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    CHAPITRE 1: L'Eté Presque Fini

     "Il était une fois dans le pays des contes de fées," commença la mère de Brooke Page.

      Brooke jeta un coup d’œil par-dessus l'épaule de sa mère vers l'éclatante image du château d'Ever After High. C'était l'internat où les enfants des princesses, des sorcières maléfiques et des personnages de conte de fées de toutes sortes allaient trouver leurs destins... ou, si possible, les changer. Le soleil brillait sur les tourelles étincelantes. Les élèves se rendaient en classe avec leurs amis. Ils portaient des robes fluides et des shorts. Ils sirotaient de la limonade. Des perles de sueur parsemaient leurs fronts. Ils avaient chaud; c'était l'été.

      Mais l'image ne correspondait pas à l'histoire.

     "Brrr," lut le père de Brooke. "Une aventure glaciale était sur le point de commencer."

      La mère de Brooke continua. "Une quête frigorifiante dans laquelle nos héroïnes devront faire face au froid d'un hiver implacable..."

      "Braver le souffle glacial des tempêtes de neige traîtresses..."

      "Whoa, whoa, whoa," interrompit Brooke. "Maman, Papa, je crois qu'il y a confusion." Elle dégagea une mèche de longs cheveux noirs devant ses yeux pendant qu'elle étudiait l'image dans le livre de contes de fées. "Ici à Ever After High, c'est l'été. Regardez!"

     Le père de Brooke hocha la tête. "C'est vrai, Brooke. Ici bas." Puis il désigna un endroit lointain sur l'image. "Mais là-bas, au sommet du monde, c'est toujours l'hiver."

      Brooke scruta le flou blanc niché dans le coin de l'image. Elle pouvait distinguer des nuages et les contours plus fins d'un château de glace, recouvert de neige.

      "Voici le Château de Glace de la Famille Royale d'Hiver", annonça la mère de Brooke. "Qui contrôle et protège toutes les choses givrées!"

      "Je crois que vous feriez mieux de retourner quelques pages en arrière," décida Brooke. "Je dois voir ça."

      La mère de Brooke tourna les pages du livre en arrière sur l'image d'une grande porte couverte de neige. Il était temps pour Brooke de rencontrer enfin la Reine des Neiges et le Roi des Neiges!

     

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    CHAPITRE 2: Un Souffle d'Air Froid

     

     Le Roi des Neiges et la Reine des Neiges observaient leur royaume blanc étincelant depuis le balcon du château. Des stalactites de glace pendaient de la balustrade. L'air était glacial et clair. La Reine des Neiges s'appuya contre son mari. Il l'enveloppa de son bras. Ils se sourirent l'un  l'autre. Le Roi des Neiges frotta affectueusement son nez contre celui de la Reine des Neiges.

      "Eh!" s'exclama Crystal Winter, leur fille. Elle était venue se joindre à eux. "Gardez vos câlins pour le coin de feu."

      Ses parents se retournèrent pour regarder joyeusement leur fille. Elle tenait une paire de patins dans sa main.

     "Jouons au hockey sur glace d'intérieur," suggéra Crystal.

     "Je suis partant!" Le Roi des Neiges sourit. Il leva son sceptre royal... et le changea en un bâton de hockey fait de la glace. "Ma reine, voulez-vous arbitrer?"

      La reine hocha la tête. Elle souffla sur un sifflet qu'elle portait autour de son cou.

      Le roi entra dans la salle du trône et tapota le sol de marbre avec son bâton de hockey. Instantanément, le sol se transforma en glace. Il le frappa à nouveau, et une patinoire parfaitement formée s'éleva. Ils étaient prêts à jouer.

     Dès que Crystal aurait mit les lacets de ses patins. Les pixies du palais étaient en train de lui sonner un coup de main.

      Sa mère secoua la tête. "Si tu dois régner un jour, il est grand temps que tu laces tes propres patins."

      "Mais nous avons des pixies pour ça," protesta Crystal. Elle se redressa. "Allez, Maman, c'est l'heure de jouer."

      Le Roi des Neiges et Crystal patinèrent au centre de la patinoire. Ils se firent face, leurs bâtons de hockey prêts et prêts. La Reine des Neiges souffla dans sa main et forma une rondelle de hockey de glace solide. Elle la laissa tomber entre les deux joueurs et siffla de nouveau. Que la partie commence!

      Crystal et son père étaient des patineurs experts... ils glissaient, se retournaient et fonçaient avec leurs bâtons pour essayer d'attraper le palet. Le Roi des Neiges récupéra le palet et fila droit vers les buts. Crystal se précipita à sa poursuite. 

     Depuis les banc sur les côtés du terrain, les elfes du givre, les loyaux sujets du roi et de la reine, les acclamaient avec joie. Les pixies du palais gloussaient et applaudissaient. Mais personne ne remarqua deux hiboux des neiges se glisser dans la pièce, l'un d'eux tenant une petite enveloppe dans son bec. Personne ne les remarqua lorsqu'ils se posèrent silencieusement dans la dernière rangée et replièrent leurs ailes. Et personne ne les remarqua lorsqu'ils se transformèrent comme par magie en elfes du givre. Jackie Frost, une royale adolescente rebelle, jeta un regard mauvais vers les pitreries de la famille royale sur la glace. Son frère et acolyte, Northwind, tenait toujours l'enveloppe dans sa bouche.

     "Regarde-moi ces royals manchots attardés," renifla Jackie. "Northwind, passe-moi notre arme secrète."

     Northwind ouvrit la bouche et l'enveloppe voleta dans les mains de Jackie. "Quel est le prochain coup?" demanda Northwind.

     Jackie fronça les sourcils. "Tout ce pouvoir et qu'est-ce qu'ils font avec ça? Ils s'amusent? Blah. Ils méritent qu'on le leur vole."

     Elle ouvrit l'enveloppe, et peut importe ce qui se trouvait à l'intérieur, cela brillait d'un violet profond et sinistre.

     "Fais attention, Jackie! C'est du pur mal," l'avertit Northwind.

     "Non. De quelle autre manière sommes-nous supposés prendre le pouvoir? En demandant gentiment? Pfff. Combien de fois vais-je devoir t'expliquer le plan?"

      Northwind cligna des yeux. "Une fois de plus?"

      "Nous faisons en sorte que le doux Roi des Neiges tourne mal," dit-elle avec un soupir. "Puis il déclenchera l'hiver le plus méchant de tous les temps. Crystal n'est pas prête à gouverner... elle ne pourra pas supporter la pression. Donc, une fois qu'elle est hors-jeu, nous sauvons le monde du roi fou, et avant que tu ne t'en rende compte, le contrôle de la saison de l'Hiver sera à  moi!" Elle s'éclaircit la gorge en remarquant l'expression confuse sur le visage de Northwind. "Nous. Peu importe," corrigea t-elle.

     Avec un tourbillon de poussière de glace, Crystal et le Roi des Neiges passèrent devant Northwind et Jackie Frost. Ils riaient tout en prenant le palet l'un à l'autre.

     Le Roi des Neiges était sur le point de marquer, mais au tout dernier moment, Crystal fit volte face et utilisa son bâton de hockey magique pour créer une arche de glace au dessus la tête de son père... qui conduisit le palet au but opposé. Elle glissa sur ses patins et poussa le palet dans les filets.

     But! La foule l'acclama et le Roi des Neiges félicita sa fille. "Bien joué, ma puce!" Elle était la meilleure... et c'est lui qui le lui avait enseigné.

     La Reine des Neiges fronça les sourcils. "Elle ne peut pas s'en sortir à chaque fois en se servant de la magie, chéri."

     "Pourquoi pas?" Le Roi des Neiges se mit à rire. "Ça marche pour moi!" Il souffla à sa femme un baiser, et le figea sous la forme d'un cœur dans l'air avant de se poser sur sa joue. La Reine des Neiges rougit.

     "Maman! Papa! Arrêtez vos trucs romantiques!" Crystal gronda ses parents.

     

    Découvrez la suite dans le roman "Epic Winter: The Junior Novel"!

    Traduction de l'anglais par luc-elementix


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  • Chapitre 1: Des Choses et des Ailes
    * * *

     “Qu’est-ce que cette carotte fait dans ma chaussure?

     Faybelle Thorn, connue pour être la fille de la Méchante Fée, retourna ses baskets montantes. Une carotte à moitié grignotée en tomba et atterrit sur le luxueux tapis. Le coin des lèvres de Faybelle montrait sa contrariété. "Ce n’est certainement pas moi qui l’ai mise là."

     "Oups. Désolée." Cette réponse familière venait de la camarade de chambre de Faybelle, Bunny Blanc, fille du célèbre Lapin Blanc en retard. Bunny avait l’agaçante habitude de grignoter des carottes pendant qu’elle faisait ses devoirs. Sans lever les yeux de son MirrorPad ou de son manuel, elle lançait le bout de carotte dans la poubelle à compost, mais elles finissaient souvent dans d’autres endroits. Hier, Faybelle en avait retrouvée une dans son tiroir à chaussettes.

     "Je ne sais pas comment tu peux supporter de manger ces choses tout le temps," déclara Faybelle en laçant ses chaussures.

     "Les carottes sont délicieuses," lui dit Bunny. Elle ramassa le bout de carotte et la jeta à la poubelle. Puis elle attrapa son sac et se précipita vers la porte.

     "Tu sais ce que je trouve délicieux?" demanda Faybelle d’une voix glaciale. Bunny s’arrêta dans son élan et fit volte-face. 

     "Les navets? Les choux? Les racines de haricot magique?"

     Faybelle leva un sourcil. "Je trouve que la magie noire est délicieuse."

     Les yeux de Bunny s’agrandirent. Son regard se dirigea vers le mur, sur une peinture représentant les armoiries de la famille Thorn. Au centre du blason, la devise Maîtres de magie noire entourait un œil à l’air maléfique qui semblait suivre Bunny, peu importe où elle se trouvait dans la chambre. La peinture était intimidante pour certains et une source d'inspiration pour d'autres, en fonction de quel côté du monde magique on se trouvait. “Tu ne peux pas manger de la magie noire,” déclara Bunny, bien qu’elle ne semblait pas tout à fait convaincue.

