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Interview des auteurs du reboot de W.I.T.C.H. par Cronache De Witch
Comment est née l’idée ? Depuis combien de temps est-elle en préparation ?
Giulia Adragna : Nous ne savons pas ce qui s'est passé avant de nous contacter. Disney nous a demandé si nous voulions faire le reboot de Witch, ce qui est une chose à laquelle on ne peut pas dire non... J'ai commencé avec les dessins en Janvier 2022...
Alessandro Ferrari : ...Nous avons donc travaillé sur l'histoire à partir de l'été 2021, jusqu'au début 2022, quand j'ai commencé à écrire le scénario. Ce sont des mois et des mois de travail, et il n'y a pas que nous : il y a le travail d'une immense équipe derrière tout ça.
Quelles étaient les indications de ce reboot ?
Alessandro Ferrari : En ce qui concerne l'écriture, il fallait que ce soit une histoire moderne, avec les mêmes personnages (puisque c'est un reboot), mais contemporaine, conçue pour les garçons et les filles d'aujourd'hui. L'indication était de repartir des personnages, vous les connaissez (j'aime dire qu'elles sont six, pour moi Elyon est une des Witch) et d'écrire leur histoire. En dehors des directives de Disney, il n'y avait pas d'indications spécifiques : nous avons travaillé [dessus] pendant des mois avec l'équipe éditoriale en totale liberté, l'important était que ce soit une bonne histoire.
Giulia Adragna : J'ai reçu un pitch très bref de l'histoire mais surtout les descriptions des filles : je me suis basée sur ça pour le character design. J'ai aussi eu beaucoup de liberté et presque tout est resté identique à mes recherches, il n'y a pas eu de changements importants. Le mieux, c'est que j'ai pu utiliser mon style de dessin en toute liberté, ce qui n'est pas une chose qui va de soi quand on travaille dans la bande dessinée, notamment pour les marques. J'étais très contente.
À quoi devons-nous les changements de certains personnages ?
Alessandro Ferrari : Nous n'avons pas travaillé avec l'ancien Witch en main : c'était un chef-d'œuvre, nous le savons tous, et il est en chacun de nous, mais on ne devait pas le refaire, on devait repartir de zéro et créer quelque chose de nouveau.
Giulia Adragna : Je ne voulais pas regarder l'ancien Witch pendant que je travaillais, je ne voulais pas risquer de l'imiter ou de faire quelque chose de différent de force, j'avais déjà ce qu'il fallait en moi : ce qui en est ressorti est en partie ce bagage et en partie mon interprétation. Par exemple, pour moi, les couleurs de Cornelia devaient être celles de la terre, des couleurs chaudes.
Cela n'a jamais été envisagé d'inclure les anciennes Gardiennes aux côtés d'une nouvelle équipe ?
Alessandro Ferrari : Nous ne le savons pas : nous avons été contactés avec l'idée de faire le reboot, on ne nous a pas demandé de réfléchir à des alternatives.
Giulia Adragna : Notre rôle est celui de créatifs, mais aussi de techniciens, faisant partie d'une équipe très large.
Parlons de la façon dont vous avez géré la transformation.
Giulia Adragna : Quelqu'un a dit que les croquis de la page 123 semblaient plus magiques... Ce qui m'intéressait c'est qu'elles se battent confortablement, j'ai fait beaucoup de croquis mais je ne vois pas une grande différence entre ceux-ci et ce qui a été créé ensuite. J'étais très libre de les concevoir et je l'ai fait comme je l'entendais : je n'ai pas regardé les anciens costumes, j'ai dessiné ce dont je me souvenais, en me l'appropriant.
Alessandro Ferrari : Le fait que les filles ne grandissent pas dans la transformation était une décision unanime : la manière dont s'exprime le désir de devenir grand chez les garçons et les filles a vraiment changé, aujourd'hui, c'était juste une chose ressentie différemment. L’idée que la magie te rend plus grande ne fonctionne plus. Il ne s’agit plus de vouloir paraître grande mais de faire des choses de grande personne.
