• La Légende de Nicolas Flamel

    LA LÉGENDE DE NICOLAS FLAMEL
    Paris, France

    Nicolas Flamel, pour les fans d'Harry Potter, est avant tout l'alchimiste qui inventa la Pierre Philosophale, cette substance miraculeuse qui aurait le pouvoir de changer le plomb en or et de produire un élixir d'immortalité. Mais Flamel et sa femme Perrenelle ont bien existé. Et si l'on en croit les écrits qu'il a laissés, c'est lui qui créa la Pierre légendaire dans son laboratoire, le 17 juin 1382...

    Ce que nous savons de Nicolas Flamel, nous le devons essentiellement à son "Livre des Figures Hiéroglyphiques", dans lequel il raconte comment, presque par accident, il devint alchimiste. A sa naissance - vers 1330, dans la petite ville française de Pontoise - , l'alchimie se pratiquait déjà couramment en Europe occidentale. Ayant pour fondements les règles des métallurgistes grecs et égyptiens, les secrets de l'alchimie arrivèrent en Europe en passant par le monde arabe et furent accessibles vers 1200 dans des livres en latin. Ces ouvrages décrivaient un équipement de laboratoire très sophistiqué, des ingrédients chimiques et des procédures complexes grâce auxquels il était possible de synthétiser la Pierre Philosophale, donc de gagner une fortune immense, sans parler du don inestimable de l'immortalité. On disait aussi de l'alchimie qu'elle était une science "spirituelle", ce qui impliquait que l'alchimiste, pour peu qu'il adoptât une attitude humble et une réelle dévotion, pouvait élever son âme et atteindre une pureté supérieure. Si beaucoup étaient sceptiques à ce sujet, d'autres, innombrables, se bâtirent des laboratoires de fortune et consacrèrent leur vie à tenter de créer la Pierre.

    Nicolas Flamel semble n'avoir eu dans sa jeunesse aucun intérêt particulier pour l'alchimie, même s'il en avait sans doute entendu parler. Pour un homme de son époque, il était très instruit, connaissait en plus du français un latin solide, et quand il fut temps pour lui de s'installer, il partit pour Paris, où il devint copiste, notaire et marchand de livres. Beaucoup des contemporains de Flamel ne savaient ni lire ni écrire. Aussi, lorsqu'ils devaient consigner quelque transaction importante, ils allaient trouver un scribe professionnel, ce qu'était encore Nicolas Flamel. Il recopiait également des livres et des manuscrits (l'imprimerie ne fut inventée qu'il siècle plus tard) et augmentait ses revenus en donnant parfois des leçons d'écriture aux plus riches, leur enseignant, entre autres arts, celui de la signature. Sa première échoppe se situait dans une minuscule bicoque en bois de la rue des Notaires, mais son succès lui permit bientôt d'engager des apprentis et d'acheter une maison voisine, au premier étage de laquelle il transféra son commerce. Il rencontra en outre Perrenelle, une riche et séduisante veuve, qu'il épousa.  

    Jusque-là, la vie du jeune copiste semble tout à fait ordinaire. Mais tout bascula le jour où un étranger pénétra dans sa boutique et lui vendit un livre qui allait changer sa vie pour toujours.

    "Il me tomba entre les mains, pour la somme de deux florins, un livre doré, fort vieux et beaucoup large", écrit-il. "Il n'était point de papier ou parchemin, comme sont les autres, mais il était fait de déliées écorces (comme il me sembloit) de tendre arbrisseaux. Sa couverture étroit de cuivre bien délié, toute gravée de lettres ou figures étranges."

    Flamel observa consciencieusement ce livre et finit par se convaincre qu'il contenait le secret de la fabrication de la Pierre Philosophale - il ne lui restait qu'à en comprendre le contenu. Or comme tous les ouvrages d'alchimie, celui-ci était pour une partie écrit dans un langage crypté. Et les secrets les plus fabuleux étaient formulés non par des mots, mais par de mystérieux symboles. Un dessin, par exemple, représentait un désert peint, jalonné de magnifiques fontaines débordant de serpents. Sur un autre, un buisson fouetté par les vents et planté au sommet d'une montagne était entouré de griffons et de dragons.

