Dans l'Incubatorio, la chambre des Démons, le silence ne régnait pas vraiment: Sulfus jouait de la guitare électrique à s'en casser les typans tandis que Gas, qui mangeait un gigantesque sandwich, l'écoutait avec satisfaction. Rien de mieux qu'un peu de bruit avant de s'endormir! Les murs tremblaient violemment: s'il y avait des fenêtres, elles auraient depuis longtemps éclatés en morceaux.
Kabalé et Cabiria se regardèrent en souriant à la porte.
"Est-ce qu'il y a une fête ici, les gars? Faîtes de la place, on se joint à vous" dit Cabiria un peu dégoûtée en se déplaçant à travers les piles de chaussettes et T-shirts sales afin de leur parler.
"Pas de nourriture, pas de fête" s'écria Gas en serrant le sandwich entre ses dents, faisant ainsi tomber de la sauce tomate sur son T-shirt qui n'avait pas vu de savon depuis un millénaire ou deux.
"Pas de fête, pas de nouvelles" cria Cabiria parce que Sulfus avait augmenté le volume des enceintes de sa guitare et maintenant, les murs de l'Incubatorio étaient sur le point de s'effondrer.
Gas se précipita pour éteindre l'interrupteur. "Quoi? La Temptel a enfin accepté de se marier avec moi?" espéra-t-il.
"Mais ouiiii ... elle a déjà acheté le bouquet! De belles fleurs carnivores!" plaisanta Kabalé.
Gas fit une grimace et Sulfus posa sa guitare, ennuyé.
"Eh bien, qu'est ce que vous voulez? On était très bien avant votre arrivée..." dit-il en pinçant Kabalé et en donnant une gifle à Gas. "Pas vrai, Gas?"
Le Démon répondit en lui lançant au visage ce qui restait de son sandwich. Sulfus s'empara d'une paire de chaussettes sales et le poursuivit autour de la pièce afin d'essayer de la lui faire avaler. Kabalé et Cabiria ne s'attendaient pas à ça: elles se jetèrent avec enthousiasme dans la mêlée, saisissant les oreillers des lits.
Une seconde plus tard la bataille faisait rage!
Peu à peu, tous les coussins furent arrachés: des nuages de plumes violettes et noires volaient partout, tandis que les quatre Démons riaient comme des fous en se donnant des coups.
Sulfus était déchaînée, mais ses pensées étaient ailleurs...
Il n'arrêtait pas de penser à Raf, comme hanté par son image. Leur baiser? Inoubliable! Ce baiser l'avait pénétré avec un frisson céleste: c'était la chose la plus mortelle, infinie et miraculeuse qu'il n'avait jamais connu. Il ne pouvait plus revenir en arrière: l'impression, le goût de ce splendide et douloureux baiser était ancré en lui. Et chaque jour, il faisait des efforts considérables pour l'effacer de sa mémoire.
Et maintenant... qu'allait-il se passer? Raf était sur le point de comettre un nouveau sacrilège innommable et voulait son aide pour entrer dans la Chambre des Portraits! Etait-ce vraiment sa Raf ou un Ange totalement inconnue? Et ce nouvel Ange était peut-être encore plus attrayante, si outrageante?
Au final, il se jeta sur Kabalé et essaya de la frapper dans le dos en riant, les larmes aux yeux.
A SUIVRE...
Traduction de l'italien par elementix