    "Une méchante fée peut faire ce qu’elle veut avec la magie noire," l’informa froidement Faybelle.

     Le nez Bunny frissonna. Faybelle fut ravie de voir que son petit commentaire sur la "magie noire" avait suscité l'incertitude chez sa camarade de chambre. Bien sûr, Faybelle n’utiliserait jamais la magie noire pour blesser Bunny, ou n’importe quel étudiant à Ever After High. Causer du tort à autrui pourrait causer son expulsion. Pendant son séjour à l'école, il était préférable de suivre les règles du directeur - ou, du moins, faire semblant. Mais de temps en temps, un rappel est nécessaire. Faybelle n’était pas une élève ordinaire. Et ce fait ne doit jamais être oublié - ni par sa colocataire, ni par personne.

     La mère de Faybelle était la Méchante Fée, celle qui n’avait pas été invitée à la fête après la naissance de la Belle au Bois Dormant, et qui par conséquent avait lancé une malédiction sur la Belle au Bois Dormant pour qu’elle dorme pendant cent ans. La Méchante Fée était royale dans le monde des fées, et c’état le destin de Faybelle de porter un jour la couronne de sa mère et de devenir la plus vilaine de toutes les fées. C’était, selon Faybelle, un glorieux destin, et cela la remplissait de fierté.

     Alors, en regardant sa colocataire du Pays des Merveilles, elle sourit plus méchamment. "A l'avenir, je te suggère de garder tes collations de légumes de ton côté de la chambre." Ses yeux flamboyèrent, et les deux lits s’élevèrent du sol, juste un petit rappel de ses pouvoirs magiques.

     "Bien sûr, okay." Bunny déglutit. "Tu as raison. Je suis désordonnée. Oh, c'est la bonne heure? Je vais être en retard pour un rendez-vous très important." Et elle partit, aussi vite qu'elle pouvait. Qui pourrait lui reprocher de vouloir s'échapper? Partager sa chambre avec la fille de la plus sombre des méchantes fées était un peu déconcertant parfois.

     Ouaf, ouaf.

     Faybelle se baissa et souleva une petite boule de poils dans ses bras. La créature était un chiot remuant et agité de Pom-Poméranie à la truffe humide nommée Spindle. C'était les moments où Faybelle se permettait de laisser fondre sa façade glaciale, car elle aimait Spindle de tout son cœur. Cela aurait pu surprendre certains, mais d'être un méchant ne signifiait pas que Faybelle était incapable d'aimer. C'était plutôt l'inverse. Faybelle ressentait les choses plus profondément, et elle aimait sa famille avec la férocité d'une fée. Les cœurs des fées sont peut être plus petits que les cœurs humains, mais ils battent avec un rythme alimenté par la magie. Les fées sont capables d'amour sans mesure.

     Mais elles sont aussi capables d'avoir également les émotions les plus sombres sans mesure.

     Elle embrassa la tête de Spindle, l'étreignit, et se mit à rire quand il lui lécha les joues. "Ça suffit, mon petit," dit-elle tendrement. "Je dois finir de m'habiller. C'est une journée bien chargée, comme d'habitude." Elle le posa sur son lit. Il s'allongea sur le ventre, tout en regardant Faybelle terminer d'attacher ses baskets.

     Les chaussures aux pieds, Faybelle se dirigea vers sa coiffeuse, enjambant un navet avec précaution en chemin. Mis à part l'habitude fastidieuse de Bunny de manger des légumes crus, il n'y avait rien de mal avec Bunny. Mais Faybelle ne comprenait pas pourquoi le Directeur avait choisi un tel duo de colocataires de chambre aussi bizarre. Pourquoi ne pas choisir quelqu'un qui, au moins, faisait partie de l'histoire de Faybelle? Comme Briar Beauty, dont Faybelle devrait un jour lui jeter une malédiction qui la plongera dans un profond sommeil pendant cent ans. Ou, si ce n'était pas un personnage de son histoire, pourquoi ne pas choisir la fille d'un autre méchant, comme Lizzie Hearts ou Ginger Breadhouse? Ou, mieux encore, pourquoi pas une autre fée? Au moins une fée n'aurait pas une stupide collection de tasses de thé du Pays des Merveilles. Une fée ne rongerait pas des racines et des tubercules! Et une fée comprendrait l'importance des soins apportés aux ailes.

     Si je dirigeai cette école, les choses seraient totalement différentes, songea Faybelle. Elle aurait un étage entier du dortoir pour elle toute seule, comme le mérite à juste titre une future souveraine. Une fois qu'elle aura prit sa place en tant que Méchante Fée, elle reviendrait à Ever After High et changerait les choses. Ce sera un jour glorieux.

     Mais en attendant, elle devait s'occuper d'autres choses. Comme de ses fonctions en tant que capitaine de l'Equipe des Cheerleaders. Aujourd'hui était un jour très important pour son équipe. Ils devaient commencer à apprendre un nouvel enchaînement pour le tournoi régional le mois prochain, où tout les lycées dans le district des fables seraient en compétition pour le titre de Champions de Cheerleading. Avant que Faybelle ne s'élève au rang de capitaine, les cheerleaders d'Ever After High avaient une série de défaites qui s'étendait sur des générations. Faybelle était déterminée à remporter le trophée d'or et le placer dans la vitrine des trophées du Grimmnasium d'Ever After High.

     Faybelle prit position devant son miroir. Elle attacha ses cheveux blonds chatoyants en une haute queue de cheval et choisit un serre-tête avec un ornement d'épines pour tenir sa frange couleur sarcelle en place. Elle inspecta son reflet pour s'assurer qu'elle n'avait pas oublié quelque chose. Son uniforme de cheerleader comprenait une jupe scintillante, un T-shirt avec les lettres EAH et un leggings bleu-nuit. Les pom-poms avaient déjà été mit dans son sac d'équipement. Il n'y avait plus qu'une seule chose à faire.

     Elle déploya ses ailes.

     Les ailes de fées sont uniques dans le monde ailé. Elles ne sont ni faite de plumes comme les ailes d'un oiseau, ni tendues comme la peau d'une chauve-souris, elles sont plus semblables à des ailes de papillon. Chaque aile est faite de parties se chevauchant qui sont ultra-minces. Lorsque la lumière passe à travers, les ailes agissent comme des prismes, projetant des couleurs brillantes et parfois même des arcs-en-ciel. Lorsqu'elles ne servent pas, les ailes se replient et s’aplatissent contre le dos. Les vêtements de fée était taillés avec des trous pour les ailes. Les ailes de Faybelle étaient si iridescentes qu'elles complétaient toutes les tenues qu'elle choisissait.

     Faybelle jeta un coup d’œil par la fenêtre du dortoir. La matinée était agréablement ensoleillée, le ciel était aussi bleu que le glaçage d'un gâteau. Une journée parfaite pour s'entraîner. Elle fouilla parmi les bouteilles, les parfums et cosmétiques sur sa coiffeuse. Elle utilisait de nombreux produits pour garder ses ailes en bonne santé. Après la douche, elle les traitait avec une lotion pour les garder souples et brillantes. "Oh, la voilà," dit-elle en mettant la main sur une bouteille. Puis elle aspergea les pointes de ses ailes avec un écran solaire.

     "Sois toujours fière de tes ailes," lui avait souvent dit sa mère. "Elles te distinguent du reste du monde des contes de fées. Elles sont le symbole que toi, ma fille chérie, tu es faite de magie."

     Je le suis certainement, pensait Faybelle. Avec un sourire satisfait, elle coinça Spindle dans le creux de son bras et sortit pour commencer ce qu'elle espérait être une autre journée maléfique. Et elle allait fait en sorte que ses ailes soient fièrement remarquées par tous.

     

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    Chapitre 2: Un Essayage Féerique
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     Ce fut dès la petite enfance que Faybelle apprit que ses ailes étaient très importantes. Ayant été élevée dans une famille de fées, les ailes étaient un sujet de conversation constant, le centre du style, et l'objet de légendes. Il y avait des peintures d'ailes et des sculptures ailées. Même leur boîte aux lettres avait la forme d'ailes.

     La boîte aux lettres se trouvait à la fin de la longue allée et on pouvait y lire RÉSIDENCE THORN. Elle contenait les choses habituelles - des catalogues, des factures et du courrier indésirable. Mais elle contenait aussi des lettres écrites à la main, provenant pour la plupart de jeunes fées, garçons et filles, qui espéraient rencontrer un jour la propriétaire de la boîte aux lettres, la Méchante Fée, alias Madame Thorn.

     Cependant, alors que la boîte aux lettres était pleine à craquer, il y avait un certain type de courrier qui n'apparaissait jamais à la résidence Thorn... Des invitations. Que l'événement soit un mariage, un anniversaire ou une réunion n'avait pas d'importance. C'était la malédiction de la Méchante Fée de n'être jamais invitée. Elle s'efforçait d'espionner et d'écouter aux portes, car il était important qu'elle soit vue lors des événements les plus prestigieux. Mais si elle tombait sur une fête en cours qui avait échappé à sa vigilance, elle entrait dans une rage furieuse. Logiquement, le mieux était alors d'inviter la Méchante Fée, afin de ne pas avoir à subir sa colère. Mais qu'on ait l'intention de l'inviter ou non, tout le monde oubliait de l'inviter. C'était ça la malédiction.

     Les invitations étaient un sujet sensible chez la famille Thorn.

     Un poste de garde se tenait à côté de la boîte aux lettres, avec un gobelin sur place. Il était de son devoir d'inspecter les documents et les identifications avant de permettre l'entrée à travers le portail en argent. On pourrait supposer que l'allée de la Méchante Fée conduirait à une étrange résidence - une forteresse infestée de gargouilles ou un château effondré remplit de chauve-souris - en particulier parce qu'il était situé dans la Forêt Sombre. Mais la villa au bout de l'allée était d'un design élégant et construite en pierre blanche. Des marches en marbre conduisaient à une paire de portes françaises flanquées de chaque côté de hautes fenêtres qui brillaient au soleil. Une pelouse parfaitement entretenue, taillée en haies sculptées.