    Flamel recopia les dessins (nul hormis Perrenelle ne fut autorisé à voir le livre original), les montra à des collègues et les accrocha même aux murs de sa boutique, dans l'espoir que quelqu'un pourrait lui en révéler la signification. Mais personne ne le put. C'est probablement à cette époque que Flamel installa son propre laboratoire d'alchimie et entama ses expériences, en les fondant sur les parties du livre qu'il avait comprises. Néanmoins rien ne marchait. La tradition des alchimistes exigeait que tout disciple qui voulait pratiquer "l'art" fût d'abord initié à ses secrets par un maître. N'obtenant aucun succès dans ses expériences, Flamel revint à Paris où, après trois ans d'un labeur sans relâche, il atteignit enfin son but:

    "Ce fut le 17 de Janvier, un Lundi environ midi, en ma maison, en présence de Perrenelle seule, l'An mil trois cens quatre-vingt deux. Et puis après, en suivant toujours de mot à mot mon Livre, je la fis avec la Pierre rouge, sur semblable quantité de Mercure, en présence encore de Perrenelle seule, en la même maison, le vingt-cinquième jour d'Avril suivant de la même année, sur les cinq heurs du soir, que je transmuai véritablement en quasi autant de pur Or, meilleur certainement que l'Or commun, plus doux et plus ployable."  

    D'après ses dires, Flamel ne créa de l'or que trois fois. Ce qui était déjà bien plus qu'il n'en demandait. Lui et Perrenelle vivaient modestement et utilisèrent leur richesse pour aider leur prochain. Ils créèrent et entretinrent de leur vivant quatorze hôpitaux, financèrent des monuments religieux, firent construire des chapelles, payèrent l'entretien d'églises et de cimetières et aidèrent bon nombre de veuves et d'orphelins. Perrenelle mourut en 1397 et Flamel passa les dernières années de sa vie à écrire sur l'alchimie. Il mourut le 22 mars 1418 et fut enterré près de chez lui, à l'église Saint-Jacques-de-la-Boucherie.

    Que faut-il penser de l'histoire de Nicolas Flamel? Fabriqua-t-il réellement de l'or? Ou bien inventa-t-il toute l'histoire - le vieux grimoire, le voyage en Espagne et la Pierre Philosophale? Nous n'avons pour seule source d'inspiration que Flamel lui-même. Certains faits  cependant demeurent au-dessus de tout soupçon. Nicolas Flamel a réellement existé. Ses dons et ses bonnes actions également (certains des monuments qu'il fit construire sont restés debout plusieurs siècles). L'histoire de sa quête initiatique contribua à promouvoir l'alchimie comme une science authentique et à faire croire que la Pierre Philosophale pouvait être synthétisée.

    Au XVIIème siècle, l'histoire de Flamel faisait partie de la légende. On raconta qu'après sa mort, des pillards pénétrèrent chez lui et mirent la maison sens dessus dessous, pensant y trouver de l'or. Bredouilles, ils entreprirent ensuite d'ouvrir le cercueil du grand alchimiste, dans l'espoir qu'il aurait emporté avec lui un morceau de la Pierre. Mais ils trouvèrent le cercueil vide - pas de Pierre et pas de Flamel non plus! Certains dirent qu'en réalité, Flamel et Perrenelle n'étaient pas morts, qu'ils s'étaient servi de la Pierre pour devenir immortels. On rapporta alors sur eux une foule de témoignages. Un émissaire de Louis XIV avait aperçu le couple, qui vivait en Inde. En 1761, on les vit assister à une représentation au théâtre de l'Opéra, à Paris.

    Aujourd'hui, la maison de Nicolas Flamel est devenue une auberge. Vous pouvez la trouver à cette adresse: 

    Auberge Nicolas Flamel
    51 rue de Montmorency 
    75003 Paris

    Source: Le Livre de l'Apprenti Sorcier

    « AntedeluvianAnubian »

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