Cette petite anecdote m'est arrivée pas plus tard qu'hier soir. Mes parents étant de sortie, j'allais enfin pouvoir passer une agréable soirée tranquille sans penser à mes soucis de la FAC (notes de cours à réécrire, films et livres à lire pour tel cours, faire la montagne de devoirs à finir pour la semaine prochaine, commencer à réfléchir sur les DM à faire ce semestre, etc...). Malheureusement, j'ai du faire quelque chose de mal qui a déplut à "quelqu'un là-haut" et celui-ci n'a rien trouvé de mieux que de me punir en faisant de ma soirée un enfer!

Tout a eu lieu à cause d'un plat. La raclette.

Pas de quoi en faire un fromage, quoi!

C'est tout simple, tu mets les pommes de terre, de l'eau et un peu de sel dans une cocotte-minute. Tu fermes et tu mets sur le feu. Au bout de 10 minutes à partir du moment où le machin tourne, tu sors la vapeur, tu ouvre et tu sers les pommes de terre. Il reste plus qu'à faire fondre le fromage avec le kit à raclette, le faire couler sur tes pommes de terre et de passer à table.

À 19h57, lorsque les pommes de terre étaient cuites, j'ai arrêté le gaz et j'ai pris les gants pour ouvrir la cocotte-minute. Léger problème: j'avais serré trop fort la poignée! Impossible d'ouvrir. J'ai essayé de tourner la poignée de toutes mes forces au risque de me tordre le poignet. Au bout d'un moment, je ne savais même plus dans quel sens il fallait tourner pour ouvrir! C'est là que sont apparus les premiers symptômes...

L'une de mes premières envies a été de prendre la cocotte et de la balancer de toutes mes forces dans le jardin avec le (ridicule) espoir que j'arriverais à l'ouvrir comme ça. Je me suis acharné sur ma cocotte de façon de plus en plus extravertie: en tournant la poignée en vain, en secouant la cocotte sur la cuisinière, en tirant de toutes mes forces le couvercle, en donnant des coups de pieds dedans avec rage, etc...

J'ai couru jusqu'au garage afin d'utiliser les outils de bricolage de mon père. Au début, je pensais que j'avais juste besoin d'un tournevis mais vous savez que dès qu'on a besoin de quelque chose, ce n’est jamais rangé à sa place! Mon regard a glissé un instant sur la rangée de scies métalliques jusqu'à ce qu'une image de moi, cassant toutes les dents de la scie sur la cocotte me convainc que ce n'était pas une bonne idée. J'ai essayé différents outils sans succès et la faim et la rage teintée d'une pincée de désespoir commençaient à me gagner de plus en plus.

J'imaginais déjà mes parents rentrant et me découvrant dans la cuisine complètement dévastée, la cocotte toujours close dans une main et le regard fou. Je voyais d'ici les titres dans le journal: "Un couple rentre tranquillement chez soi et découvre leur fils de 18 ans complètement fou. L'adolescent a perdu la raison en essayant toute la soirée d'ouvrir une cocotte-minute et a entièrement ravagé la maison. Il a été envoyé dans un hôpital psychiatrique."

Ma folie meurtrière commençait à me transformer de plus en plus en psychopathe. (Je devrais arrêter de lire des romans avec des tueurs en série!) Si je devais jouer le rôle d'un criminel cinglé, j'aurais juste à reproduire tout les trucs bizarres que j'ai fais ce soir là: caresser la cocotte-minute comme un bébé, le regard dans le vague et un sourire béat sur les lèvres, donner des coups de tournevis inutiles sur le couvercle ou encore remuer l'objet comme un shaker, etc...

Vous connaissez les démarcheurs par téléphone? Ceux qui vous téléphonent toujours au moment du repas pour de la publicité? Eh bien, j'aurais bien aimé qu'il y en ai un qui appelle là tout de suite pour pouvoir passer ma colère dessus et l'arroser d'injures à tel point que ce dernier n'aurait plus jamais rappelé à ce numéro ou aurait téléphoné aux gentils-messieurs-en-blouse-blanche.

Au bout de je ne sais combien de temps, j'ai réussi à faire tourner la poignée de quelques centimètres. Plein d'espoir de voir le bout du tunnel, j'ai tournée la poignée avec soulagement... et elle m'est restée dans les mains! J'avais réussi à séparer la poignée en plastique de la cocotte-minute. Impossible d'ouvrir à présent! Je me suis littéralement liquéfié.

J'ai rendu les armes à 21h06.

Ce n'est que ce matin (vers 0h23) que mes parents sont rentrés pas trop bourrés. Ils avaient eu de la chance de passer une bonne soirée eux au moins! Après un bon quart d'heure d'une crise de rire en apprenant quel genre de soirée j'avais passé, mon père a été finalement cherché une pince et a réussi à ouvrir la cocotte-minute.

J'ai pu enfin passer à table avant de me coucher. Même si les pommes de terre étaient toutes ramollies à force de rester dans l'eau.

Maintenant, je sais pourquoi certaines personnes pètent un câble!

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