     La Méchante Fée elle-même ne ressemblait pas à celle que l'on pouvait s'attendre. Elle ne s'était pas enveloppée dans le noir de la nuit ou dans le rouge sang, elle ne portait ni masque ni cape. Elle ne gardait pas d'araignées, de serpents ou de rats au doigt et à l’œil, et elle ne faufilait pas non plus entre les ombres. Son portrait du sol au plafond ornait le mur opposé à l'entrée principale. Dans cette peinture, ses cheveux blancs étaient coiffés sur le côté, exposant un long cou pâle. Sa robe était en soie blanche avec des boutons de perles, et ses talons aiguille étaient forgés dans du cristal elfique. Elle était l'exemple le plus pur de l'élégance haute couture. Et sur ses mains jointes était juché une simple bague portant les armoiries de la famille Thorn. À première vue, on pourrait penser que son manque d'embellissement était un signe qu'elle était simple. Mais le peintre avait capté la vérité dans ses yeux sombres... c'était un être intelligent et complexe qui connaissait le pouvoir du destin.

     Derrière le portrait, en haut de l'escalier en colimaçon, troisième porte sur la droite, se trouvait la chambre d'enfance de Faybelle. C'était un endroit heureux, encombré d'animaux en peluche, de blocs de construction, de crayons et de papier - toutes sortes de choses pour occuper Faybelle, car c'était une enfant active, vive d'esprit qui ne se souciait pas du temps perdu. Sa compréhension personnelle des ailes se produisit trois jours après son sixième anniversaire, alors qu'elle s'habillait dans sa chambre. Mais elle avait des problèmes. "Ça ne me va pas!" se plaignit-elle, sa voix étouffée par le chemisier rose qu'elle essayait d'enfiler par-dessus sa tête.

     Sa femme de chambre, une fée de la taille d'une souris nommée Lucille, vola autour de la taille de Faybelle, puis tira sur l'ourlet de la chemise. La chemise ne bougerait pas. "Vos ailes sont bloquées," déclara Lucille.

      "Mes ailes?" Faybelle enleva la chemise, puis se tourna de côté et se regarda dans un miroir. Effectivement, pendant qu'elle dormait, ses ailes de bébé avaient triplé en taille. Elle faillit éclater de bonheur. "Elles sont si jolies! Mes ailes ont grandit! Elles ont grandit!" Peu habituée à leur nouvelle taille, elle les déploya sans prévenir, projetant accidentellement la minuscule Lucille à travers la pièce. Puis Faybelle battit des ailes et s'éleva jusqu'au plafond. "Wow! Regarde ce que je sais faire!"

     Après avoir ricoché contre le mur, Lucille atterrit face la première sur une licorne en peluche. Elle se releva brusquement et fit un signe à Faybelle. "Descendez ici tout de suite, jeune fille."

     Faybelle obéit. Mais elle s'envola instantanement. De haut en bas, de haut en bas, riant tout le temps. Ses ailes de bébé ne l'avaient jamais soulevée plus de quelques centimètres au dessus du sol. "J'ai hâte de les montrer à Mère."

     "Eh bien, vous ne les montrerez à personne avant d'être habillé." Utilisant une minuscule paire de ciseaux, Lucille agrandit les trous des ailes dans le chemisier de Faybelle. Ça ne lui allait toujours pas parfaitement, mais au moins ses ailes étaient à l'aise.

     "Dépêchez-vous!" fit Faybelle, remuant tandis que la femme de chambre choisissait une paire de chaussures. "Mère ne sera-t-elle pas surprise?"

     "Madame sait déjà que vos ailes ont grandit," lui dit Lucille.

     "Comment sait-elle?" Faybelle n'était sortie de son lit que depuis peu de temps. Elle n'avait pas encore vu sa mère.

     "Parce que toute la maisonnée peut vous entendre crier," lui répondit Lucille. "Vous ne devriez pas hurler."

     "Mais mes ailes ont grandit!"

     Tandis que Faybelle dansait à travers la pièce, Lucille volait derrière elle, faisant de son mieux pour brosser les cheveux blancs et blonds de Faybelle. "Chérie, oh chérie, vous êtes pénible." Elle vola autour de la tête de Faybelle, essayant de remettre ses boucles en place. Mais chaque fois qu'elle brossait une mèche de cheveux, Faybelle tournait sur elle-même et gâchait tout son travail. Avec un soupir exaspéré, Lucille poussa Faybelle vers la porte. "Allez dehors." Puis elle escorta Faybelle en bas, à travers la grande entrée, jusqu'à l'allée circulaire où le chauffeur de la famille Thorn attendait à côté d'une limousine noire extensible. Le capot était orné d'une paire d'ailes. 

     "Bonjour, mademoiselle Thorn," dit-il en relevant le bout de sa casquette. Ses ailes étaient aussi noires que son costume, mais les pointes semblaient avoir été trempées dans de l'argent liquide. Il ouvrit la porte arrière de la limousine. "Etes-vous prête pour une aventure?"

     "Allons-nous quelque part? Pourquoi on ne volerait pas?" demanda Faybelle. "Je peux voler haut maintenant. Mes ailes ont poussées. Vous voulez voir?" Elle décolla du sol, plus haut qu'elle ne l'avait prévu. La sensation la fit sursauter, et elle poussa un cri alarmé. Le chauffeur tendit la main et attrapa doucement sa cheville.

     "Je suis impressionné," lui dit-il en la ramenant au sol. "Mais nous ne volerons pas aujourd'hui, car le temps est discutable. Nous ne voudrions pas que vous et vos nouvelles ailes soyez prises dans une pluie torrentielle."

     "Où allons-nous?" demanda Faybelle.

     "C'est une surprise," lui dit Lucille. Elle poussa gentillement Faybelle sur la banquette arrière de la limousine. Mais elle ne la rejoignit pas.

     "Tu ne viens pas avec moi?" demanda Faybelle.

     Lucille planait devant la porte de la voiture, ses ailes minuscules battant l'air. "Madame vous accompagnera aujourd'hui," répondit-elle.

     Faybelle retint son souffle. Peu importe ce qu'ils faisaient, ça devait être super important si sa mère l'accompagnait. Aucune valise n'ayant été préparée donc ils ne devaient pas aller loin. Mais la Méchante Fée faisait rarement des courses, et on n'avait pas demandé à Faybelle de s'habiller pour l'une de ces fêtes où elles se présentaient toujours sans y être invitées. Elle frémit en regardant par la fenêtre pour voir sa mère apparaître.

     Quelques minutes plus tard, la Méchante Fée s'envola hors de la villa. Elle portait un élégant costume argenté. Ses cheveux blancs étaient nichés sous un chapeau pillbox. "Bonjour, ma chérie," dit-elle en se glissant dans la limousine et en s'installant à côté de sa fille.

     "Mère!" Faybelle enroula ses bras autour de la Méchante Fée et prit une profonde inspiration. Le parfum délicat des roses flottait depuis la nuque de sa mère. C'était un parfum bien choisi, car si les roses sentent bon, elles ont aussi des épines.

     Le conducteur ferma la porte. Lucille leur fit au revoir tandis que la limousine descendait la longue allée. Faybelle arrêta de serrer sa mère dans ses bras, puis pressa son visage contre la fenêtre de la limousine. "Où allons-nous?" demanda-t-elle. Elle salua le garde gobelin pendant qu'il ouvrait le portail.

     "Tes ailes ont commencés à pousser," déclara la Méchante Fée avec une lueur fière dans les yeux. "Et elles continueront de grandir jusqu'à ce que tu atteignes l'âge adulte. Par conséquent, le moment est venu pour toi de rencontrer mon tailleur. A partir de maintenant, il customisera tous tes vêtements afin qu'ils s'adaptent parfaitement à tes ailes."

     De nouveaux vêtements? Faybelle grimaça. Ça n'avait pas l'air d'une aventure. "On ne pourrait pas aller au Jardin des Bêtes? Ou aller chercher des cônes de glace arc-en-ciel?"

     Madame Thorn prit la main de sa fille et la fixa de ses yeux aussi sombres que complexes. "C'est très important," dit-elle. "Crois-moi."

     Le voyage jusqu'à Fairy Town prit une heure, pendant laquelle Faybelle s'agita et se tortilla comme une chenille piégée dans un bocal. Mais finalement, les bâtiments colorés apparurent au loin. Le conducteur tourna dans la rue principale, passant devant les boutiques et des cafés. Les trottoirs fourmillaient d'individus à la fois ailés et non-aillés. Certains transportaient des colis, d'autres promenaient des chiens. D'autres contemplaient les vitrines. En raison de la population importante de fées, il y avait du trafic supplémentaire dans l'air et aussi des sièges supplémentaires sur les toits pour ceux qui voulaient siroter du nectar avec une vue à couper le souffle.

     La limousine s'approcha du trottoir et s'arrêta. Quand le chauffeur ouvrit la porte arrière, Faybelle s'élança sur le trottoir. Personne ne prêta beaucoup attention à elle. Un couple de fées vola autour d'elle. Un homme avec un phénix sur l'épaule ne sourcilla même pas. Une dame faillit renverser Faybelle avec son landau. Je suis invisible? pensa Faybelle. Ils ne voient pas que mes ailes ont poussé? Elle toussa pour attirer leur attention. Une fois. Deux fois. Regardez moi.

     Soudain, tout le monde arrêta de marcher. Arrêta de parler. Et tous les yeux et les regards se tournèrent dans sa direction. Mais ils ne regardaient pas les ailes de Faybelle.

     La Méchante Fée était sortie de la limousine.

