes-nous craintes?"

     "Parce que, ma chère, alors que les fées marraines sont les servantes de leur magie, nous les fées sombres, nous ne servons personne."

     Et ce fut le jour où Faybelle Thorn apprit exactement qui elle était, et qui elle devait devenir.

     

    * * *

    Découvrez la suite dans le roman "Fairy's Got Talent"!

    Traduction de l'anglais par luc-elementix

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