Giulia Adragna : Je ne me suis même pas posé le problème : elles sont bien comme elles sont, elles n'ont pas besoin d'aspirer à être différentes, elles n'ont pas besoin d'être plus grandes.
Quelle est votre Witch préférée parmi l'ancienne et la nouvelle équipe ?
Giulia Adragna : La mienne était Cornelia, j'ai un faible pour les personnages antipathiques... maintenant Taranee me plaît aussi mais j'aime aussi toujours Cornelia, c'est un personnage aux multiples facettes.
Alessandro Ferrari : Celle de l'ancienne équipe, c'était Cornelia pour moi aussi. Dans la nouvelle équipe, j'ai vraiment du mal à choisir : dans chacune d'elle, il y a une partie qui me tient à cœur, une raison d'adorer chacune d'elles. Dans cette première histoire je dirais qu'Elyon et Will sont en compétition, je dirais Elyon jusqu'à la moitié de l'histoire puis Will.
Comment devient-on Alessandro Ferrari ?
Alessandro Ferrari : Je ne savais pas que j'allais finir par écrire, je ne l'ai compris que très tard. J'ai écrit des lettres jusqu'à l'université, j'écrivais mais je n'avais aucune idée qu'écrire deviendrait mon métier. J'ai toujours lu des bandes dessinées, depuis le collège, puis à la fin du lycée, j'ai commencé à écrire des choses pour moi-même, faisant une BD avec un ami qui dessinait. Là, j'ai réalisé que c'était quelque chose que je voulais faire. Il y avait un autre projet très ambitieux, avec une photographe et un illustrateur, huit immenses planches avec une histoire d'amour, une rencontre entre deux très jeunes adolescents : elle est une photographie et lui un dessin, par conséquent ils ne pourront jamais s'aimer.
Je n'ai pas écrit pour être publié mais j'aimais le faire en pensant qu'un jour cela verrait le jour. Pendant mes études universitaires, j'ai travaillé pour réaliser mon rêve, qui était d'aller à New York pendant un mois : à l'époque, il y avait le Comic Con à San Diego et, par un heureux hasard, il y avait aussi Disney Italia, qui présentait Kylion. À cette occasion j'ai rencontré trois éditeurs, avec lesquels je suis resté en contact et qui m'ont proposé de participer aux sélections de l'Académie Disney, que j'ai ensuite passé. Après la formation, un de mes premiers boulots a été d'écrire le premier numéro de la BD Pirates des Caraïbes, puis j'ai atterri sur Witch... ...J'ai commencé à faire des adaptations en bande dessinée des films Disney, un peu de tout : j'ai aussi travaillé sur Mad Sonja et Real Life, ce sont des projets que j'ai beaucoup aimé. Puis j'ai commencé avec Disney Global à faire des sagas en BD avec Mickey Mouse et Donald Duck et puis j'ai atterri sur le reboot de Witch.
Je ne savais pas qu'en allant à San Diego, je finirais par faire ces bandes dessinées. À mon avis, il faut toujours essayer, pas seulement dans un domaine précis : on ne sait jamais comment on va y arriver, ce qui nous intéresse vraiment. J'écris avec Mondadori et DeAgostini, mais tout est né de ce jour à San Diego : les choses s'obtiennent en essayant, pas seulement dans une seule direction.
Comment devient-on Giulia Adragna ?
Giulia Adragna : Dans ma famille, nous avons toujours lu des bandes dessinées, cela n'a jamais été quelque chose à faire en cachette, c'était une chose naturelle. J'ai amené le manga à la maison, à commencer par Ranma plus particulièrement (tout ce qu'a fait Takahashi compte beaucoup pour moi). Je n'ai pas pu suivre le cursus artistique mais pendant que je fréquentais les classiques j'ai suivi plus d'un cours de bande dessinée, ce qui m'a permis de cultiver ma passion. Au moment de choisir l'université, malheureusement il n'y avait aucune école de bande dessinée à Palerme : à dix-huit ans, je n'avais pas envie d'aller vivre seule et j'ai choisi la restauration, considérant cela comme un choix similaire (qui ensuite ne s'est pas avéré être le cas).