     Sa taille était impressionnante, encore plus avec ses talons aiguille en cristal. Elle lissa les plis de sa jupe et s'assura que son chapeau était parfaitement en place. Puis, le menton haut, elle déploya ses ailes. Un "Oooh" collectif emplit la rue. C'étaient des ailes magnifiques, puissantes et délicates à la fois. Aussi translucides que du verre, mais avec une bordure noire comme si elles avaient été dessinées en l'air avec un marqueur. Pendant un moment, les nuages se dispersèrent. La Méchante Fée tourna légèrement, permettant à ses ailes de capturer la lumière du soleil. Un arc-en-ciel tomba sur la limousine.

     "Aaahh" fit la foule.

     Ceux qui se tenaient le plus près inclinèrent la tête. "Madame," murmurèrent-ils.

     Puis la Méchante Fée se pencha et chuchota à l'oreille de sa fille. "Suis-moi. Garde la tête haute et ne regarde pas les autres. Laisse-les te regarder toi. Laisse-les t'admirer." Les badauds reculèrent lorsque les ailes de la Méchante Fée Noire commencèrent à battre. Elle s'éleva de quelques centimètres au dessus du sol, puis s'envola vers un magasin. Faybelle la suivit. Elle fit de son mieux pour ne regarder personne, mais il y avait tellement de choses à voir. Il y avait un leprechaun avec un Mohawk. Une dame avec des oreilles de chèvre. Et ce phénix était adorable!

     La Méchante Fée s'arrêta devant un magasin. Une enseigne était accrochée au-dessus de la porte.

    MODE ET PARURE DE FÉE 

     Le chauffeur se précipita et ouvrit la porte du magasin, mais à ce moment précis, une autre fée sortit du magasin. Elle était plutôt ronde, vêtue d'une simple robe de coton et de chaussures décontractées. Ses cheveux bleus étaient relevés en un chignon. Ses ailes étaient bleues aux extrémités, mais elles étaient repliées. Elle avait choisi de sortir du magasin en marchant.

     "Oh, pardonnez-moi," dit-elle avec un petit sursaut, sa main vola à sa poitrine en réalisant qu'elle avait faillit bousculer la Méchante Fée. Puis elle fit la révérence. "C'est un honneur de vous revoir, Madame."

     La Méchante Fée ne dit rien. Mais son regard aurait pu faire fondre la pierre. La fée aux cheveux bleus s'écarta, faisant de la place pendant que la Méchante Fée entrait en volant dans le magasin. Faybelle remarqua alors une petite fille qui tenait la main de la fée. La fille avait elle aussi les cheveux bleus. Leurs yeux se rencontrèrent. La petite fille sourit. Faybelle lui rendit son sourire. Elles avaient la même taille. Peut-être même le même âge.

     "Mes ailes ont grandi," lui dit Faybelle.

     La fille aux cheveux bleus hocha la tête. "Les miennes aussi."

     "Faybelle!" La Méchante Fée l'appela sévèrement. Faybelle se précipita à l'intérieur.

     Le magasin Mode & Parure de Fée était chaleureux et calme. Il n'y avait pas d'autres clients, juste un homme avec une barbe argentée pointue qui écrivait dans un registre. Mais quand il se retourna et vit la Méchante Fée dans son magasin, il laissa tomber son stylo plume. Puis il s'inclina. "Madame, que nous vaut ce plaisir... inattendu?" Ses mains commencèrent à trembler.

      "Il est temps pour ma fille d'avoir son premier essayage," lui répondit la Méchante Fée. Elle vola vers un fauteuil en cuir, puis s'assit. Elle croisa les mains sur ses genoux. "Alors?" demanda-t-elle avec un soupçon d'irritation.

     "Oui, oui, bien sûr." Le tailleur attrapa un mètre-ruban. "La fille de Madame Thorn est toujours la bienvenue dans mon humble boutique. C'est un honneur de vous servir." Il n'avait pas l'air honoré. Ses jambes tremblaient et son visage était devenu un peu pâle. Tandis que ses doigts s'agitaient, il laissa tomber le mètre-ruban. "Je m'excuse pour ma maladresse," marmonna-t-il.

     Faybelle n'aimait pas devoir rester parfaitement immobile et être mesurée. Elle se fichait pas mal des tissus ou du type de fil, ou si on lui choisissait des boutons ou des fermetures éclairs. Elle se délecta cependant de toute l'attention qu'elle recevait pendant que les habitants se tenaient devant la fenêtre, chuchotant et observant les procédures. Pendant un moment, Faybelle se sentit célèbre. Mais elle se demanda ensuite qu'est-ce que la fille aux cheveux bleus allait faire ensuite? Est-ce qu'elle visiterait le Jardin de la Bête? Ou aurait-elle un cône de glace arc-en-ciel?

     "Ses nouveaux vêtements seront prêts demain. Dois-je les faire livrer?" demanda le tailleur.

     "Evidemment," répondit la Méchante Fée. Puis elle agita la main. Un nuage de poussière de fée apparut, et trois pièces d'or atterrirent sur le comptoir du tailleur. "Bonne journée."

     Le tailleur se précipita vers la porte, l'ouvrit, puis s'inclina lorsqu'elle passa devant lui.

     "Merci de votre visite, Madame," dit-il. La foule se sépara tandis que la Méchante Fée et sa fille retournaient à leur limousine. Certains s'inclinaient ou faisaient des révérences, tandis que d'autres tombaient à genoux.

     "Qui était cette fée aux cheveux bleus?" demanda Faybelle une fois qu'elles remontèrent l'avenue principale en limousine.

     "Elle s'appelle Mrs. Goodfairy, et elle n'a aucune importance," répondit la Méchante Fée.

     Cela n'avait aucun sens pour Faybelle. "Mais c'est une fée. Tu m'as dit que les fées sont les êtres les plus importants."

     La Méchante Fée repoussa doucement une mèche de cheveux du front de Faybelle. "Oui, il est vrai que les fées sont très spéciales parce que les fées sont faites de magie. La fée aux cheveux bleus est une marraine fée. Elle a des capacités limitées. Mais nous, ma fille chérie, nous sommes de méchantes fées, et nous exerçons un pouvoir sans limite. C'est pourquoi nous sommes les plus admirées et les plus craintes."

     Craintes? Faybelle réalisa ce qu'elle avait vu dans les yeux du tailleur et dans les yeux de tout ceux qui regardaient sa mère. C'était la peur.

     "Pourquoi sommes-nous craintes?"

     "Parce que, ma chère, alors que les fées marraines sont les servantes de leur magie, nous les fées sombres, nous ne servons personne."

     Et ce fut le jour où Faybelle Thorn apprit exactement qui elle était, et qui elle devait devenir.

     

    * * *

    Découvrez la suite dans le roman "Fairy's Got Talent"!

    Traduction de l'anglais par luc-elementix


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  • Chapitre 1: Une Bookish à Book End
    *  *  *

     Selon la dernière édition du Guide de Voyage en Tapis Volant, Ever After High était considéré comme l'école la plus pittoresque de tous les royaumes de conte de fée. Un lieu majestueux, construit à partir de pierres anciennes et ornée de jardins décoratifs et d'étangs étincelants. Mais même si la plupart des étudiants la considéraient comme un foyer loin de leur maison, ils savouraient le fait de quitter le campus en ce moment pour échapper aux pressions du travail scolaire ainsi qu'à l'œil toujours vigilant du directeur, Milton Grimm. Le village voisin de Book End était souvent leur premier choix pour une escapade - juste à deux pas du pont gardé par le troll et d'un chemin bordé d'arbres.

     Book End appartenait à une époque révolue, avec ses toits de chaume, ses extérieurs en pain d'épice, et ses ruelles pavées. Mais les installations modernes pouvaient aussi bien s’y  trouver, avec des magasins vendant des gadgets technologiques alimentés par la magie, des boutiques pop-up transportant les derniers accessoires à la mode, et des serveuses accompagnant de lait toute boisson qui arrivait à être tendance ce jour-là. En un clin d'œil, un visiteur pouvait voir des choses curieuses, comme une théière volante dans la rue, ou un chevalier en armure étincelante en train d’acheter des chaussures. La Boulangerie du Haricot Magique, le Salon de Thé & Boutique de Chapeaux du Chapelier Fou du Pays des Merveilles ainsi que le Hocus Latte Café étaient tous des endroits populaires où les élèves aimaient traîner. La plupart du temps, le village fourmillait d'activité.

     Holly O'Hair, fille de la célèbre Raiponce aux cheveux bouclés, se tenait devant Yarns and Noble, son magasin préféré à Book End. Ses cheveux au-bruns ondulés tombaient sur ses épaules et formaient comme une cape dans son dos. Elle se tenait appuyée contre une fenêtre, ses yeux verts grand ouverts, car elle venait de faire une heureuse découverte. La vitrine de la boutique présentait le dernier livre de l'auteur préféré de Holly, Shannon Tale. Le roman était la conclusion tant attendue de la Trilogie de Princesse de Ms.Tale. Holly espérait qu'un jour elle publierait elle aussi un livre et qu’il serait exposé dans la vitrine de Yarns and Noble. Après avoir écrit des centaines d'histoires, Holly avait réduit le nombre de ses préférées à douze, le nombre parfait pour une collection. Elle connaissait déjà le titre. Contes de la Tour par Holly O'Hair. Elle avait souvent rêvé d'avoir un événement spécial dans une librairie, où elle donnerait un petit discours et puis elle lirait quelques pages. La famille et des amis y assisteraient. Des acheteurs se tiendraient en ligne, attendant de se faire signer des livres, tout comme elle l'avait fait tant de fois pour d'autres écrivains. Quelle belle journée ce serait.

     Son MirrorPhone sonna, la réveillant de son rêve éveillé. "Chérie!" La voix beuglante depuis le haut-parleur appartenait à une femme nommée Edith Broomswood. Et le visage verdâtre qui apparaissait sur l'écran appartenait également à Edith Broomswood. Autrefois membre de la communauté des sorcières, Mme Broomwood avait rangé ses potions et chapeaux pointus afin de devenir un puissant agent littéraire pour stars. "C’est bien Holly O'Hair?"

