• "Mon Dimanche" (La Croix)

    "Ma famille m'interdit l'accès à l'ordinateur"

    Sophie Audouin-Mamikonian, auteur de la saga à succès "Tara Duncan", passe ses dimanches loin de tout clavier. Elle en profite pour nourrir son monde imaginaire, peuplé d'Anges et de Dragons, dans des musées...

    MON TABLEAU: "Saint Georges terrassant le Dragon" de Raphaël

    "A l'origine de mes livres, il y a souvent des chocs visuels et le dimanche, avec ma famille, nous allons souvent au musée. Nous sommes membres donateurs du Louvre. Nous y allons souvent pour voir mes peintres préférés: Holbein, Memling, Van Eyck, et aussi les italiens, de Fra Angelico à Léonard de Vinci. J'aime beaucoup le tableau "Saint Georges terrassant le Dragon" de Raphaël. D'abord parce que j'ai un faible pour les Dragons (il y en a près de 200 dans "Tara Duncan"). Mais surtout parce que ce tableau symbolise la victoire du bien sur le mal. Si j'avais un voeu à faire pour améliorer le monde, ce serait celui-là: que le bien, la raison terrassent le chaos, la sauvagerie. C'est en éduquant que l'homme pourra vaincre le mal."

    "Tous les jours de la semaine, j’apporte à mon mari son petit déjeuner au lit. Mais le dimanche, c’est son tour. La journée commence donc très bien ! Nous vivons à Paris dans le 16ème arrondissement, avec nos deux filles étudiantes, âgées de 24 et 21 ans. Elles sont grandes mais je continue à dédier mes livres à mes "poussines". Comme ils savent tous les trois que je suis une workaholic  – je travaille près de quinze heures par jour – ils m’empêchent d’approcher un ordinateur le dimanche, et je dois dire que cette interdiction me convient ! Le plus souvent, pour éviter la tentation, nous partons nous promener dans la forêt de Fontainebleau, visiter un musée à Paris ou ailleurs, ou bien acheter des livres et des DVD au Virgin, ouvert le dimanche. L’idée est de sortir de l’appartement, sinon je suis tentée d’écrire ou de répondre aux mails des "Taraddicts", les fans de la saga "Tara Duncan". C’est une immense communauté à qui je fais découvrir sur un blog des passages inédits de mes livres, des extraits du dessin animé…

    Le tome 9, "Tara Duncan contre la Reine Noire", est sorti le 22 septembre. La série, qui sera une "dodécalogie" (12 tomes), est traduite dans 13 langues et s’est vendue à plus de 7 millions d’exemplaires. Je reçois des mails du monde entier. Leurs auteurs ne sont pas seulement des enfants ou des adolescents. Environ un tiers d’adultes suivent aussi ses aventures. C’est vrai que la littérature jeunesse a évolué depuis une quinzaine d’années. Tout comme les romans policiers, longtemps perçus comme un sous-genre, elle est de mieux en mieux considérée et cela me fait très plaisir !

    En mars, je partirai à New York pour assister à la sortie du premier Tara aux États-Unis. Il est très rare qu’un éditeur américain achète des livres de fantasy français, j’ai donc beaucoup de chance et j’espère bien que cette traduction ouvrira à Tara Duncan les portes des studios de Hollywood. Je rêve qu’elle soit adaptée au cinéma depuis que j’ai été publiée en 2003, dix-sept ans après avoir écrit le premier tome… Quand j’ai proposé le manuscrit sur la petite "Sortcelière" aux éditeurs avant la parution de "Harry Potter", ils m’ont répondu que la magie n’était pas un thème porteur, que les adolescents n’aimaient pas les gros livres… Il a fallu le succès de "Harry Potter" pour qu’ils se rendent compte qu’ils avaient tout faux. Depuis, j’ai pris l’habitude de ne pas trop écouter leurs conseils. Les éditeurs sont souvent pris dans une dichotomie entre l’idée que le livre est un objet sacré et le fait qu’ils doivent le vendre. Selon moi, si on a une bonne histoire, il n’y a pas de règle.

    Dans ma famille on trouve des gens de lettres, parmi lesquels Pierre Gilles Veber, auteur du roman "Fanfan la Tulipe" et dont je suis l’arrière-petite-fille, et Tristan Bernard qui est un de mes arrière-grands-oncles.

    J’ai une imagination débordante et ris souvent toute seule en écrivant "Tara Duncan". En revanche, je me suis moins amusée en rédigeant mon nouveau livre, "La Couleur de l’âme des Anges", qui sortira chez Robert Laffont en janvier prochain. J’ai eu du mal à l’écrire après la disparition de mon directeur de collection, Laurent Bonelli, qui m’avait encouragée à continuer après en avoir lu les premiers extraits. Cette perte m’a paralysée.

    L’idée de ce livre m’est venue lors d’une exposition à Bruges consacrée à Jan Van Eyck. Il y avait là un tableau de Jean Fouquet qui représentait Agnès Sorel, en Madone à l’Enfant, et derrière elle, des Anges bleus et rouge vif. Ce tableau m’a beaucoup touchée. Je crois en Dieu, je suis baptisée catholique, ce qui ne plaît pas trop au catholicos car les Mamikonian sont des piliers de l’Église d’Arménie. Princesse héritière du royaume d’Arménie, j’ai un ancêtre, Vardan Mamikonian, qui  a même été sanctifié : saint Vardan (mort en 451) était un chef militaire qui s’est battu contre les Perses. Je vis ma foi très paisiblement mais ne vais pas à l’église le dimanche."

    Article par Marie Auffret-Pericone pour le journal "La Croix"

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