Finalement, je n'ai jamais obtenu mon diplôme, même si j'ai passé tous les examens : je me suis inscrite à l'école de bande dessinée (qui a ouvert quelques semaines seulement après mon inscription à l'université) et j'ai fait les trois années, en faisant les premiers petit boulots alors que j'étais encore étudiante. J'ai toujours travaillé un peu sur tout, je suis dessinatrice mais aussi coloriste et j'aime aussi faire du lettering. J'ai commencé avec des magazines pour filles, puis j'ai rejoint Panini avec Miraculous, où j'ai travaillé pendant six ans mais en continuant avec mes bandes dessinées autoproduites. Ma passion.
Recommandez une de vos œuvres à toute personne ayant lu "Le Cœur de l’Amitié" ("Le Cœur de Kandrakar" en VF).
Giulia Adragna : Je recommande la première chose que j'ai faite, qui est aussi ce dont je suis la plus fière : Miss Hall, une bande dessinée de style Régence, style Orgueil et Préjugés (comme environnement et comme histoire). Ce n'est pas fini mais il y a le premier chapitre gratuit sur mon site.
Alessandro Ferrari : Un de mes livres ? Cela dépend de l'âge. Peut-être le premier, "Le ragazze non hanno paura" (Les filles n’ont pas peur). Qui a plus de rapport avec W.I.T.C.H. si tu veux.
Qu’aimeriez-vous dessiner ou écrire si vous en aviez l’occasion ?
Giulia Adragna : Moi, toujours des bandes dessinées romantiques, pour filles, avec des mages, historiques, en costumes...
Alessandro Ferrari : Mon rêve, qui ne me semble pas réalisable à cette époque, est de faire un dessin animé aussi BEAU que Lady Oscar : historique, dramatique, intense, plein de bonheur, de douleur, de souffrance et de rêves. Il n'y a plus de dessins animés comme celui-ci.
Que pouvez-vous nous dire sur le second volume ?
Alessandro Ferrari : On travaillons encore dessus, nous ne savons pas quand il sortira. L'intention est de créer un produit qui puisse être accessible même pour ceux qui n'ont pas lu le premier numéro. Nous prenons de nouvelles voies après ce que nous avons fait avec Kandrakar et nous suivons nos cinq filles dans leur découverte d'elles-mêmes. Je peux vous dire que oui, ce sera quelque chose d'inattendu. Et oui, j'ai déjà le cœur qui bat pendant que je l'écris. Vous ne pouvez pas imaginer ce qui va arriver à... D'accord, je ne peux rien dire d'autre !
Giulia Adragna : La longueur sera plus ou moins la même et ce sera encore moi et Alessandro. Dans le premier tome nous ne parlons pas beaucoup de ce que sont ces pouvoirs, dans le deuxième tome nous aborderons également le sens de cette magie. Mais nos passages préférés de Witch de cette époque restent ceux de leur quotidien.
Alessandro Ferrari : Il y aura de nouveaux personnages dans le premier tome, ce n'est pas du tout ce à quoi on s'attend. Il y aura un moment très émouvant auquel je tiens beaucoup et que j'ai hâte de voir dessiné par Giulia. Ce qui est très agréable et qui ne m'arrive pas souvent dans ce domaine, c'est d'avoir pu travailler en étroite collaboration avec Giulia. Elle me montre toujours ses premières versions des pages et il en résulte toujours quelque chose d'inattendu et de plus beau. Par exemple, même la scène de Hay Lin s'enfuyant sur son vélo ou celle dans laquelle elle regarde les étoiles avec sa grand-mère sont nées d'elle et de ce moment de partage.
Pour plus de contenu W.i.t.c.h., n'hésitez pas à suivre @cronachediwith sur Instagram!Source : @cronachediwitch sur Instagram
Traduction de l'italien par luc-elementix
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