     "Oui," déclara Holly. Elle déglutit. Elle avait envoyé ses douze histoires à Mme Broomswood il y a cinq semaines. Afin d'obtenir la publication de sa collection d'histoires puis la vente dans un magasin comme Yarns et Noble, elle devait d'abord se procurer un agent littéraire. Les recherches d'Holly avaient été fastidieuses. Mme Broomswood lui avait été chaudement recommandée. Et elle représentait de nombreux auteurs à succès, dont Shannon Tale, alors elle devait être compétente.

     "Chérie, je viens de terminer de lire tes histoires, et je me sens comme un champignon sous la pluie."

     Holly devait penser à cette métaphore pour un moment. "Est-ce que cela veut dire que vous les avez *aimez*?"

     "Si je les ai aimés?" répondit Mme Broomswood avec un grognement. Elle tenait le téléphone si près de son visage que Holly pouvait voir son nez très long. "Je les adore! C'est le must. Le nec plus ultra!"

     Un frisson d'excitation parcourut le dos d'Holly. Depuis qu'elle avait envoyé ses histoires au bureau de Mme Broomswood, elle vérifiait ses messages avec obsession dans l'attente d'une réponse. Est-ce que le célèbre agent voudrait aider Holly à être publiée? Jusqu'à présent, elle n'avait pas eu un seul mot de Mme Broomswood. L'attente avait été atroce. Holly désirait entendre n'importe quoi. Même si c'était un grand refut, au moins elle aurait une réponse.

     "Je dois vous avoir comme cliente," déclara Edith Broomswood. Elle marchait et parlait en même temps, de sorte que le téléphone se déplaçait de haut en bas. Holly eut un aperçu de son étincelant bureau en haut d'une tour, puis d'un porte-documents, puis à nouveau le nez de Mme Broomswood. "Je veux vendre vos histoires à un éditeur et vous rendre riche et célèbre!"

     Être riche et célèbre n'était pas le but d'Holly dans la vie. Mais être publiée, eh bien, c'était son rêve. L'année dernière, elle avait créé un blog intitulé Fairytale Fangirl. Chaque mois, elle prenait un conte de fées bien connu et elle lui donnait un truc à la Holly O'Hair - ce qui signifie qu'elle a changeait un élément ou deux, la transformant ainsi en une toute nouvelle histoire. Ecrire était son truc préféré. Après avoir passé la majeure partie de sa vie scolarisée en haut de sa tour, montrer ses histoires avait été effrayant. Mais tous les commentaires positifs sur son blog avaient contribué à bâtir sa confiance. Elle commençait à se sentir comme un vrai écrivain. Et maintenant, cet appel téléphonique était la plus grande surprise de tous. Cela pourrait-il vraiment se produire? Mme Broomswood pouvait vendre sa collection d'histoires à un éditeur? Holly s'adossa contre le mur extérieur de la librairie tandis qu'un vertige d'excitation s'abattait sur elle.

     Mme Broomswood continuait de parler en marchant. "Néanmoins, tout d'abord, vous devez signer un contrat d'accord avec moi, pour me permettre de vous représenter en tant que votre agent littéraire." Un morceau de papier apparut sur l'écran du MirrorPhone. "Pas besoin de le lire, chérie. C'est le même contrat que j'utilise pour tous mes clients."

     "Même Shannon Tale?"

     "Exactement!"

     C'était une bonne nouvelle en effet. Holly signa avec un doigt tremblant. Le contrat disparut et le visage de Mme. Broomswood remplit à nouveau l'écran. "Excellent! Je vous appellerai dès que j'aurai un contrat pour vous." Mme. Broomswood cogna l'écran avec son menton pointu. "Assurez-vous d'avoir votre téléphone à tout moment!"

     "Oui, bien sûr," répondit Holly. "Je ne le perdrai pas de vue." Elle retint des larmes de joie. "Mme. Broomswood, combien de temps pensez-vous que cela prendra?"

     "Il n'y a aucun moyen de le savoir. Et il n'y a pas de garanties. Bien que je pense que vos histoires sont succulentes, tout le monde n'aime pas les classiques. Préparez-vous à l'échec  - c'est ce que je dis à tous mes clients. Si vous êtes frappé par un éclair de rejet, il est préférable d'être fermement debout sur le sol de la réalité plutôt que de flotter sur un nuage de rêveries lorsqu'il frappe." Elle ricana.

     Ça sonnait comme un bon conseil pratique. Mais rêvasser était une autre des activités favorites d'Holly. "Merci," déclara Holly.

     "Broomswood terminé!" L'appel prit fin.

     Juste pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas, Holly se pinça. Une douleur aiguë piqua sa main. Yep, c'était bien réel. Elle regarda avec envie la vitrine de la librairie. Si tout allait bien, un jour son livre, Les Contes de la Tour, y serait exposé.

     Son MirrorPhone sonna à nouveau. Cette fois, c'était une alarme l'alertant qu'elle était en retard pour son rendez-vous. Elle sourit. Non seulement elle avait eu un appel téléphonique incroyable, mais elle était sur le point de voir la personne qu'elle préférait le plus dans le monde entier.

     Cette matinée se révélait être sort-taculaire!

     

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    Chapitre 2: Un Sparrow Dans Les Escaliers
    *  *  *

    Après avoir traîné ses longs cheveux derrière ses épaules, Holly commença à traverser la route, évitant soigneusement les ravins et les trous où les pavés s'étaient détachés. Sa destination était la tour de pierre qui se trouvait au centre de Book End. Elle était grande, comme les tours ont tendance à l'être, et surmontée de tourelles. Il y avait trois commerces, comme en témoignait le panneau à l'entrée de la tour, mais Holly ne s'intéressait qu'à l'un d'entre eux: celui de la Suite C.

     Suite A: MR. POP ET MR. WEASEL, FOURNISSEURS DE MÛRIER

     Suite B: DIDDLE DIDDLE FIDDLE RÉPARATION

     Suite C: SALON DE COIFFURE DE LA TOUR

     Holly entra dans le hall. Elle était venue là tellement de fois qu'elle en avait perdu le compte. Sa destination pour cette visite, comme pour toutes les visites précédentes, était la suite C, qui se trouvait au tout dernier étage. Monter les escaliers ne la dérangeait pas. L'ascension des tours était un don qui était ancré dans son ADN. Que ce soit en commençant son éducation à la maison dans une tour, visiter la tour historique de sa mère, ou se rendre à la tour de son dortoir actuel, c'était toujours un pas après l'autre, l'un après l'autre. Ce qui était ironique, c'est qu'elle était née avec une peur de l'altitude. Ce n'était pas une peur paralysante, mais plutôt un désagrément qu'elle avait apprit à gérer. La meilleure façon de garder sa peur à l'écart était de ne pas regarder par les fenêtres pendant le périple, car cela ne manquerait pas de la rendre nerveuse. Au lieu de cela, elle se concentra sur ses pieds et fredonna. Dommage que monter les escaliers ne soit pas un sport scolaire officiel, pensa-t-elle en remontant les escaliers. Elle était tellement excitée à propos de l'appel-miroir de Mme Broomswood qu'elle fredonna plus fort.

     Cet escalier particulier était construit en pierre. Chaque marche avait été usée par des générations d'étudiants qui avaient parcourut ce même chemin vers le salon, ayant besoin d'une coupe ou d'un look tout à fait nouveau. Le Salon de Coiffure de la Tour avait été témoin de tous les styles - implantation féerique de cheveux, coupe au bol de porridge, et pixie-permanente, pour n'en nommer que quelques-uns. L'escalier était raide et étroit. Les vitraux projetaient des rayons de lumière jaune, rose et bleu, éclairant le chemin. Quelques pas plus loin, le lionceau de Holly, Clipper, poursuivait une araignée. Holly venait juste de le prendre au Centre d'Accueil des Créatures, et il était plein d'énergie comme d'habitude. Ses oreilles en alerte, sa croupe toute excitée, Clipper s'apprêtait à bondir. Mais l'araignée trouva une crevasse à temps et disparut. Le lionceau grogna de frustration. "Tu auras plus de chance la prochaine fois," lui dit Holly.

     Holly sourit. Elle avait reconnu l'écriture. C'était comme ça que sa soeur jumelle, Poppy, lui fournissait des mots d'encouragement. Poppy travaillait au Salon de Coiffure de la Tour en tant que styliste. Même si beaucoup de ses clients trouvaient l'excursion fatigante, ils étaient prêts à transpirer pour se faire coiffer par la styliste la plus populaire de Book End. Holly se mit à rire. Les escaliers sont tellement mieux que d'escalader une corde tressée avec des cheveux, pensa-t-elle. Ce qui était exactement ce que son futur prince était censé faire. Mais son prince, quel qu'il soit, pouvait être sûr que le jour venu, même s'il était affublé d'une armure, la tresse de Holly serait capable de supporter son poids. Sous les directives de sa mère, Holly s'était entraînée à tresser ses somptueuses boucles avec une technique dont Raiponce avait déposé le brevet. La tresse qui en résulterait fournissait des points d'appui parfaits pour l'ascension du prince. "Ne t'inquiète pas," avait dit Raiponce à Holly quand elle n'avait que sept ans. "J'ai fais des améliorations. Si tu suis ma technique de tressage, il n'y aura presque pas de tiraillement sur ton cuir chevelu. Ce ne sera pas douloureux pour toi, ma chérie."

     Poppy avait regardé la leçon de tressage. "Pourquoi le prince n'utilise-t-il pas une échelle?" avait-elle demandé. C'était une question parfaitement logique. "Nous avons beaucoup d'échelles dans le verger. J'en ai grimpé une hier pour voir une ruche."

     "Monter une échelle ne fait pas partie de l'histoire," avait expliqué Raiponce.

