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La Princesse de la Fantasy (Le Soir)

Sophie Audouin-Mama... euh! "Mais non, mon nom n'est pas compliqué, lance-t-elle. Il suffit de penser à une mamie qui cogne: mamie-cognant." Reprenons: Sophie Audouin-Mamikonian est, vous l'avez compris, un personnage. On la rencontre à l'Amigo. Elle se lève précipitament, sourire éclatant, yeux rieurs, 49 ans joliment portés. Un début de rencontre tout à son image: franc, sans langue de bois, simple et bavard. "C'est un personnage, hein?, commente son éditrice Elsa Lafon. Ca nous change des auteurs conventionnels."

Une femme haute en couleurs, en effet. On peut l'être, dans son cas. Elle est princesse héritière du trône d'Arménie, qui ne connaît plus de monarchie depuis des lustres et des lustres. Elle n'en parle pas mais des sites la baptisent Son Altesse Royale. "Je ne sais pas si cette hérédité nourrit son personnage, reprend Elsa Lafon, mais cette ascendance nourrit en tout cas sa culture et ce titre lui donne un air assez décalé aujourd'hui."

Et puis, et surtout, Sophie Audouin-Mamikonian est l'auteur de la série Tara Duncan. Sept millions de livres vendus dans le monde dans dix-sept pays et treize langues. Ca pose un écrivain, un tel succès. Tara Duncan, c'est une jeune héroïne, une Sortcelière dotée de pouvoirs extraordinaires qu'elle a parfois du mal à contrôler et qui a déjà vécu huit aventures. Elle en vivra douze. Avec Sophie, tout est calculé. Pour sa nouvelle série, Indiana Teller, dont le premier volume vient de paraître, il y en a quatre. La princesse se fait dans le long.

"Je ne sais pas faire court, rétorque-t-elle. Je suis plutôt dans l'emphase que dans la litote. Si je me laissais aller, j'écrirais des romans de 3000 pages, mais je dois me cabrer. Je suis d'habitude proustienne, j'écris des phrases longues. Elsa Lafon m'a demandé d'écrire plus court, plus immédiat. J'ai travaillé dur avec elle, et elle a fait ressortir le meilleur de moi."

Elsa confirme qu'elles ont beaucoup travaillé à deux: "Tara Duncan contient beaucoup de personnages, d'intrigues, c'est foisonnant. Dans Indiana Teller, je voulais recentrer sur une histoire et des personnages dont on puisse explorer la psychologie. Et je dois dire que Sophie a beaucoup aimé ça. Elle est demandeuse d'un retour."

Le résultat est réussi. Le livre se lit avec beaucoup de plaisir dont celui de découvrir des personnages assez complexes, où les méchants peuvent être sympas et les bons assez stupides. Indiana est un ado éduqué dans une famille de loups-garous, mais lui n'en est pas un. Il paraît bien faible, cet humain dans cet environnement de jeunes gens qui se muent si site en loups musclés. Mais il possède un pouvoir: il est achronaute, il peut remonter le temps, c'est un rebrousse-temps.

"Cette histoire me trottait dans la tête depuis que j'ai vu le film "Le Loup-garou de Londres". J'ai imaginé ce jeune humain éduqué par des loups-garous qui, à l'université, a le réflexe de renifler les filles plutôt que de leur parler. Mais je ne voulais pas que ce ne soit que drôle: Indiana est obligé de s'ouvrir aux humains pour rester humain, pour trouver sa place dans le monde."

Des loups-garous plus le voyage dans le temps. C'est Wolfman qui rencontre Wells. Ca l'amuse, Sophie. Comme le travail d'écriture l'amuse. Une souffrance? "Ah non! Je travaille quelque 15 heures par jour. Les lundis, mercredis et vendredis sur "Tara Duncan", les mardis et les jeudis sur un roman hors-série "La Couleur de l'Ame des Anges". En passant d'un livre à l'autre, je retrouve de la fraîcheur, ça me permet de créer des personnages intéréssants." Difficile? "Non. Les univers de mes fictions sont perméables. C'est comme s'il y avait des fenêtres entre eux: j'ai toujours vue sur la pièce d'à côté."

Article réalisé par Jean-Claude Vantroven pour le journal "Le Soir"

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