     Poppy s'était mordu la lèvre, ce qu'elle faisait souvent lorsqu'elle était plongée dans ses pensées. "Eh bien, s'il ne peut pas utiliser une échelle, il y a beaucoup d'autres façons de pénétrer dans la tour. Pourquoi il ne volerait pas sur un Pégase? Ou sur un tapis volant? Ou, je ne sais, pourquoi il ne prendrait pas juste les escaliers? Hein? Pourquoi est-ce qu'il doit grimper avec les cheveux de Holly? C'est trop bizarre."

     Holly attendait la réponse car elle s'était demandée exactement la même chose. Raiponce avait attiré Poppy sur ses genoux et lui avait fait un gros câlin. "J'adore ton esprit curieux," avait-elle dit à son autre fille. "Je suppose que le prince pourrait utiliser ces autres moyens, s'il le voulait. Ce n'est pas à Holly de décider comment elle sera sauvée, mais elle lui offrira ses cheveux, car c'est ainsi que l'histoire se déroule."

     Il y en avait qui ne comprenaient pas une telle tradition. Certains croyaient que le fait d'être destiné à être sauvée était un scénario passé de mode. Beaucoup d'étudiants actuels d'Ever After High planifiaient leurs propres histoires, prenant des mesures audacieuses en territoire inconnu. Cette tendance était un sujet de discussion constant. Mais la vérité était que Holly ne voyait pas cela comme quelque chose de "démodé". Elle était destinée à faire partie d'une histoire d'amour classique, et c'était un honneur. D'ailleurs, son destin ne l'étouffait en aucune façon. En tant que membre de l'équipe cheerleading, secrétaire du Conseil des Élèves Royaux et écrivaine en herbe, elle perfectionnait de nombreuses capacités et menait une vie bien équilibrée. Même si avoir les cheveux ayant la croissance la plus rapide de tous les royaumes était sa marque de fabrique, il y avait beaucoup plus pour elle que cela.

     "Whoa!" fit une voix.

     Sparrow Hood, fils de Robin des Bois, connu pour ses talents de cleptomane, descendait les escaliers. Il fredonnait aussi pour lui-même, et il bougeait si vite qu'il n'eut pas le temps de s'arrêter. Il trébucha sur Clipper et perdit momentanément son équilibre. Et commença à tomber...

     "Oh non!" cria Holly. Sans même y penser, elle tendit la main et attrapa Sparrow avant qu'il ne dégringole l'escalier raide. Agitant les bras, Sparrow faillit renverser Holly alors qu'il tentait de retrouver son équilibre sur une marche étroite. Mais Holly réussit pourtant à rester debout, même lorsque Sparrow lui saisit les coudes et prit appui sur elle.

     Il s'en était fallut de très peu. En parlant de ça, les clous de la veste en cuir de Sparrow lui piquaient le bras. "Hum, je pense que tu es stable maintenant. Est-ce que ça te dérangerait de me lâcher?"

     "Oh, oui. No problemo." Il sourit d'une manière diabolique. Holly fronça les sourcils. Allait-il au moins lui dire merci de l'avoir sauvé? Ce n'était pas qu'elle n'aimait pas Sparrow; c'était juste qu'il était, eh bien, différent de la plupart des garçons avec lesquels elle avait grandi. Premièrement, ce n'était pas un Royal. Deuxièmement, il ne participait pas à des activités royales, telles que le polo sur Pégase et les cérémonies de couronnement. Troisièmement, son destin était de voler la royauté, comme son père l'avait fait avant lui. Quatrièmement, tout chez lui, de ses bottes cloutées à sa musique en passant par son bouc, était rebelle.

     C'était, dans tous les sens du terme, le bad boy du campus. Et, selon l'humble avis de Holly, il essayait beaucoup trop abondamment de maintenir cette réputation.

     Ils se regardèrent l'un et l'autre. Alors que son froncement de sourcils s'accentuait, Sparrow commença enfin à reculer, mais son bracelet en cuir se retrouva emmêlé dans les cheveux d'Holly. "Ne tire pas," lui dit-elle. "Laisse moi faire." Elle était experte en démêlage. La plupart de ses journées incluaient toute sortes d'incidents capillaires - quelqu'un trébuchant sur ses tresses, ou s'asseyant dessus, ou étant momentanément aveuglé par eux à cause d'une rafale de vent. Les jours venteux étaient les jours que Holly aimait le moins parce que les feuilles restaient coincées dans ses boucles et il fallait une éternité pour les retirer.

     "Cela ferait une chanson géniale," songea Sparrow en regardant son démêlage. Puis il commença à chanter: "GIRL! Tes cheveux sont partout sur ma FACE! Pourquoi prennent-ils autant de PLACE?"

     "Excuse-moi?" Holly allait faire remarquer à Sparrow que ses cheveux étaient "partout sur son visage" parce qu'elle venait de le sauver de sa chute dans les escaliers. Puis elle se ravisa. Elle prit une profonde inspiration et redressa son diadème. Elle ne se sentait pas en colère contre Sparrow. Comment pourrait-elle? Après un incroyable appel téléphonique de Mme Broomswood, rien ne pouvait assombrir son humeur. D'ailleurs, Sparrow était probablement juste embarrassé d'avoir trébucher devant elle. "Je crois que Clipper s'est peut-être mit en travers de ton chemin et c'est pour ça que tu as trébuché. Je suis désolée pour ça!"

     "Ouais, c'est définitivement ce qui s'est passé. Tu devrais le garder en laisse."

     "J'ai essayé, mais il les ronge toujours. D'ailleurs, cela va à l'encontre de sa nature d'être en laisse."

     Sparrow haussa les épaules. "Je suppose que nous, les félins, devons nous balader en étant libres." Il saisit sa guitare par-dessus son épaule, qui avait été suspendue contre son dos, et joua un accord. "LIBRES!" Il chantait faux. "Hey, qu'est-ce qu'tu vas faire quand il se transformera en un lion adulte?"

     "Oh, ça n'arrivera jamais. Clipper est sous un charme qui fait qu'il sera toujours un petit lion." Elle sourit poliment. "Bon, ben, j'ai besoin de..." Elle essaya de contourner Sparrow, mais l'espace était trop restreint.

     "Hey, tu devrais absolument écouter ma nouvelle chanson. Je vais la chanter lors de mon prochain concert." Sparrow avait un groupe de rock indépendant appelé Sparrow et les Merry Men. Ils faisaient des petits concerts occasionnel par ici et là, mais ce serait leur premier grand concert. Jusqu'à présent, les ventes de billets étaient modérées. La musique de Sparrow n'était pas la musique préférée de tout le monde. En fait, ce n'était la musique favorite de personne, autant que Holly pouvait le dire, mais le concert avait une levée de fonds, alors acheter des billets signifiait soutenir une bonne cause.

     "Je n'ai vraiment pas le temps. Je suis déjà en retard pour mon rendez-vous," commença à expliquer Holly, mais Sparrow joua quelques accords perçants. Ils se répercutèrent dans l'escalier. "GIRL!" il chanta. "Tu as bouleversé mon monde de conte de fées!" D'autres d'accords. "Mon cerveau en est complètement retourné!" L'écho était trop fort. Les dents de Holly commencèrent à vibrer. "Tu..." Il arrêta de chanter. "J'essaie toujours de travailler sur mes rimes."

     "Euh, c'était vraiment..." Beaucoup d'adjectifs lui passèrent par la tête - perçant, rauque, désagréable. "Intéressant, c'était vraiment intéressant", dit-elle finalement. Sparrow fit un clin d'œil. "Quoi qu'il en soit, c'était bien de bavarder avec toi mais je suis en retard." Holly en savait assez sur Sparrow pour savoir qu'il pourrait rester là toute la journée, à chanter, si elle le laissait faire. Il vivait et respirait sa musique. Une telle passion était admirable, mais son style de musique n'était pas exactement sa tasse de thé. Elle était plus traditionnelle dans ses goûts. Une ballade romantique, accentuée par un luth et une mandoline, était toujours attachant. "Si tu veux bien m'excuser," dit-elle poliment "J'ai un rendez-vous avec ma sœur."

     "Hey, coïncidence totale. Ta sœur vient juste de me couper les cheveux. Qu'est-ce que tu en penses?" Il prit la pose comme pour un shooting de mode. "Je trouve ça rock." Il avait clairement cherché à avoir ce look "je viens juste de me réveiller et je m'en fous". Poppy avait ajouté du produit à ses cheveux pour les rendre encore plus désordonnés.

     "C'est très bien," déclara Holly. "Mais j'ai vraiment besoin d'y aller. Je ne veux pas que ma sœur m'attende."

     "Bien sûr, merci." Sparrow plaqua son dos contre le mur de pierre, sa guitare levée au-dessus de sa tête, et elle passa devant lui. Mais après seulement quelques pas, il l'appela, "A plus tard, Holly O'Hair."

     La façon dont il avait dit son nom, avec un petit son, l'intrigua. Est-ce qu'il l'aimait? Non, c'est stupide, se dit-elle. Sparrow était un compositeur et un chanteur. Tout ce qu'il disait avait une sonorité. Elle se retourna. Pourquoi est-ce qu'il lui souriait de cette façon bizarre?

     "Classe," lui dit-elle.

     "Hein?"

     "Classe rime avec face, et place."

     "Oh, mec, c'est parfait." Il était toujours en train de sourire. Puis une sonnerie de guitare résonna. Il sortit un MirrorPhone de sa poche et lut l'écran. "C'est l'un des Merry Men. Je dois y aller. A plus, Princesse!" Il lui lança un autre clin d'œil, puis il dévala les escaliers.

     Oh non. Il n'était pas en train d'avoir le béguin pour elle, n'est-ce pas? Sparrow n'était pas sa tasse de thé, et elle ne voudrait pas blesser ses sentiments.

     Quand bien même, elle appréciait le côté artistique de Sparrow. Bien que ses mots s'inscrivent dans un rythme 4/4 et semblent être sur une seule chose, c'était un confrère écrivain, et c'était admirable. Il faut du courage pour écrire, mais il faut d'avantage de courage pour adresser ces mots au monde. Que ce soit une chanson ou un blog d'histoires, c'était angoissant d'attendre la réponse du public. Allaient-ils applaudir ou huer? Allaient-ils télécharger les chansons ou les ignorer? Allaient-ils mettre aux histoires des émoticônes souriants ou pas contents?

     Penseraient-ils que les histoires étaient assez bonnes pour un livre?

     Clipper l'attendait sur la dernière marche, la tête penchée comme s'il se demandait: "Qu'est-ce qui t'as pris autant de temps?"

     Elle s'agenouilla près de lui et lui tapota la tête. "Écoute, mon petit, sois sage là-dedans. Ce n'est pas une jungle pour sauter et grimper. C'est un salon, et il y a beaucoup de choses qui peuvent se renverser." Il flaira sa main. Puis il frappa ses cheveux. C'est alors qu'elle remarqua un petit objet en plastique qui s'était emmêlé dans l'une de ses mèches. C'était un médiator.

     C'était définitivement l'heure de se faire une nouvelle coupe!

     La meilleure personne pour gérer sa masse de cheveux était sa sœur jumelle, Poppy. Et Holly ne pouvait pas attendre une seconde de plus pour lui annoncer les nouvelles de la matinée.

     

    *   *   *

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    Traduction de l'anglais par luc-elementix


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  • Chapitre 1: Un Vent Magique
    *  *  *

     La vue depuis la proue du navire était à couper le souffle. A l'est et à l'ouest, une mer turquoise et calme s'étendait à l'horizon, la parfaite platitude interrompue seulement par le plongeon des mouettes et la danse des marsouins. Mais au sud, là où se dirigeait le navire, la mer rencontrait une étendue de falaises blanches irrégulières. De grands arbres poussaient au sommet des falaises, formant une dense forêt. Et s'élevant au-dessus de la forêt, comme si elles essayaient de toucher le ciel couvert de nuages, se trouvaient les tours à tourelles d'Ever After High.

     Pour les étudiants qui arrivaient en bateau, ce premier aperçu de l'école était un signe de bienvenue. Savoir que le voyage en mer était sur le point de se terminer était un soulagement pour beaucoup. Et de savoir qu'une nouvelle année était sur le point de commencer, dans l'école la plus prestigieuse de tous les pays de conte de fées, apportait des frissons d'excitation. Mais ce jour-là, la fille qui se tenait à l'avant du bateau ne ressentait ni soulagement ni excitation.

     Meeshell agrippa la rambarde si fort que ses doigts devinrent blancs. Elle retint son souffle si longtemps qu'elle en devint presque bleue. C'était là. Son école. Son futur.

     Son histoire.

     Comme beaucoup avant elle, Meeshell venait d'un royaume lointain. Mais le sien était un pays que la plupart n'avaient jamais vu et qu'elle ne reverrait jamais. Il était profondément enveloppé de mystère. Un lieu de fable. Un endroit presque impossible à atteindre, à moins d'avoir les attributs physiques corrects.

     Son monde pourrait sembler si étrange à ses camarades étudiants qu'elle aurait tout aussi bien pu venir de la lune.

     Elle ne venait pas de la lune cependant.

     Elle expira, puis déplaça son poids sur ses jambes. Elle se tenait de manière si raide que ses genoux avaient commencé à lui faire mal. Des genoux, pensa-t-elle. Tellement bizarres, ces choses noueuses. Est-ce que je m'y habituerai? Elle tendit la main et leur donna une bonne friction, puis elle se reconcentra sur les tourelles lointaines.

     "Il n'y a pas de meilleure éducation que celle que tu recevras à Ever After High," lui avait assuré son père.

     "Tu apprendras beaucoup plus que ce que nous pourrions jamais t'apprendre," lui avait dit sa mère.

     "Tu t'en sortiras bien!"

     "Tout ira bien!"

     "Tu seras à ta place."

     Ever After High était l'alma mater de son père, alors c'était logique qu'il soit très enthousiaste à l'idée que sa fille fréquente la même école. Et sa mère voulait le meilleur pour ses enfants, alors elle était excitée elle aussi. Mais le cœur de Meeshell avait du mal à quitter sa famille et ses amis derrière elle. Et des doutes se bouleversaient. Et si elle n'arrivait pas à trouver un moyen de s'adapter à ce nouveau monde? Et si elle ne comprenait pas leurs étranges traditions? Et si elle sortait du lot, comme un crabe dans un lit d'étoiles de mer?

     Alors que le navire glissait gracieusement sur l'eau, Meeshell ferma ses yeux et leva son visage vers la brise fraîche. Elle aimait cette sensation quand elle chatouillait ses longs cheveux roses. La brise était trop douce pour gonfler les voiles du navire, mais elle avait remédié à ce petit problème. Utilisant sa magie, elle avait créé une petite vague et l'avait dirigée vers la poupe du bateau. La vague ne s'était jamais brisée; au contraire, elle continuait à les pousser tout du long. Le capitaine du navire avait été reconnaissant pour son aide. Le narval qu'il utilisait habituellement pour tirer le navire par temps calme et sans vent était en vacances.

     "Mademoiselle?" La voix d'un homme interrompit le silence. Les yeux de Meeshell s'ouvrirent. Le capitaine Greenbeard se tenait à côté d'elle. "Voulez-vous qu'un membre de l'équipage vous apporte votre manteau? Vous allez attraper froid ici."

     Elle secoua la tête. L'air froid ne la dérangeait pas, comme certains. De plus, elle ne possédait pas de manteau. Ils n'avaient pas de manteaux là d'où elle venait. Il avait déjà été difficile de trouver une robe. Heureusement, sa mère avait une vaste collection d'objets qui étaient tombés des navires, ou qui avaient été dérobés sur les plages par les vagues. Ces objets incluaient la robe jaune simple qui tombait jusqu'aux chevilles de Meeshell, le ruban blanc attaché autour de sa taille, et le sac qui contenait maintenant ses quelques biens précieux.

     "Vous êtes certainement une personne calme." Le capitaine appuya ses coudes sur la balustrade et regarda droit devant lui, vers les falaises blanches. C'était un homme robuste, avec des rides profondes autour des yeux et de la bouche. Il avait été gentil avec elle pendant le voyage, tout comme le reste de l'équipage. "J'ai du mal à croire que vous n'ayez jamais été sur un vaisseau auparavant. Jamais?"

     Elle secoua la tête à nouveau.

     "Eh bien, vous avez géré la météo d'hier avec la mer agitée comme un vrai matelot. Votre visage n'a pas viré au vert et vous n'êtes pas tombée malade. Les marins d'eau douce mettent des semaines à avoir le pied marin."

     Le pied marin? Elle ne comprenait pas ce que cela voulait dire. Elle avait reçu ses jambes il y a trois jours et elles étaient supposées lui servir sur la terre ferme. Y avait-il des pieds spéciaux pour la mer?

     Le capitaine jeta un coup d'œil à une ecchymose violacée qui brillait sur l'avant-bras de Meeshell. "Tout ce que vous avez fait c'est trébucher, vous cogner contre les choses, ce qui est normal. Les vagues de l'océan peuvent être aussi imprévisibles que les humeurs de Poséidon."

     Le capitaine avait raison. Elle avait sans doute du mal à marcher gracieusement. Puisque elle était coincée sur un bateau depuis qu'elle avait les jambes, elle avait eu peu de chance d'apprendre à les utiliser, à part marcher de long en large sur le pont ou monter et descendre les échelles. Les bleus physiques disparaîtraient. Mais qu'en était-il des bleus à sa confiance? Seul le temps le dirait.

     Bien que seulement trois jours se soient écoulés, le voyage depuis son royaume lui avait semblé durer une éternité. Trop timide pour parler à l'équipe, et trop distraite pour se concentrer sur un bon livre, Meeshell avait essayé de faire passer les heures plus vite en regardant les créatures de la mer. Mais hélas, peu importe le nombre de dauphins ou de phoques qu'elle repérait, le temps bougeait aussi lentement qu'une limace de mer. Heureusement, sa mère lui avait préparé ses aliments préférés. "Il te faudra un certain temps pour t'habituer à ce qu'ils mangent sur la terre ferme," avait-elle dit à Meeshell. Ainsi, tandis que le reste de l'équipe mangeait du hareng fumé salé et des biscuits secs à la farine de maïs, Meeshell mangeait des salades d'algues de mer.

     "Jamais vu ce genre de nourriture auparavant," avait commenté le cuisinier avec un haussement d'épaules. C'était un troll, avec de grandes oreilles et un nez assorti. "Vous devriez essayer ma soupe de poisson." Il poussa un bol sous le nez de Meshell. Elle grimaça à la vue des queues de poisson et des nageoires flottant dans le ragoût crémeux.

     "Non, merci," lui avait-elle dit poliment. Sa voix était plus silencieuse qu'elle ne l'avait prévu.

      "Qu'est-ce que vous dîtes?" avait-il demandé.

     Elle s'était éclaircit la gorge. "Non, merci." C'était très difficile de sortir les mots, pas seulement à cause de sa timidité, mais parce que sa voix était différente. Peu importe à quel point elle appuyait sur les mots, ils ne sortaient pas. Avec un peu de chance ce n'était qu'un trouble temporaire et sa voix redeviendrait normale avant le début des cours.

     "Elle a dit non, merci," avait adressé l'un des membres de l'équipage au cuisinier.

     "Pas de soupe de poisson, mais mon ragoût est célèbre."

     "Célèbre pour ses effets secondaires," avait déclaré un autre membre d'équipage avec un ricanement.

     Le cuisinier avait congédié Meeshell d'un revers de la main. "Comme vous voudrez." Puis il s'était gratté le postérieur avec sa cuillère en bois.

     Meeshell avait mangé la fin de sa salade le matin même, et elle avait craint de devoir manger de la nourriture du cuisinier. Mais maintenant, avec Ever After High en vue, il n'y aurait aucune raison de risquer des maux d'estomac. Le poisson n'était pas sur son menu. Jamais!

     Les falaises blanches et les tours de pierre se rapprochaient. "Terre en vue!" brailla le Capitaine Greenbeard. De l'agitation apparut sur le pont. Les membres d'équipage sortirent de la cantine, essuyant les miettes de leurs barbes, leurs tresses et leurs chemises. Le Capitaine Greenbeard prit sa place à côté du gouvernail du navire. Quelques bateaux plus petits étaient amarrés à un quai qui s'avançait depuis une plage blanche. Le sable étincelait, comme s'il était fait de poudre scintillante. 

     "Larguez la grande voile!" ordonna le capitaine. Une grande corde fut détachée et la voile ondulante, avec son emblème de narval, s'effondra sur le pont. Sans vent, il devait y avoir une sorte de magie qui avait maintenu la voile en l'air. La vague magique que Meeshell avait invoquée n'était plus nécessaire, alors elle la fit disparaître.

     Le Capitaine Greenbeard agrippa le gouvernail tandis que le vaisseau glissait vers le quai. "Tous à vos postes! Préparez les filins!"

     Meeshell s'écarta pendant qu'un membre d'équipage attrapait un nœud coulant. Pendant que le navire s'approchait du quai, trois membres d'équipage sautèrent sur les planches rabotées, les cordes à la main, puis immobilisèrent le navire.

     Un panneau se trouvait au bout du quai:

     Meeshell prit une longue inspiration. Elle était arrivée.

     Un voyage s'était terminé, mais un autre était sur le point de commencer.

     

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    Chapitre 2: Les Plus Beaux Pieds
    *  *  *

     La passerelle était abaissée. Le Capitaine Greenbeard ramassa le sac de Meeshell, puis, d'un geste de la main, déclara: "Après vous, mademoiselle."

     L'équipage se tenait au garde-à-vous, attendant que leur seul passager débarque. Tous les yeux étaient posés sur Meeshell. Suspectaient-ils sa véritable identité? Si oui, attendaient-ils de voir si elle pouvait traverser cette planche de bois, ou si elle trébucherait et tomberait à l'eau? Ce serait une sacrée scène, et elle voulait l'éviter ça!

     "Merci pour la traversée," dit-elle à l'équipage, essayant d'être entendue par-dessus les cris des mouettes, qui descendaient en piqué sur le pont pour chaparder toutes les miettes qu'elles pouvaient trouver. Meeshell fit quelques pas en avant. Puis, lentement, elle descendit la planche en se rappelant de mettre un pied devant l'autre. Elle ne détachait pas ses yeux de ses nouveaux pieds. Le capitaine marchait derrière elle.

     "Vous êtes instable parce que vous avez été en mer," lui dit-il. "Vous vous réhabituerez à la terre ferme en un rien de temps." Elle était heureuse de savoir qu'il ne soupçonnait toujours pas la véritable raison pour laquelle elle était instable, et elle espérait évidemment qu'elle s'habituerait rapidement à la terre ferme.

     En atteignant le quai, elle soupira de soulagement. Le quai était solide et stable, sans aucun mouvement des vagues. Elle pressa ses orteils contre le bois et trouva son équilibre. Puis le capitaine brailla, "Bonjour!"

     Un monsieur marchait sur le quai. Il semblait être un bonhomme pimpant, vêtu d'un costume noir, d'un gilet rayé et d'une cravate. Ses épais cheveux gris et sa moustache étaient ornés de mèches blanches. Un lourd porte-clés pendait à sa ceinture. Lorsqu'il l'atteignit, il tendit son bras. "Vous devez être Mademoiselle... Mademoiselle..." Il hésita. "Mademoiselle Meeshell." Elle hocha la tête et lui serra la main. "Je suis le Directeur Grimm. Bienvenue à Ever After High. J'espère que votre voyage s'est déroulé sans incident."

     Sans incident? Elle n'aurait pas choisi ce mot pour décrire ce qu'elle avait traversé au cours des trois derniers jours. N'ayant jamais quitté la maison auparavant, n'ayant jamais voyagé seule, le voyage avait été le plus grand événement de sa vie! Le directeur dût remarquer sa confusion à son commentaire car il ajouta, "Pas d'événement majeur. Tempêtes, naufrages, attaques de calmar géant, ce genre de choses. En d'autres termes, vous semblez être en un seul morceau."

     Elle hocha de nouveau la tête.

     "Nous avons eu un peu de mauvais temps, mais la petite demoiselle s'en est bien sortie," déclara le Capitaine Greenbeard.

     "Cela ne me surprend pas." Le directeur lança à Meeshell un regard entendu. Puis il regarda autour de lui. "Avez-vous des bagages?" Il baissa les yeux vers ses pieds. Ses orteils nus dépassaient de l'ourlet de la robe. "Une paire de chaussures, peut-être?"

     "Elle voyage léger. Juste elle et ce sac." Le capitaine le tendit au directeur. "Elle est très calme. Seulement une phrase ici ou là, pendant tout le voyage."

     Le Directeur Grimm sortit une petite bourse de velours de la poche de son gilet et la tendit au capitaine. "Merci pour vos services," déclara-t-il.

     "Oui, merci," dit Meeshell, souriant timidement.

     "Je vous en prie." Il enleva son bonnet bleu et s'inclina comme un gentleman.

     "Au revoir!" fit l'équipage. Meeshell les salua. Le Capitaine Greenbeard retourna sur son navire et ordonna à son équipage de se mettre en route. La passerelle fut retirée. Meeshell se demanda si elle devait utiliser à nouveau sa magie et leur donner un coup de pouce amicale, mais une tête grise avec une longue corne tordue surgit de l'eau, à côté du bateau. Le narval du capitaine était de retour.

     "Suivez-moi," dit le directeur.

     Alors que le narval tirait le navire du port, Meeshell suivit le directeur sur le quai. Les planches n'étaient pas régulièrement espacées et certaines étaient plus épaisses que d'autres. Elle grimaça lorsqu'une douleur aiguë perça le gros orteil de son nouveau pied gauche. "Aie."

     Le directeur lui prit le bras et la conduisit à une bûche. Elle s'assit. Elle tendit son pied. Son orteil palpitait de douleur. "Une écharde," l'informa-t-il en secouant la tête. "Répondre aux besoins médicaux des étudiants n'est pas mon devoir habituel." Il prit un petit appareil dans la poche de son gilet. Même s'ils n'utilisaient pas de tels appareils dans son royaume, elle savait tout sur les téléphones. Il tapota sur l'écran. "J'ai appelé une fée infirmière." Puis il fronça les sourcils de désapprobation. "Pourquoi ne portez-vous pas les vêtements corrects pour vos pieds?"

     Meeshell déglutit. Elle n'avait pas eu le temps de prendre des chaussures avant de partir. La décision de l'envoyer à l'école était arrivée si rapidement. Sa mère avait passé des commandes de vêtements, mais ils n'étaient pas arrivés avant son départ, alors les colis lui seraient donc livrés à l'école. Elle considéra son pied. "Je..." Comment pouvait-elle savoir que les pieds étaient si délicats? Elle n'en avait jamais eu auparavant.

     Dans un éclat de lumière bleue, une minuscule créature ailée apparut devant elle. Elle tourna autour de sa tête, puis se percha sur son pied. Oh bernacles, qu'est-ce que ça chatouillait! Meeshell serra les dents et se tint aussi immobile que possible. La fée scruta son gros orteil. Puis elle toucha l'écharde avec une baguette et, voilà, la douleur avait disparu. Dans un autre éclat de lumière, la fée disparut avant que Meeshell ait eu le temps de lui dire merci.

     "Vous vous sentez mieux?" demanda le directeur.

     Meeshell acquiesça. La douleur avait disparu et il n'y avait même pas de marque rouge là où se trouvait l'écharde.

     "Nos fées infirmières font un très bon travail," lui dit-il. "Espérons que vous n'aurez plus à les appeler à nouveau." Puis il reprit leur marche.

     Elle suivit le directeur de l'autre côté de la plage et remonta une piste de sable. Il marchait à grands pas et ne trébuchait ou ne vacillait pas comme elle. "Pensez-vous qu'il y a quelque chose qui ne va pas avec mes jambes?" demanda Meeshell.

     Il tourna son long nez vers elle. "Je vous demande pardon mais j'ai du mal à vous entendre." Les mouettes ne criaient plus, et les vagues clapotaient doucement au loin, il n'y avait donc pas grand chose pour rivaliser avec la voix de Meeshell.

     "Je suis désolée." Elle mit la main sur sa gorge. "Je n'arrive pas à parler très fort, c'est... étrange."

     Il leva un sourcil. "Effectivement."

     Elle s'éclaircit la gorge et essaya à nouveau. "Pensez-vous qu'il y a quelque chose qui ne va pas avec mes jambes?"

     "Comment ça?"

     "Elles semblent si instables, peut-être que je n'ai pas eu les bonnes jambes."

     "Je suis sûr que la Sorcière des Mers vous a donné des jambes parfaitement adéquates. Elle n'a aucune raison de faire autrement. Elle veut que vous réussissiez ici."

     Le directeur possédait une voix autoritaire qui était rassurante avec sa confidence, mais aussi un peu effrayante par son autorité. C'était l'homme qui avait fait venir Meeshell à Ever After High. Il avait envoyé une lettre à ses parents insistant pour qu'elle se présente. Et il avait convaincu la Sorcière des Mers de l'aider en lui donnant une paire de jambes.

     Elle regarda ces jambes cachées sous la longue robe jaune. Il n'y avait aucune raison de suspecter qu'elles étaient défectueuses ou mal formées. Comme l'avait souligné le directeur, c'était dans le plus grand intérêt pour la Sorcière des Mers que Meeshell et ses nouvelles jambes réussissent à Ever After High.

     Car Meeshell avait quelque chose que la Sorcière des Mers voulait.

     

    *   *   *

    Découvrez la suite en lisant le roman "Fairy Tail Ending"!

    Traduction de l'anglais par luc-elementix


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